Je sortais du bureau de ma patronne, comme chaque mardi et vendredi, l'oeil vif et la bouche luisante, quand je tombai quasiment nez à nez avec la comptable en chef. Je demeurai légèrement interdit quand elle resta postée devant moi comme un chien d'arrêt ; elle inclina légèrement le visage en avant, comme pour me humer, fronça un peu le sourcil ; enfin, elle me dit sur un ton amical :
- « permettez-moi de vous dire que ce qu'il vous faut c'est de l'anis étoilé »
C'est vrai qu'il est essentiel de garder l'haleine fraîche, méditai-je (même quand on est hors d'elle.)
Et surtout quand on a comme moi un poste avec des responsabilités croissantes, et des contacts avec des gens de plus en plus nombreux.
Je ne sais pourquoi soudainement je songeai à une nuit pleine d'étoiles, une nuit dans un grand lit frais aux draps vermillon, et de rêves peuplés de bruits suaves.
Peut-être que les postures prolongées que je devais fréquemment adopter au bureau et les courbatures qui en résultaient (et commençaient à ne plus me lâcher) y étaient pour quelque chose.
La conscience professionnelle, l'amour du travail bien fait, le besoin premier de gagner son pain ne peuvent toujours l'emporter sur le besoin de confort et d'un peu de douceur.
J'écoutai donc les conseils de cette respectable dame et soignai mon haleine, prenant grand soin de ma bouche, rafraîchissant ma cavité buccale matin et soir, ainsi que plusieurs fois dans la journée (notamment chaque fois que le devoir l'avait mis à rude épreuve), me disant que je devais entretenir mon patrimoine professionnel.
Ceci eut d'ailleurs, il me semble, pour effet d'accroître encore la demande de mes services qui se fit plus pressante, voire à l'emporte-pièce.
http://www.toutelapo...re-1-t8625.html
http://www.toutelapo...re-2-t8629.html
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Briller et reluire (4)
Débuté par le hamster, janv. 31 2008 12:14
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