Désespéré, dit la légende,
Le chemin nous mène au ravin
Mais faudrait-il à tour de jambes
Tenter d'y échapper en vain ?
Si le feu! Néant nous harcèle
N'en faisons pas notre geôlier
Mais courons d'un œil étincelle
Sur le chemin des écoliers
Pourquoi ne plus aimer nos femmes,
Notre vin et notre maison
Pour raison qu'on nous prendra l'âme
Quand l'hiver sera de saison ?
Il est vrai que la neige tombe
Quand vient l'heure du batelier
Gardons les pieds hors de la tombe
Sur le chemin des écoliers
Vieillissons dès qu'on est en route
Et mourons quand il est trop tard
Mais jamais le cœur en déroute
Sous le sifflet d'un faux départ
Quitte à poursuivre sur les causses
Un brave troupeau de béliers
Autant rigoler comme un gosse
Sur le chemin des écoliers
Buvons à notre mort certaine
Trinquons avec les matelots
Ceux-là savent qu'à la fontaine
Mieux vaut du vin que coule l'eau
Ils chantent sur la mer d'Irlande
Quand s'engloutissent leurs voiliers
Ne remettons pas aux calendes
Le doux chemin des écoliers
Quand atteint d'une mort chronique
On se dispersera aux vents
La terre n'aura comme relique
Que tous nos sentiers de vivants
Ces sentiers où les cœurs se pressent
Où l'on courre un peu cavalier
Vers une mort emmerderesse
Sur le chemin des écoliers