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(Anthologie permanente) Philippe Denis, Chemins faisant


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Posté 08 mai 2019 - 09:16

<p> </p>
<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"> <a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...97b62200b-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="1554469927couverture-chemins-faisant_500" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e20240a4a97b62200b img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20240a4a97b62200b-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="1554469927couverture-chemins-faisant_500" /></a>Les éditions Le Bruit du temps publient <em>Chemins faisant</em> de Philippe Denis. Une sélection de poèmes des années 1974 à 2014 choisis par lâauteur. <br /><br /><br /><br />[NDLR : le premier texte a été choisi tout particulièrement en ces jours où lâon apprend la menace qui pèse sur plus dâun million dâespèces]<br /><br /><br /><strong><br /><br /><br />Nommer<br /></strong><br />À une certaine époque de ma vie, je me suis soucié, tout en arpentant les chemins de traverse, de la flore, dans le département du Tarn en particulier. N'avais-je pas dans ses terres d'un beau rouge d'où provient le brasier de la cathédrale d'Albi, n'avais-je pas loisir d'évaluer la diversité et la profusion des fleurs ! Mais celles qui m'arrêtaient, sans que cela signifiât un rejet pour les autres, étaient les orchidées,<br /><br />Elles abondaient. L'Orchis mâle de toute sa hauteur se signalait de très loin avec sa grappe tirant sur le violet et le pourpre ; le Sérapias rubis, dans les herbes rares, tirait une petite langue qui faisait songer à celle des poussins... puis, lâOrchis abeille déployait sur une courte hampe cinq ou six fleurs avides de confirmer le mimétisme flagrant qui existe d'un règne à l'autre.<br /><br />Quelques années plus tard, sur la même lancée, de l'autre côté de l'Atlantique, vers les lacs du Middle West, je découvris le Sabot-de-Vénus (<em>Lady' s slipper</em>).<br /><br />De rare qu'il était de ce côté-ci, là-bas il foisonnait dans les sous-bois auprès des chanterelles â louis d'or généreusement perdus par une fée. Il se mêlait à une autre fleur que je n'avais jamais vue dans nos contrées.<br /><br />Le nom de cette fleur â aujourd'hui oublié â je l'ai employé dans un petit texte : ... <em>sous un plafond orageux</em>, puis biffé parce que savant. Ces jours-ci, il me manque, sans que la fleur, dont je garde l'entier souvenir (une corolle à trois pétales blancs émergeant au ras d'une feuille à trois folioles d'un vert sombre, découpée), me manque précisément.<br /><br />Il est certain que je nâai aucune utilité du nom. La fleur fleurit, fleurira où je ne suis plus... mais le nom, lui, entre les pages dâun livre de botanique se dessèche...<br /><br />Ce nom qui ne résonnera peut-être plus à mes oreilles, en ses syllabes perdues mystérieusement, mâobsède. Quelque part la fleur nâest-elle pas définitivement froissée ? <br /><br />/<br /><br />(Hors<br /><br />comme lâherbe se penche dans lâherbe<br /><br />/ <br /><br />Puis il y a cette mort dans lâair, trouée comme un chemin de ronde, la docilité parfois de lâinverse...<br />                                                                                   où la route se fend, <br /><br />dévitrée comme une face<br /><br /><br />...la nuit<br />les maisons écrites, altérées<br />sur la route,                 blessées<br />                         jusquâau bleu dernier<br />qui me dévisage. <br /><br />/<br /><br />Tout est toujours là, comme si tout toujours tout avait<br />été <em>là</em>, à ce point de commencement obscur. <br /><br />Resté sourd, sur cette route, à la foudre â <br />Ai-je, aujourdâhui, la sévérité dâun nuage ? <br /><br /><br />Papillon un instant replié. Papillon qui presse<br />entre ses ailes le souvenir de la fraîcheur des<br />trèfles.<br />Comme lui je me souviens à lâaveuglette. <br /><br />/<br /><br />3 novembre<br /><br />Comme une vieille et honorable anglaise, tous les jours<br />en milieu dâaprès-midi, mon five oâclock â et le goût de<br />la mine de plomb, se tenue en bouche...<br /><br />« Dâune manière<em> inexplicable</em>, jâai encore quelques<br />souvenirs... »<br />Pasternak<br />Câest moi qui souligne. <br /><br /><br />...des tercets (le plus souvent) en lieu et place dâun affranchissement. Les aérogramme de Cid Corman. <br /><br />/ <br /><br />5 novembre<br /><br />...le poème est ce qui nâarrive pas. <br /><br />Au nord du sud<br />à lâest de lâouest â<br />câest un point en villégiature<br />un colimaçon qui musarde<br />sur lâespagnolette.<br /><br />...Liqueur plumeuse fluant<br /><br />                   Roch le Baillif<br /><br />/<br /><br />9 nov. <br /><br />Toi, le vaurien de cette phrase, à quel étal as-tu <br />chapardé son etc. ?<br /><br />Révolte<br />puis récolte. <br /><br /><em>Alla breve</em>. <br /><br /><em>Le faucheur accorde sa faux</em> (E.D. Jâidentifie â <br />dans les alpages quâil aimait â Anton Webern. <br /><br /><br />Philippe Denis, <em>Chemins faisant,</em> Poèmes 1974-2014, Préface de John E. Jackson, Le Bruit du temps, Collection poche n°3, 2019, 250 p., 8⬠(en librairie le 17 mai 2019), pp. 27, 72/73, 183, 267/269. <br /><br />Sur le site de lâéditeur : <br />Ce volume élégant et accessible à tous permettra enfin, après lâimportant dossier spécial qui lui a été récemment consacré par la revue <em>LâÉtrangère</em>, dâavoir à portée de main une sorte dâ« anthologie personnelle » des poèmes de Philippe Denis.<br />Le présent choix a en effet été établi par lâauteur, en collaboration avec John E. Jackson, longtemps professeur de littérature française à lâUniversité de Berne, qui fut parmi les premiers à saluer, dans la revue <em>Critique</em> dès 1976, « lâerrance lumineuse » du poète. Lâanthologie couvre, dans un ordre qui nâest pas strictement chronologique, quarante années dâécriture, depuis le premier recueil, <em>Cahier dâombres</em>, paru au Mercure de France en 1974, jusquâau plus récent, <em>Si cela peut sâappeler quelque chose</em>, paru en 2014. Câest à dessein, cependant, quâelle privilégie les premiers livres, devenus indisponibles en librairie avec les années.<br />Comme lâécrit le préfacier : « Si Philippe Denis ne sâest jamais renié poétiquement, sâil est à la fois encore lâhomme blessé de <em>Cahier dâombres</em> et lâironiste dâaujourdâhui, câest assurément à lâobstination dâune sorte dâintégrité quâil le doit, intégrité qui, à travers toutes les errances de ses pérégrinations (aux États-Unis, en Turquie, au Portugal) lui a servi de point fixe comme de mesure, une mesure grâce à laquelle ce poète parvient à rester fidèle à lui-même jusque dans le détachement avec lequel il est capable de considérer la nature de ce quâil écrit :<br /><br /><em>Toute la nuit, la pluie a tapé un texte. Au point du jour sâest évaporée la littérature. »<br /><br /><br /></em></span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/G1UgGU1dn0w" height="1" width="1" alt=""/>

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