Inattendus
les premiers flocons pâlissent
les chatoiements automnaux
du puissant relief ardéchois
très vite la nuit polira
les hautes murailles de ce château
qui a l'après-midi durant
aiguisé mes songes imprudents
bientôt la nuit régnera
me rejoindra là
assis dans les herbes abreuvées
mes yeux se précipitant en contrebas
sur le piton aride et sa tour massive
déjà mon souffle réapparaît
roule sur les contreforts
porteur de secrets messages
dans mon dos
le bruissement d'un pas
ta main qui frôle mon épaule
un goulot entre mes doigts
du génépi
les silences sont des liens
empalés à leur puissance
nous sombrons dans nos absences
avec nonchalence
la neige recouvre le paisible arlequin des bois
convié
le passé nous rejoint
hélas
des créneaux nul appel ne point
dis-moi compagnon
frère en innocence
vois-tu l'obscurité qui s'élance
vois-tu la fête qui commence
dis-moi compagnon
frère en vigilance
crois-tu comme tant d'autres
que nous patientons pour rien
en cette nuit de Samain
où les loups croisent les chiens
où les fous parlent de bien
où les mots retrouvent leurs chemins
crois-tu que nulle inspiration
ne comblera les ravins
crois-tu que nous veillerons en vain?
jim