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(Carte blanche) à Didier Cahen : Chaque poète invente son écriture


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Posté 13 septembre 2019 - 09:06

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<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: center;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"><strong>Chaque poète invente son écriture <br /></strong><em>par Didier Cahen</em><strong><br /></strong></span></p>
<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"><em><br /><a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...31f9e200c-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Didier Cahen" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e20240a4831f9e200c img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20240a4831f9e200c-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Didier Cahen" /></a>La poésie a plutôt bonne presse dans notre monde qui se cherche. Pensez, les entreprises elles-mêmes lui trouvent quelques vertus ! Dâoù ce paradoxe : on a parfois le sentiment que seuls les poètes se méfient de la poésie ?<br /></em><br />Soit ! Mais si vous le voulez bien, commençons par un point rapide. Bien sûr, on doit se féliciter du large succès du 37<sup>e</sup> <em>Marché de la poésie</em> qui a pu accueillir, comme chaque année, près de cinq cents éditeurs et revues, plusieurs milliers de lecteurs, sans oublier <em>la Périphérie</em> et les <em>Etats-Généraux de la poésie</em> sur tout le territoire. Par ailleurs, <em>le Printemps des poètes</em> a fêté cette année son vingtième anniversaire. <br />Et <em>Poezibao</em> poursuit son inlassable travail dâinformation au quotidien sur lâactualité de la poésie : parutions, agenda, rencontres, critiques, notes de lectures... Comme <em>Sitaudis </em>ou <em>Diacritik </em>à leur façon, dâailleurs. Mais au-delà de ce constat, on doit aussi prendre acte dâune situation très fragile : vous le savez mieux que moi, la bonne quinzaine de livres de poésie qui sort chaque semaine doit se contenter dâune grosse poignée de lecteurs, à de très rares exceptions près. La poésie souffre clairement de son image triviale et/ou angélique : une gamme dâidées reçues qui va du verbe flamboyant aux éternels clichés sur les poètes maudits, même si le mythe dâun Rimbaud mi-voyou mi-prophète a de quoi fasciner de jeunes adolescents qui se cherchent. Et que dire de lâadjectif quâon met à toutes les sauces dès quâon ne sait plus quoi dire : « câest poétique », vous connaissez le cliché. En vérité, la poésie reste trop souvent normée par son usage scolaire : mémoire, récitation, dictée, un moyen dâéduquer dâabord et un objet dâétude ensuite, avec ses classifications et son histoire figées ; dâoù cette idée un peu confuse quâen gardent beaucoup de lecteurs : un foisonnement dâimages, lâusage dâune rhétorique qui fait souvent de la poésie un exercice de style. Vous en avez lâillustration parfaite avec la poésie datée et stéréotypée qui sâaffiche dans le métro au gré des circonstances : miettes de soleil, jardin secret et joie immaculée ; lyrisme sur commande... Et si le jugement peut sembler bien sévère, il suffit dâouvrir les yeux pour découvrir une réalité bien plus diversifiée au-delà de la répétition de ce « modèle unique ». Oui, dit sans précaution aucune, gardons-nous de réinscrire la poésie dans un schéma urbanisé, soumis aux normes discrétionnaires de la « littérature universelle » : lâalignement sens, récit, histoire qui impose sa loi planétaire et qui imprime le règne du roman. Avec en arrière-plan, cette inquiétude sourde : la poésie contemporaine émarge-t-elle encore à lâordre de la littérature (actuelle) ? Appartenance, complémentarité ou divorce consommé ? Et doit-on le déplorer ou plutôt sâen réjouir ?