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[Hubert-Albert Clos Lus]

Je reviendrai vous voir. Je serai des millions.
Vraies paroles de gloire avant de trépasser
Et mots prėmonitoires pour l'éternité
Du plus grand chef inca qu'on ait vu par les monts

Et les vaux du Pérou et jusques en Floride.
Avant de devenir le grand Libérateur
Tu as fait cette chose absolument vitale:
TU RETROUVAS LE SENS. Tu ressentis le vide
Au coeur de l'espagnol, ta langue de malheur
Ce croassement qui pour toi était fatal.
Tu revins au quechua, soleil de ton âme,
Tu retrouvas de tes Anciens la vive flamme.
Sans ce revirement linguistique et mental
Tu serais demeuré de l' Espagne féal.
 
Né pauvre, tu devins un grand marquis d'Espagne
Quand, chez toi, les gens portaient encore le pagne.
Contraste saisissant ! Tu possédais des terres
Là où l'Inca d'antan imposait le partage
Pour fournir aux familles aliments ,fourrage.
L' Espagne avait tué par son esprit pervers
Tes parents en les changeant en propriétaires.
Comment as-tu su quatre langues, quel mystère !?
Et même le latin ! Tu fus l'Inca savant.
Fait capital, un moment de retournement,
TU RETROUVAS LE SENS, face à l'accablement
De corvées ou d'impôts, de travail dans les mines
Du peuple inca, pourtant autrefois si prospère.
Dans l'Histoire, jamais un tel revirement
Ne se produisit , du Nord à l'Argentine.
L'ex-empire, étonné, écouta l' Espagnol
Qui conspuait l' Espagne et parlait quechua
La langue du pays, sa vraie lingua franca.
Quoi, l'Espagne maudite, et ses taxes du diable?
D'un coup tous tes mots en redevinrent audibles
On se dit: mais, qui c'est ? peut-être un empereur..
Quand tu appelas à remonter une armée
Le peuple te suivit d'une seule foulée.
Mais à Madrid, ta manoeuvre, déjà contrée,
Fut très bien aperçue. il fallait te tuer.
Ton armée ridicule fut vite hachée.
Jamais tu ne pus vraiment attaquer Cuzco.
Tu finis torturé, mutilé et battu,
Mais suscitas l'admiration de tes bourreaux.
Même le bras cassé, toujours, tu t'es bien tu
Jamais ne révélas les autres conjurés.
L'Espagne,et son Eglise de fausse pitié,
Décida alors qu'il fallait écarteler
L'Inca Inkarri qui osait la défier.
Fait extraordinaire, même les chevaux
Ne purent te tirer pour déchirer ton corps
Tendu, ne rompant pas, tu étais l'Empereur !
L' Espagne de pitié, se décida alors
à te couper la tête, car c'était plus sûr.
Et ainsi, tu allas, mutilé, vers la Mort
Sereinement, O, toi, l'Inca entre les murs
De Cuzco la solaire, abri de tes ancêtres.
TU AVAIS RETROUVE LE VRAI SENS du verbe Etre.
Jamais on ne vit un perdant si grand gagnant.
Jamais on n'avait vu un tel retournement.
Car tu as tout gagné O Tupac Amaru !
L' Eglise des roués partout est en justice
Pacha Mama la Terre est devenue déesse
De l'écologie. On pense inca dans le monde.
Car tu es revenu. et tu es des millions.
De l'Espagne il ne reste rien de ses conquêtes.
Abd-el Krim t'a vengé sur douze mille têtes.
Tupac, tu avais cinq ou six cents ans d'avance
Mon regret: qu'un tel homme ne soit né en  France.

[Hattie]

http://monperou.fr/c...-a-tupac-amaru/

[Hattie]