Erratum lisboa
I
Manger mon plat d’heure, ne pas me reconnaître.
Je sais qui je suis,
Je sais qui je suis et ma bouche devrait être un calvaire mais l’alcool rend le corps plus souple, simple couverture pour l’esprit, une aiguille passé au fil d’une serrure vers un œil indiscret.
Le poing de la mer au fond de mon ventre, le sexe d’un homme venu s’y loger, m’envahir pour rendre mes orifices muets
.
Je rentre, passagers, écueils noctambules, serrures forcées
Le nouveau sang
Le nouveau sommeil.
En pure perte commencer, souffler, finir
Dormir aux bas des pages
Pour que jamais le déluge ne soient rassasiés
Pour que mes traces disparaissent du chemin
Naissance
Il happait goulûment l’obstacle que procure la lumière.
Le sommeil et l’envie de se couvrir de cicatrices.
Il me reste une chambre aveugle à côté de lui.
Je lui donne une caresse pour le soulager
Quand il Casse un a un ses membres.
Ses parents hument l’air de sa chambre et l’écoutent jouir discrètement.
II
Je sais que la jeune fille lèchent ses pleurs
Il est 5h, l’humidité ronge encore les lèvres de l’icône
Ils s’endorment, couple nu, crachant ses yeux depuis la fenêtre
Dans la moiteur
Dans la pesanteur des édifices.
Aux alentours la patience blanchit les murs des cages d’escaliers.
L’absence de sommeil à bifurquer sur les lignes de métro
Se rappeler le souffle chaud de ma naissance
Somnoler à ma place, sucer la lumière
Somnoler et me réveiller à distance
La chambre
Reconnaître les lieux de ma purge
Reconnaître ta gorge tranchée
Ne pas proférer un souffle
Me garantir mes livraisons de solitude et de vin rouge
Je me rêve à peine, au premier jour
A la première heure
L’épuisement coule depuis ma chambre
Il ne pleut plus dès aujourd’hui
Bénir le sang toujours neuf qui coule sous les azulejos
III
Distribuez les cartes à la journée
L’âme ancienne est morte
Elle remonte au fond de ma gorge
Elle me répugne.
Il reste le corps neuf et sonore
Je suis bien fait, j’ai un corps tout neuf
Fait de blanc, d’ossature, de sexes atrophiés.
Je rêve, je deviens !
C’est le monde qui devient une écriture toute sanglée.
Je veux revenir dans la matrice, dans les loisirs de l’éprouvette, j’ai du sommeil en retard, du « faire-être » à gagner …
Revenir à l’expérience, quand je n’étais qu’un projet, une image sur les murs des villes.
Ou les savants, les artistes m’avaient taillé une bouche en rose, une absence de sexe.
La faim
C’est la comédie des derniers jours, des premières heures
Je suis saoul, le ventre vide
Lisbonne me nourrira de ses pûtes et de ses arènes
J’avais faim encore de cette prostituée qui m’a soutiré ma pudeur
Elle trace des lignes pour ma nuit en fuite
*
Époussette la cendre sur mes vêtements
Je suis affamée, plus encore
Je descends dans la rue : un homme neuf, un autre visage en poche
J’allume ma centième cigarette
Le paquet ne coûte que 10 francs
IV
Je rêve dans la bulle d’une jeune fille en désordre
Par pitié, laissez-moi dormir
Jouir d’être ce calme blanc
La lumière tenait dans l’air
Je me roulais sous les jupes à renifler des culottes
Coucher ma mémoire dans l’entre cuisse d’un oracle vaginal
…
J’ai taille, fabriquer de la blessure
S’endormir seulement après l’hécatombe
Être le dernier à rêver
À fabriquer de la mémoire
La race, c’est moi, je suis multitudes
…
Quand elle se refusera, je serai plus monstrueux encore ou bien mon corps sera si grand qu’il mangera ses limites, devenue ciel, mer etc...
Ne me laisse pas sans marques, j’en serai jaloux
V
L’enfant est rentré dans le jardin sage, on voit une entaille provisoire sur ses lèvres, des murmures jaillir de son corps
Maintenant, à l’intérieur de juillet son lieu est immense
Sa gorge tranchée dit « paroles »
Vous ne verrez pas une ville dans ses yeux
Son sang est exempt de fatigues.
La disparition
Redescendu dans les lenteurs
A chaque heure la ville s’effondre et se reconstruit
Je sombre
Je suis neuf sans réponse à donner
Personne ne veut savoir d’où je viens
Je serai un mort tranquille ici