Sans être totalement un dévot
Un cul-bénit qui bourdonnerait faux,
Même si je ne suis pas l'héritier
De cette tradition de bénitier,
Je récite pourtant un pâtenotre
Et pose fréquemment en bon apôtre
Quand j'entends crier tout autour de moi
« Quel est l'idiot qui a encor la foi ? »
Car de nos jours se réclamer de Dieu
Appartient aux crimes des plus odieux.
C'est être archaïque et même attardé
Que de ne croire en l'incrédulité.
L'intégrisme a retourné sa soutane
Aussitôt que l'Antéchrist la condamne.
N'ayant jamais, peut-être à mon insu,
Pensé que l'homme détient le dessus.
Madame peut occuper à mes yeux
La même place que tout un monsieur.
Dans notre monde souvent phallocrate
Je trouve la fatalité ingrate
Lorsque pour un même devoir fourni
Son loyer est deux fois plus démuni.
Mais dès lors que j'aperçois défiler
Des seins nus qui cherchent à m'engueuler
Puisque « je suis homme et crois tout savoir
Misogyne à souhait, suppôt du pouvoir ».
Je m'asseois un peu et fait catéchisme
A ces sinoques d'un cours de machisme.
J'avais, enfant d'un pays campagnard,
Grandi parmi tant de troupeaux mignards
Que je m'étais promis depuis un bail
De n'avaler un morceau de bétail.
Allant chercher comme était de coutume
Un plat, pour tout potage, de légumes
Que cuisinait mon artisan boucher
Sur le champ, je me suis fait caillasser.
Quelques farfelus me montrant du doigt
Crièrent que je n'avais pas le droit
De tuer ainsi, de génocider
Des bêtes qui n'avaient rien demandé.
Face aux jets de pierres de ces prophètes
Je dis au boucher « Deux belles bavettes ».