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(Note de lecture), Françoise Morvan, Buée, par Antoine Ponza


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Posté 06 septembre 2019 - 02:05

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<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"> <a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...01788200c-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Françoise Morvan buée" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e20240a4801788200c img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20240a4801788200c-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Françoise Morvan buée" /></a>La maison dâédition Mesures a été fondée en février 2019 par les traducteurs André Markowicz et Françoise Morvan, compagnons littéraires de longue date. Lâécrivaine y a publié les deux premiers volumes de son livre <em>Sur champ de sable</em>. Cette Åuvre conçue en quatre saisons, quatre âges de la vie, emprunte à lâhéraldique une narration du monde. De fait, son titre renvoie au fond noir dâun écu, dénué encore de formes et de couleurs, les ornements qui rapportent des contes. Après <em>Assomption</em>, avant les volumes à paraître <em>Brumaire</em> et <em>Vigile de décembre</em>, on entre au printemps, la jeunesse, par <em>Buée</em>. En témoigne un fragment du poème « Passage » :<br /><br /><em>Le souffle soulevant la houle des voilages</em><br /><em>Laisse lâenfant trop frêle en aube mêlée dâair<br />Seule au seuil de lâadolescence.<br /></em><br />Lâon y remarque déjà lâattention prêtée aux éléments. Il en va de même pour lâorganique et le minéral, soit les composants et attributs du règne de la vie, de la nature. Voir « Salamandre » :<br /><em><br />Lâeau garde un goût de rouille et de fougère</em><br /><em>Où le noir lustré de la salamandre<br />Se glisse en secret sous lâardoise<br />Et le dragon darde un regard dâor jaune</em><br /><br />La couleur tient également, donc, une place primordiale, décuplant lâeffet de sensation. Ce dernier, majoritairement visuel, donne une place aux sons et aux odeurs, comme les réminiscences que pourrait provoquer un ancien album de photos. Mais le passé nâest pas <em>spleen</em>. Dans « Brodeuse », « Lessive » ou « Guipure », lâauteure raconte simplement sa mémoire des Côtes dâArmor traditionnelles, dont elle est originaire : les taches attribuées aux femmes, lâimportance du vêtement et de la matière, la pêche⦠La froideur, presque, de ces images mémorielles fixées dans une &quot;éthernité&quot; par lâécriture, dans un tout, contraste avec la volonté dâune restitution picturale, dâune part, traitant des détails, des teintes. Et documentaire dâautre part, considérant la précision de termes peu usités empruntés à des lexiques spécifiques (anatomique, botanique, mythologiqueâ¦) Lâusage de ces termes, par frottement, produit une certaine chaleur, donne corps aux images, laisse poindre une façon minutieuse dâêtre présente à la vie. Cette dualité imprègne le recueil, rien que par les titres des quatre parties : « Seuils » et « Ajours » dâun côté, « Buées » et « Lune de Mars » de lâautre. Elle naît sans doute du trouble de lâadolescence ; évidemment des impressions de lieux bretons où se côtoient Zeus et Poséidon (une illustration dans « Iris » : « Le champ comme un soleil humide »). Autour des mots rares, la simplicité de la tournure â renforcée par lâusage quasi permanent du présent â met en relief le sens des évocations. Qui se passent éventuellement de pittoresque, rappelant une manière japonaise ancestrale, tel « Gong » :<br /><em><br />La pluie scintille aussi sur le vieux pont<br />Silencieux le corps mince et précis<br />Se dessine en profil dâestampe<br />Poncé sur le gris fin des saules.<br /></em><br />Des formes plus longues (« Fugues », « Reliques » â¦) soulignent enfin une indistinction choisie entre la prose et le poème, le paragraphe et la strophe. Les images se dessinent en quelques touches, portant la conception dâun temps bref et répétitif ; elles emportent vers un rapport figuratif mais symbolique au texte. En mêlant à son Åuvre des citations de poètes français baroques et de la Renaissance, Françoise Morvan sâinscrit dans une lignée dâémailleurs de sons et de mots. Dont émanent retenue et intériorité, celles dâune narratrice, au fond du blason, qui ravive tant une culture que sa propre histoire. <br /><br /><strong>Antoine Ponza</strong><em><br /></em><br />Françoise Morvan, <em>Buée</em>, Mesures, 2019, 152 p., 18â¬.<br /><br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/yfmr9txeG0U" height="1" width="1" alt=""/>

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