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LA NEBULEUSE


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4 réponses ŕ ce sujet

#1 .ds.

.ds.

    Tlpsien +++

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Posté 02 février 2008 - 08:28

(Cette tragédie procède d’une étape psychologique vécue et écrit dans une cellule avec trois fous)


- La vie est une histoire contée par un fol. (Shakespeare)
- Le vraisemblable peut parfois ne pas ressembler au vrai. (Boileau)
- Raisonnablement, beaucoup de choses peuvent plaider contre le raisonnable. (Agathon)

ACTE I :

Le lieu : une chambrette aux murs de terre badigeonnés de jaune et de bleu. Le plafond rappelle une toile d’araignée dont les fils seraient des pourtres. Quatre fenêtres, dont 3 fermées, ou plutôt aveuglées. Un revêtement de nattes gluantes jusque dans la cour. Une puanteur corollaire de la mot.

3 personnages se pelotonnent dans un coin ? La tête du 1er, toute rasée, brille comme de l’huile. Presque nu, il porte une chemise avec seulement deux moitiés de manches. Il a ouvert sur sa poitrine une échancrure large et arrondie.
Dans ses mains, d’autres haillons qu’il scrute et secoue, disant que c’est pour en chasser « le loup du sommeil », à savoir les poux.

Le 2ème s’accote au mur, enveloppé dans une couverture noire et déchirée. Il porte sur la tête un bandeau au bouts noués sous le menton, et renforcé d’un cordon rouge. Ce dernier est noué d’un nœud à deux boucles qui penchent sur le front et parfois balaient paupières et sourcils.

Le 3ème étreint un fragment de journal où il a suspendu du sucre qu’il lèche d’un mouvement de langue effréné. Il arbore une longue barbe où le blanc et le noir se mêlent de faon apparemment coquette.

Les 3 personnages sont plongés dans un entretien obscur qu’on croirait sans fin, bien que rien sur leurs traits ne révèle qu’ils s’y intéressent. Ils constituent comme une île parmi d’autres gens, dont le flot s’agite dans la chambrette.


1er fou :
Dans mes dedans prennent existence les choses de cet univers dans mes côtes elles prennent diverses couleurs, ainsi qu’avec mon sceau. Elles le font comme les tragédies par l’astuce, l’égarement et de la sorte s’adoucissent.
2ème fou : (sans qu’il paraisse répondre au 1er)
Quoi ? N’est-ce pas au destin que l’humain emprunte le livre des occurrences et du devenir ? Méditez, considérez que la vérité n’est içi qu’une cendre retombée qui salit le bord de la natte. Ici l’éclat du jour se retourne en volutes. C’est le chaos : un matin qui ne voit plus, une divinité qui se paganise !
3ème fou : (avec un accent mystique, comme s’il avait compris)
Ô soleil, ta couleur se flétrit
O terre, ton assise fléchit
La roche secoue ses croupières
La poussière secoue ses nattes.
1er fou : (vite)
Que dis-tu ?
3ème fou :
Les raisons sont grosses de ce qui les tue…

(règne un instant le silence ébahi dont trouble la paix le 2ème fou. Ce dernier assène au 3ème un coup de poing au moment où il prononce ces mots J

2ème fou :
Regarde ! le mur de la chambre noire…
3ème fou : (stupidement)
Quoi-donc ?
2ème fou :
Il parle. Dans ses prunelles du mercure a brillé. Il lit les feuillets de son cœur, les ressasse, les déchire. Regarde ! Je le vois regarder !
3ème fou : (il se tourne, ses yeux se fixent sur un trou dans le mur.)
Oh ce trou ! Par là va s’allumer une guerre.
1er fou : (il se tourne vers le mur, l’examine)
Cette ouverture, la nuit de l’âge y avait caché son matin les encoignures en sont des miroirs pour la mort.
2ème fou : (froidement)
Le mur a le col enveloppé de lauriers et d’étincelles ; sa surface : un verre et du vin ; ses replis : des jeunes filles.
(il se tourne vers le fou silencieux et continue.)
Le mur a chaussé sa botte et tendu sa paume, il a salué l’Univers…
(il continue dans un Ă©clat de rire.)
Oh !… parle…


ACTE II :

Même décor. Le 1er fou, assis à croupetons, le regard perdu, la main gauche jouant sur les genoux, la droite tantôt frottant la poitrine et tantôt la tête. Le 2ème fou est assis le menton appuyé sur sa main droit et la gauche sans support précis. Quant au 3ème, il garde les yeux à terre.

