Que fais-tu, petite aux lourds sabots ?
J'étais posée là
Derrière une étiquette.
D'autres, autour de moi,
Leur tronc dessous leur tête,
Arrangeaient leur nid
Comme après un voyage.
Un livre pour bagage
Ouvrant l'infini
De l'esprit
Décorait les allées.
Les visiteurs dans les rangées
S'éloignaient des quais, pour de bon
Loin des vagabonds
Aux étranges façons
Que fais-tu, petite
Aux lourds sabots
Dans cette armada de bateaux
Qui crépite ?
Les vents continentaux
Entraînent ailleurs les oiseaux
Mais toi qui es dépourvue d'ailes,
De grand' voiles sensationnelles,
Tu ressembles au ver de terre
Sur la fourche de Déméter.
Les regards chargés
D'une infinie tristesse
Ont sondé le gué
D'une pauvre caresse
Peut-être l'ennui,
La fragilité, ou la crainte
En perdant appui
D'une raison contrainte,
Ont-ils, à jamais,
Perdu leur secret.
Que fais-tu, petite
Aux lourds sabots
Dans cette armada de bateaux
Qui crépite ?
Les courants généraux
Te traversent de bas en haut
Mais toi qui es dépourvue d'ailes,
De grand' voiles sensationnelles,
Tu souris d'un rayon du ciel
D'un signe partiel
Tout chaud.
Que fais-tu, petite
Aux lourds sabots
Quand s'échappent les étourneaux ?
Muse à musique, volume III
ISBN 9782919390335-DLE 2016-44263