Frappée de la maladie d’Alzheimer, ma mère se trouve « placée » en « Maison de retraite ». Un matin, elle ressent le besoin irrépressible de dire à quelqu’un quelque chose qui lui semble important. Elle interpelle une personne de l’encadrement qui, en apparence, est disponible. Cette personne lui répond qu’elle « n’a pas le temps ».
L’après-midi, saisie de remords, cette personne s’approche de ma mère et lui dit qu’elle est à son écoute. Ma mère lui répond, alors, qu’elle a oublié ce qu’elle voulait dire le matin même.
Ma mère ne retrouvera jamais cette phrase qu’elle avait eu à cœur de dire à quelqu’un, ce matin-là.
Il n’y a pas de temps plus important, plus essentiel, plus sacré, que celui que l’on consacre à écouter autrui, à le lire, à lui répondre, – tant que bat la vie éphémère. Pour l'éternité, il aura manqué à ma mère, ce matin-là, quelques minutes d'écoute et de compassion.
26/10/18
L'automne (25/10/18). Tous droits réservés