Ton eau contre ma peau me serre et me concentre,
j'aime l'humidité qui me serre le ventre.
Ta passion, tes torsions et tes égarements
font de nous deux en somme pour dire des amants.
Ton roulis qui me roule et me rentre souvent
en mon fort intérieur et me dit « en avant »,
c'est mon sang qui se glace dans tes roulis aimants
et me crée un espace qui me rend plus vivant.
Ton eau est une crème qui m'écrème et me rend
doux comme un chrysanthème qui demeure gisant
d'un humain éthéré mort de n'être vivant,
alors que toi et moi nous sommes deux enfants
qui placides et mourants rêvons d'une autre vie,
et qui à chaque houle nous crée une autre envie.
Car nos vagues s'écroulent comme nos destinées.
Sommes nous vifs ou morts ou bien seulement nés.
Ô mer, ma seule mère, tes bras autour de moi,
tes vagues syncopées faisant de moi le roi
d'un monde que l'humain n'a jamais découvert,
et que nous leur tairons comme au diable vauvert.
Notre union bien humide est comme une évidence.
Ma peau contre ton eau, ton eau qui nage et danse
contre ma peau flétrie par les ans et la vie
est comme une auréole de nos amours servies.
Fasse que l'avenir nous mélange à nouveau
et que de nos colères nous fassions des rouleaux
qui dompteront la vie et mettront des couleurs.
Demain nous leur dirons : vois qui vit et qui meurt.