Le phénomène artistique, l'art, est l'heureuse, ou béate, preuve que l'idée, ou conception de progrès, est absolument absurde.

Le Progrès
#2
Posté 01 août 2019 - 11:11
#4
Posté 21 août 2019 - 06:03
Effectivement,
il est absurde de parler de progrès quand tout n'est que simple transformation.
- M. de Saint-Michel aime ceci
#5
Posté 21 août 2019 - 12:08
#6
Posté 21 août 2019 - 12:22
Le progrès c'est l’illusion, que crée la volonté politique de changement, de nos jours c'est surtout lié, à l'idée de confort social
- M. de Saint-Michel aime ceci
#7
Posté 21 août 2019 - 03:29
L'osè-je ? L'art est la manière ___
#8
Posté 21 août 2019 - 03:37
L'art est un contournement, parfois même un détournement.
#9
Posté 21 août 2019 - 03:41
Dans certains cas, une transformation peut être un progrès.
Peut-être faut-il regarder le but _
#11
Posté 21 août 2019 - 03:57
Dans ma vie, j'ai croisé
des gens qui croient
et d'autres qui doutent
#12
Posté 24 août 2019 - 07:26
Sur le plan de la technologie, la notion de progrès est assez évidente, et ce dès la préhistoire. L'acquisition de nouvelles techniques ne fait effectivement que s'accroître de façon exponentielle. La notion de "progrès" sur le plan moral est plutôt héritée des Lumières et, en particulier, de Condorcet. L'idée que l'esprit humain progresse a été largement diffusée par Auguste Comte. Elle a également nourri la philosophie de Karl Marx et est très présente dans toute la pensée socialiste. Son principe en paraît un peu naïf. Emile Durkheim contestait déjà cette idée que le progrès puisse former une série linéaire qui se déroulerait de génération en génération. Les désastres politiques du XXe siècle ont ruiné cette vue. Ce qui est curieux, c'est qu'elle reste très présente chez chacun d'entre nous malgré tout, entre les choses qui nous ramènent au moyen-âge et celles qu'on ne ferait plus aujourd'hui. On vit effectivement dans la croyance au progrès.
Mais sur le plan artistique ? Les choses sont plus compliquées encore. Baudelaire vilipendait les "philosophes zoocrates et industriels" (Auguste Comte, en somme).
Demandez à tout bon français qui lit tous les jours son journal dans son estaminet, ce qu'il entend par progrès. Il répondra que c'est la vapeur, l'électricité et l'éclairage au gaz, miracles inconnus des Romains, et que ces découvertes témoignent pleinement de notre supériorité sur les anciens ; tant il s'est fait de ténèbres sur ce malheureux cerveau et tant les choses de l'ordre matériel et de l'ordre spirituel s'y sont si bizarrement confondues ! Le pauvre homme est tellement américanisé par ses philosophes zoocrates et industriels, qu'il a perdu la notion des différences qui caractérisent les phénomènes du monde physique et du monde moral, du naturel et du surnaturel.
Baudelaire réfute l'idée du progrès en matière artistique, ce qui se conçoit pleinement si l'on distingue la technologie, l'industrialisation, le haut niveau de spécialisation qu'impliquent les pratiques artistiques contemporaines de l'idée d'oeuvre, qui comme rapport d'un sujet à un autre sujet semble complètement déconnectée de toute évolution temporelle. Qui n'a pas éprouvé, en lisant Confucius, Platon, Diderot ou combien d'autres, le sentiment que ces auteurs dont des siècles ou des millénaires nous séparent nous sont infiniment plus contemporains, ou modernes, ou humains, que tout ce que déverse l'actualité littéraire de notre pays en particulier ?
Il y a le progrès. Et il y a la permanence de l'humain. Dans la permanence de l'humain, il y a des extases du progrès et d'autres formes de perfection intemporelles telles que l'oeuvre de Jean-Sébastien Bach ou, dans un autre registre, le rasoir mécanique.
- Hattie, Alfred et Laurence HERAULT aiment ceci
#13
Posté 24 août 2019 - 11:45
Parfaitement Serioscal !
Et pour comprendre le Progrès (son historicité, et son caractère ontologiquement dévoyé) il nous faut relire Borges et répéter (à l'Infini, dont Borges est si familier)
Nous lisons dans le Timée de Platon que le temps est une image mobile de l'éternité, postulat impuissant à distraire personne de la conviction que l'éternité est au contraire une image dont le temps est le support. [...] Je commencerai par rappeler les ténèbres inhérentes au temps : mystère métaphysique, naturel, qui doit précéder l'éternité, laquelle est fille de l'homme. Une de ces ténèbres, parmi les plus belles sinon les plus obscures, est celle qui nous empêche de préciser la direction du temps. La croyance commune veut qu'il s'écoule du passé vers l'avenir, mais la croyance contraire n'est pas plus illogique [...]
- Hattie aime ceci
#14
Posté 25 août 2019 - 07:29
Un peu à côté, pas très loin, je pense à l'excellent Copie conforme de Kiarostami.
#15
Posté 26 août 2019 - 06:39
Va falloir que je me cultive :-)