Les mois passant je me vis, grâce à mon talent à mes compétences orales, reconnu à ma juste valeur.
En effet, lors de nos fréquents entretiens je ne montrai pas avare de ma salive.
Excellant dans mon domaine, mes talents se virent rapidement récompensés par une promotion ;en effet, je montai d'un échelon.
Ma patronne désormais s'installait sur sa table de réunion, tout en lisant son courrier, l'oeil grave et attentif, tandis qu'assis sur un confortable fauteuil, je me concentrais sur ma tâche, me consacrant à employer avec adresse et recherche toutes les subtilités de la langue et toutes ses applications possibles.
Voilà comment on acquiert et qu'on développe avec intelligence une expérience professionnelle et un savoir-faire.
J'étais devenu l'élément indispensable de son équipe et j'avoue que je n'en étais pas peu fier.
Certains patrons disent de leurs employés : « Untel est mes yeux », « Y est mon bras droit » ; quant à moi... bref.
Certains petits chefs se plaignent de leurs subordonnés, leur reprochant d'être paresseux ou d'avoir la langue bien pendue.
Pour ce qui est de mon cas, sans vouloir me vanter, je ne rechignai pas à la besogne, et jamais, au grand jamais, j'essuyai la deuxième critique.
Son besoin de ma personne était devenu tellement élevé, qu'à chaque fois qu'elle devait traiter un dossier complexe et épineux, elle exigeait ma présence. Elle se plongeait avec concentration dans l'étude de pages et de pages de documents ou dans une synthèse, l'air visiblement préoccupé. Moi, fidèle à mon poste, je la secondais avec zèle. Sans lever son oeil soucieux, le sourcil froncé, elle me lançait tout à coup :
« - Comment s'appelle-t-il déjà le type de la société Leckage, celui qui est venu l'autre fois... Vous savez ? »
Moi, levant mon nez de l'ouvrage :
« - Oui, tout à fait. Je vois très bien. Mais, zut, je ne me souviens plus... Ah, c'est trop bête, je l'ai sur le bout de la langue... »

Briller et reluire (2)
Débuté par le hamster, janv. 30 2008 12:12
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