3ème fou : (il entend le bruit de pas.)
Que peuvent ĂŞtre les gens, en dehors de nous ?
1er fou : (gémissant)
Des vers sous nos pas et une trompe de mouche lisse comme un nuage…
3ème fou :
… et des trous plein de vomissures et de péché.


ACTE III :

Les 3 fous échangent des rires et des chuchotements dans un mouvement sans ause. Le 1er se lève et fait quelques pas, puis revient et s’asseoit. Le 2ème s’étend et bâille, puis revient à sa posture initiale. Le 3ème se frotte les mains.

3ème fou : (désignant les décorations du murs)
Dans la perspective de ce jardin je vois cent mers, un incendie.
1er fou : (non sans âpreté)
Tu ne dis pas la vérité : il y a là deux fils magiques, de fines irisations dont la gamme s’est transformée en oiseau et le blanc crayeux en monastère.
2ème fou : (jetant un regard par la fenêtre ouverte, il désigne ce qui de là apparaît dans le vide.)
Qu’est-ce que cela et pourquoi ?
3ème fou : (avec la ratiocination de la vieillesse)
C’est une mer aérienne transformée en refuge pour le soleil c’est encore un ouvroir pour aveugles un baume contre la blessure de la mort.
1er fou :
Les oiseaux y tournent en bandes.
3ème fou (surpris par un papillon entré par la fenêtre, il crie.)
Oh ! un papillon. Ses ailes tapissent l’horizon d’une litière.
1er fou : (prenant le papillon pour une hirondelle, il crie, comme s’il n’avait pas entendu le 3ème fou.)
Oh ! une hirondelle. Ah ! si j’étais comme un oiseau ! Oh si j’étais colombe ! Oh si j’étais un nuage !

(Les 3 se taisent un court instant, après quoi le 3ème fou les surprend en désignant tout ce qui les entoure)

3ème fou :
Ces choses sont noires, Ă©tranges.
2ème fou : (sur le ton de l’évidence)
Elles n’ont pas été transcrites sur la table des légendes merveilleuses. On ne les voit pas distinctement.
3ème fou :
Elles sont dans la création une nébuleuse à l’après non encore déterminé.
(il se tait, puis continue, comme s’il citait des adages.)
Les collines : des prières et des amphores ;
Les murs : une cage qui pleure et de la flamme.
1er fou :
Les cailloux : du miel d’abeilles innommées dont la vie dégoutterait vipères dans leur commencement, prières dans leur retour posthume. Les minarets : …
3ème fou :
… des magasins de la Voix.
(silence, puis sur le ton de la sagesse :)
Toute coutume en vérité n’est que complication, discordance.
2ème fou : (toujours sur le ton de la sagesse)
L’univers n’est que confusion pierre recousue vague soumise à géométrie. Il est, pour autant qu’on l’étudie, écriture obscurcie déchue en toute traduction.
1er fou : (quelque peu contrarié)
C’est une absurdité de l’être que tu effaces en l’être le péché : n’offre-t-il pas à la Nature vêtement et structure ? il regorge de réalité.
3ème fou : (avec une joie mêlée de tristesse)
Il est faux qu’une terre puisse du faux s’éloigner puisque à l’Univers il s’impose.
2ème fou : (accord vibrant)
Nettoie la terre du mal, elle n’étincellera plus en bien. Supprime l’horizon : toute bête rampante y deviendrait oiseau.
1er fou : (avec un léger sourire)
Pour être toi, pour rejoindre le principe ultime de toute vie et de toute mort, reviens au repos deviens terreau… ou bien un livre.

(Un moment de silence. Rire soudain du 3ème fou, qui dit :)

3ème fou :
L’éclair du jour pour oreiller, pour femme le début de la nuit et que la mort, commencement du poète, prenne la fin pour le début.

(Injustement ou non, un accès de fou rire s’empare des 3 fous, qui dansent, chantent…)


Les 3 fous : (ensemble)

Il n’y a plus dans l’Univers de place pour l’énigme ni pour le symbole mais peut-être que désormais l’Univers se cache dans une galette de pain.


Prison militaire mars 1956.

#2 aliéné

aliéné

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Posté 02 février 2008 - 08:39

(Cette tragédie procède d'une étape psychologique vécue et écrit dans une cellule avec trois fous)


- La vie est une histoire contée par un fol. (Shakespeare)
- Le vraisemblable peut parfois ne pas ressembler au vrai. (Boileau)
- Raisonnablement, beaucoup de choses peuvent plaider contre le raisonnable. (Agathon)

ACTE I :

Le lieu : une chambrette aux murs de terre badigeonnés de jaune et de bleu. Le plafond rappelle une toile d'araignée dont les fils seraient des pourtres. Quatre fenêtres, dont 3 fermées, ou plutôt aveuglées. Un revêtement de nattes gluantes jusque dans la cour. Une puanteur corollaire de la mot.

