Aujourd'hui, j'ai huit ans.
Ma sérénité pacifique
Se confronte aux étangs
Tumultueux et électriques
Du monde moderne.
Non ! Aujourd'hui j'ai treize ans,
Et les supplices de la vie sociale
Sont déjà beaucoup trop grands
Désespérants, cadavériques, pâles
Catastrophiquement ternes.
Mais voilà que ma dix-septième année arrive,
Et des larmes, et quelques disputes, et de nombreux poèmes,
Sont mes consolations devant la flamme vive
De toutes splendeurs et aigreurs d'un amour de bohème,
D'un amour étranger à la simplicité.
Mais malheur, j'ai trop d'années de passées et aucune à refaire !
Prendrais-je un jour le temps de tout apprécier sans mélancolies qui reviennent ?
Passé par maintes peines, me voilà si vieilli de misères !
Me reste-t-il encore du temps pour agrandir cette joie qui m’emmène ?
Je voudrais bien me rendre ingénu, et approcher la douce félicité !
Bientôt j'aurai trente ans
Et mes petits espoirs familiaux
S’enliseront devant
L'âpre continuation du flot
Fade du temps.
Mais déjà j'en aurai cinquante !
Déprimé, détestable, ignorant, suicidaire,
Je cracherai la déferlante
D'amertume qui a grandi dans mon désert
Le désertique désert des tourments,
Avant, qu'enfin, les années ne se comptant plus,
J'observe toutes les reliques d'avant parmi ma calme pensée
Je ressente l'ivresse du moment, tendu
Par ma conscience qui, s'y reposant, redouble de sérénité
Par ma malice, le vestige de mon âge de vieillard.
Enfin, voilà que je devrai partir.
Les plaisirs se firent si peu !
Mais ne furent-ils pas assez joyeux
Pour excuser tant de délires ?