Brouillard
L’horizon s’effiloche aux cimes de chaque arbre
Et la brume en lambeaux s’accroche aux frondaisons ;
Le ciel revêt sa chape aux zébrures de marbre
Et la lumière y meurt, oubliant les saisons.
Les lourds cieux cotonneux s’habillent d’ouate informe
D’où seuls dépassent, noirs, des branchages griffus.
Dans ce monde aveuglé, seul le son nous informe,
Mais parvient à l’oreille en murmures diffus.
De blafardes terreurs, en nos esprits, s’immiscent ;
L’imagination, sombre, nous joue des tours
Où chuinte l’irréel de feuilles qui gémissent.
Le jugement se perd en ces laineux détours.
La forêt ruisselante et fantasmagorique
Laisse entrevoir, parfois, un chêne ou un noyer,
Personnage trapu d’un songe chimérique.
Par-delà le bois gris nous attend le foyer.