3 personnages se pelotonnent dans un coin ? La tête du 1er, toute rasée, brille comme de l'huile. Presque nu, il porte une chemise avec seulement deux moitiés de manches. Il a ouvert sur sa poitrine une échancrure large et arrondie.
Dans ses mains, d'autres haillons qu'il scrute et secoue, disant que c'est pour en chasser « le loup du sommeil », à savoir les poux.

Le 2ème s'accote au mur, enveloppé dans une couverture noire et déchirée. Il porte sur la tête un bandeau au bouts noués sous le menton, et renforcé d'un cordon rouge. Ce dernier est noué d'un nœud à deux boucles qui penchent sur le front et parfois balaient paupières et sourcils.

Le 3ème étreint un fragment de journal où il a suspendu du sucre qu'il lèche d'un mouvement de langue effréné. Il arbore une longue barbe où le blanc et le noir se mêlent de faon apparemment coquette.

Les 3 personnages sont plongés dans un entretien obscur qu'on croirait sans fin, bien que rien sur leurs traits ne révèle qu'ils s'y intéressent. Ils constituent comme une île parmi d'autres gens, dont le flot s'agite dans la chambrette.


1er fou :
Dans mes dedans prennent existence les choses de cet univers dans mes côtes elles prennent diverses couleurs, ainsi qu'avec mon sceau. Elles le font comme les tragédies par l'astuce, l'égarement et de la sorte s'adoucissent.
2ème fou : (sans qu'il paraisse répondre au 1er)
Quoi ? N'est-ce pas au destin que l'humain emprunte le livre des occurrences et du devenir ? Méditez, considérez que la vérité n'est içi qu'une cendre retombée qui salit le bord de la natte. Ici l'éclat du jour se retourne en volutes. C'est le chaos : un matin qui ne voit plus, une divinité qui se paganise !
3ème fou : (avec un accent mystique, comme s'il avait compris)
Ô soleil, ta couleur se flétrit
O terre, ton assise fléchit
La roche secoue ses croupières
La poussière secoue ses nattes.
1er fou : (vite)
Que dis-tu ?
3ème fou :
Les raisons sont grosses de ce qui les tue…

(règne un instant le silence ébahi dont trouble la paix le 2ème fou. Ce dernier assène au 3ème un coup de poing au moment où il prononce ces mots J

2ème fou :
Regarde ! le mur de la chambre noire…
3ème fou : (stupidement)
Quoi-donc ?
2ème fou :
Il parle. Dans ses prunelles du mercure a brillé. Il lit les feuillets de son cœur, les ressasse, les déchire. Regarde ! Je le vois regarder !
3ème fou : (il se tourne, ses yeux se fixent sur un trou dans le mur.)
Oh ce trou ! Par lĂ  va s'allumer une guerre.
1er fou : (il se tourne vers le mur, l'examine)
Cette ouverture, la nuit de l'âge y avait caché son matin les encoignures en sont des miroirs pour la mort.
2ème fou : (froidement)
Le mur a le col enveloppé de lauriers et d'étincelles ; sa surface : un verre et du vin ; ses replis : des jeunes filles.
(il se tourne vers le fou silencieux et continue.)
Le mur a chaussé sa botte et tendu sa paume, il a salué l'Univers…
(il continue dans un Ă©clat de rire.)
Oh !… parle…


ACTE II :

Même décor. Le 1er fou, assis à croupetons, le regard perdu, la main gauche jouant sur les genoux, la droite tantôt frottant la poitrine et tantôt la tête. Le 2ème fou est assis le menton appuyé sur sa main droit et la gauche sans support précis. Quant au 3ème, il garde les yeux à terre.

3ème fou : (il entend le bruit de pas.)
Que peuvent ĂŞtre les gens, en dehors de nous ?
1er fou : (gémissant)
Des vers sous nos pas et une trompe de mouche lisse comme un nuage…
3ème fou :
… et des trous plein de vomissures et de péché.


ACTE III :

Les 3 fous échangent des rires et des chuchotements dans un mouvement sans ause. Le 1er se lève et fait quelques pas, puis revient et s'asseoit. Le 2ème s'étend et bâille, puis revient à sa posture initiale. Le 3ème se frotte les mains.

