à l’horizon de mes sens il y a
une peau d’où je viens et que je suis
une tiédeur juste qui ne se justifie pas
un trafic d’influences entrant et sortant
à l’horizon de mes amours il y a
une joie irrationnelle venue d’ailleurs
une explosion de moi comme un cri revenu en écho
une porte entr’ouverte sur l’ultime transcendance
à l’horizon de mes dépendances il y a
une peur gravée au granit de ma mémoire
une couleur d’abandon pour babioles de quat’sous
un rendez-vous avec la mort dont j’aurais oublié l’heure
à l’horizon de mes gestes il y a
une violence tapie dans l’ombre et qui m’en veut
un désir de bien faire au parfum d’enfance
une précaution d’officiant à la messe cosmique
à l’horizon de mes horizons il y a
la mer infinie de ce qu’il y a à contempler, et
au-delà du tore où toutes choses s’enlacent et se réconcilient,
noire, lumineuse et vide, la source de ce qui vient et de ce qui s’en va