Je suis un mort-vivant qui se rit de l'azur,
Qui se rit des tourments et ne craint pas la nuit,
Car mon esprit d'enfant bien au-delà du pur,
Dans sa belle innocence est une bête qui nuit.
Je suis un mort-vivant et mes instincts premiers
Vont par tous les chemins au rond-point de la femme ;
Mon premier soupir d'homme fut aussi le dernier
Je jouis de la douleur comme Jeanne de sa flamme.
Je suis un mort-vivant et mes doigts qui se lancent
Vers le pubis du rêve ne sauraient s'arrêter,
La drogue met l'esprit dans l'univers du rance,
Et le vieillard perdu n'a plus qu'à s'apprêter .
Je suis un mort-vivant et le malheur des miens
Fait couler mes artères au comptoir de la haine,
Car la bonté du dieu et l'orgueil des chrétiens
N'ont pas su arrêter la rivière de ma peine.
Je suis un mort-vivant et ma douleur de femme
Fait avorter l'enfant qui deviendrait messie ;
Mes cordes sont brisées et leurs dernières gammes
Semblaient sortir tout droit de la chimère vessie.
Je suis un mort-vivant et mes derniers soucis
Iront pour le bonheur, le calme et le repos,
Sachant par habitude que l'ardeur du pénis
Se calme et se morfond dans le lit du tombeau.