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(Note de lecture), Christine Bonduelle, La Déligature, par Mazrim Ohrti 


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Posté 09 juillet 2019 - 12:51

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<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"> <a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...b6efb200b-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Christine Bonduelle la déligature" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e20240a4bb6efb200b img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20240a4bb6efb200b-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Christine Bonduelle la déligature" /></a>Ce livre étiqueté théâtre sâapparente fort bien à de la poésie. Puisquâau commencement était le verbe, le verbe résout par là même toute tentative dâéquivoque à cet égard. Le lecteur en décidera. Sâil ne sâagit pas dâexercice de style au sens novateur, lâexercice est tout au moins stylé. Cette pièce en quatre actes est présentée ainsi : « Les dialogues réels ou fantasmés mettent en correspondance le songe dâAbimélek, roi de Ghérard, avec lâintervention de lâange lors du sacrifice dâIsaac sur le mont Moriah. Six poèmes chorégraphiés au prologue, sont repris dans la pièce. » On connaît moins lâépisode biblique où Abimélek enlève Sarah, la femme dâAbraham, la croyant sa sÅur que celui où Dieu demande à Abraham de lui sacrifier son fils Isaac ; épisode quâon appelle également : la ligature dâIsaac. Câest la mise en correspondance de ces deux épisodes qui forme la matière de « La Déligature ». Poésie certes, mais avec une histoire mise en scène, des personnages, des décors et des didascalies comme il se doit (« les vers des trente-quatre strophes sont projetés en continu sur le fond de la scène »). Abimélek est le seul personnage véritablement incarné, les autres étant définis par leur fonction, parfois insignifiante socialement parlant, et ainsi désincarnés ; comme les Cinq gardes, Elle et Lui, et carrément la Voix-off. Avec Le fils et Le page, le casting est au complet. Si Abimélek est le personnage central de la pièce, la « voix dâAbimélek » en est un autre, parfois dans la même scène et bien quâabsent du générique. Conscience ? Voix schizophrénique calculant le chemin de sa défaite et au bout sa contrition (« Le gant jeté à terre je ne le relève plus / Me revoici main nue ») ? Quoi quâil en soit, câest le verbe qui donne sa valeur au texte, plus que son contenu affiché. Et ce, même si la parole exégétique de Christine Bonduelle sert sa position sur ce sujet. Le titre déjà évoque cette mise à distance de la souffrance mythique : « Là où me brûlent les rigoles / Creusées de lâancienne corde / Je rirai ». Les situations reflètent lâambiance du Grand Livre selon sa résonance poétique, en dépit de la patte de lâauteure sâinscrivant par le rythme en des vers très courts où le verbe (en tant que catégorie grammaticale) est souvent absent. Ce qui confère au dialogue entre les personnages une tonalité froide (éthérée ?), parfois monocorde. On rappellera de ce point de vue que le rythme est une constante chez Christine Bonduelle comme en témoignent ses recueils précédents. Ici et là plane lâombre de Mallarmé : « Capitulatoire langue / Quâesseule son muscle / Arqué de désir / Sens rendant lâarme / Du sens ». On dira une langue dans la langue, en vue dâabstraire la matière sensible de derrière les mots, véritable révélation ; comme pour déligaturer le logos avant tout, afin de révéler toujours plus sa sensualité. Câest ici que commence le travail de poésie. Ce ton rythmé, mat et haché ne délaisse pas pour autant lâhumour, voire une tendance à lâiconoclasme, à la manière dâun Saint François dâAssise moderne croisant un Jarry religieux peut-être ? Ainsi le livre démarre en ces termes : « Lââme se culotte toujours dâabord / Se soutient gorge ». « La Déligature » se réapproprie le message initial (dâamour et dâappel à la créativité émancipatrice) galvaudé par la morale judéo-chrétienne connue à ce jour. Rire et humour, à lâoccasion instruments de critique et de dialectique, ne sont pas, il est vrai, les expressions les plus marquantes des livres sacrés. On peut imaginer enfin, le cas échéant, que le spectacle vivant sur une scène dispenserait au public toute la substance du texte, toute sa moelle, en insufflant la vie aux mots, en prêtant une voix inspirée au corps du langage. <br /><br /><strong>Mazrim Ohrti  <br /></strong><br />Christine Bonduelle, <em>La Déligature</em>, éditions Tituli, 2017, 104 p., 14â¬.<br /><br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/xpr1iroh3rw" height="1" width="1" alt=""/>

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