3ème fou : (désignant les décorations du murs)
Dans la perspective de ce jardin je vois cent mers, un incendie.
1er fou : (non sans âpreté)
Tu ne dis pas la vérité : il y a là deux fils magiques, de fines irisations dont la gamme s'est transformée en oiseau et le blanc crayeux en monastère.
2ème fou : (jetant un regard par la fenêtre ouverte, il désigne ce qui de là apparaît dans le vide.)
Qu'est-ce que cela et pourquoi ?
3ème fou : (avec la ratiocination de la vieillesse)
C'est une mer aérienne transformée en refuge pour le soleil c'est encore un ouvroir pour aveugles un baume contre la blessure de la mort.
1er fou :
Les oiseaux y tournent en bandes.
3ème fou (surpris par un papillon entré par la fenêtre, il crie.)
Oh ! un papillon. Ses ailes tapissent l'horizon d'une litière.
1er fou : (prenant le papillon pour une hirondelle, il crie, comme s'il n'avait pas entendu le 3ème fou.)
Oh ! une hirondelle. Ah ! si j'Ă©tais comme un oiseau ! Oh si j'Ă©tais colombe ! Oh si j'Ă©tais un nuage !

(Les 3 se taisent un court instant, après quoi le 3ème fou les surprend en désignant tout ce qui les entoure)

3ème fou :
Ces choses sont noires, Ă©tranges.
2ème fou : (sur le ton de l'évidence)
Elles n'ont pas été transcrites sur la table des légendes merveilleuses. On ne les voit pas distinctement.
3ème fou :
Elles sont dans la création une nébuleuse à l'après non encore déterminé.
(il se tait, puis continue, comme s'il citait des adages.)
Les collines : des prières et des amphores ;
Les murs : une cage qui pleure et de la flamme.
1er fou :
Les cailloux : du miel d'abeilles innommées dont la vie dégoutterait vipères dans leur commencement, prières dans leur retour posthume. Les minarets : …
3ème fou :
… des magasins de la Voix.
(silence, puis sur le ton de la sagesse :)
Toute coutume en vérité n'est que complication, discordance.
2ème fou : (toujours sur le ton de la sagesse)
L'univers n'est que confusion pierre recousue vague soumise à géométrie. Il est, pour autant qu'on l'étudie, écriture obscurcie déchue en toute traduction.
1er fou : (quelque peu contrarié)
C'est une absurdité de l'être que tu effaces en l'être le péché : n'offre-t-il pas à la Nature vêtement et structure ? il regorge de réalité.
3ème fou : (avec une joie mêlée de tristesse)
Il est faux qu'une terre puisse du faux s'Ă©loigner puisque Ă  l'Univers il s'impose.
2ème fou : (accord vibrant)
Nettoie la terre du mal, elle n'Ă©tincellera plus en bien. Supprime l'horizon : toute bĂŞte rampante y deviendrait oiseau.
1er fou : (avec un léger sourire)
Pour être toi, pour rejoindre le principe ultime de toute vie et de toute mort, reviens au repos deviens terreau… ou bien un livre.

(Un moment de silence. Rire soudain du 3ème fou, qui dit :)

3ème fou :
L'éclair du jour pour oreiller, pour femme le début de la nuit et que la mort, commencement du poète, prenne la fin pour le début.

(Injustement ou non, un accès de fou rire s'empare des 3 fous, qui dansent, chantent…)


Les 3 fous : (ensemble)

Il n'y a plus dans l'Univers de place pour l'énigme ni pour le symbole mais peut-être que désormais l'Univers se cache dans une galette de pain.


Prison militaire mars 1956.

mensonge de A Ă  Z

vous êtes toutes et tous en ces prisons, bien sûr mes prisons sans parler de mes 14 autres ailleurs: ventkhenat, khenatermite, uniquement-moi, mithra, ortiekhenat et blocos suspendus jusqu'à 2010 et solitairekhenat que je rouvrirai le 13 de ce mois.
en attendant j'écrirai moi l'aliéné sur aliéné.
sincèrement moi farid khenat en personne.

#3 .ds.

.ds.

    Tlpsien +++

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Posté 02 février 2008 - 09:04

Il t'aura fallu 12 minutes pour comprendre le sens de ce dialogue divergent Mr Khenat.
Merci de ta présence sur ce paysage sensible.

Avec toute une Montagne Kabyle,
Moi, .ds. de tout temps.

#4 Baptiste

Baptiste

    Baptiste

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Posté 02 février 2008 - 09:36

Je me suis arreter au debut de l'acte 1 ca avait l'air d'etre trop violent

#5 .ds.

.ds.

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Posté 02 février 2008 - 09:43

Tu fais comme tu veux Baptiste, rien n'est violent, et tu le sais ^^.
Allez...