<br /><em><br />Vous dénoncez « le poétiquement correct », en somme<br /></em><br />Exactement. De nos jours, chaque poète invente son écriture. Pour preuve, lâanthologie <strong>réunie</strong> lâan dernier par Yves di Manno et Isabelle Garron, « Un nouveau monde » (Flammarion) : près de 1000 poètes de langue française publiés à compte dâéditeur entre 1950 et 2000. Sans oublier les quelques recalés ! Mais câest un autre débat... Alors, me direz-vous, à ce compte-là, quâest-ce que la poésie ? Quid de LA poésie ? Je vous le concède, ça reste une vraie question, mais, en même temps, doit-on la caractériser, courir le risque de la stéréotyper, de mettre à mal cette belle diversité hyper-contemporaine ; une multiplicité hybride, chercheuse, aventureuse, qui colle à nos désirs et parle à nos oreilles. Gardons-nous de confondre la poésie avec son expression, le poème avec ses formes culturelles, le poète avec les figures académiques quâen donnent lâinstitution et ses réseaux ferrés. <br /><br /><em>Quel rapport avec la poésie telle quâon lâentend en règle générale ? Nây a-t-il pas une sorte dâabus de langage ?<br /></em><br />La poésie ultracontemporaine (selon son A.O.C.) ne vient pas de nulle part. Câest lâextension de la poésie au sens traditionnel. Bien entendu, elle reste lâart de bien dire ce qui doit être dit, la manière de rien dire quand rien ne peut se dire. Mais elle trouve son ressort dans un élargissement de la forme et du sujet...  Quâon imagine seulement toutes les combinaisons possibles, avec un espace dâexpression qui se virtualise, sâétend et se démocratise : vocal ou textuel, hypermédiatisé, scénique, livresque ou délivrée des supports affichés... Alors, de quoi la poésie est-elle encore le nom ? Et qui sont les poètes actuels ? Tous ceux, poètes estampillés ou non (slameurs, chanteurs, clameurs) qui acceptent ces quelques mots dâordres principiels : ouvrir le sens aux sens..., ne plus réduire le corps au cÅur, lâaffect au sentiment, le trouble à lâémotion, apprendre, en somme, à jouer sur tous les registres de la « corde sensible » ... <br /><em><br />Tout au feeling ? <br /></em><br />Si vous voulez ; lâinspiration, en prime, comme on disait jadis ...<br /><br /><em>On en revient alors à ce « modèle unique » que vous semblez rejeter !</em><em><br /></em><br />Qui sait ? Mais nâallons pas trop vite. Permettez-moi de décrire sommairement les deux extrémités du spectre poétique ; dâune part, une poésie qui porte le poids de lâhistoire, qui loin dâêtre un art du langage, tente de fonder, dans des formes très variables, une autre façon de parler ; quâon pense à Paul Celan ou à Edmond Jabès, pour sâen tenir à deux incontournables témoins de lâindicible et à leurs héritiers : Antoine Emaz ou Esther Tellermann. Une expérience de la poésie, qui, à partir de la faillite de notre culture dans les fours crématoires dâAuschwitz, sâessaye à moins parler pour mieux se faire entendre<em>, </em>à moins communiquer pour transmettre davantage. « Écrire, câest le contraire dâimaginer, câest écouter le silence » disait Edmond Jabès ; contre la Poésie (grand P) qui parle trop fort et se trahit dâelle-même, contre lâemprise du verbe, la force du silence et la vertu des mots ! A ce niveau de rectitude et dâexigence, la poésie parvient à trouver dans la langue - avec la langue/sa prose/contre la langue - la parole contenue qui permettra de dire ce que la langue dans son usage convenu ne peut pas retenir. Elle trace peut-être lâirremplaçable voie dâaccès à la réalité quand tous les chemins sont bouchés ; le seul moyen de lâexprimer quand tous les moyens dâexpression sont impuissants ou épuisés. <span style="text-decoration: line-through;"><br /></span><br /><em>Câest la voix des sans-voix...<br /></em><br />... de ceux qui nâont pas le choix. Et en même temps, à lâautre bout du spectre, cette hantise de coller à lâépoque, au XXIe siècle - sexactualité, fakeniouses et trumperie généralisée. Une nouvelle partition de lâexistence⦠Si lâon suit les poètes de la jeune génération, ils vivent comme vous et moi, un pied dans le réel une main dans le virtuel et ils écrivent comme ça en fondant le moi dans le nous, dans un nous informel, plastique et perméable à tout ce qui leur arrive, livrés aux sensations tactiles, instinctives, reptiliennes ; bref, ils sont acteurs du monde, auteurs de lâhypermonde. Seule singularité : ils mêlent la langue courante avec une autre langue - lâalangue, épidermique, active et réactive ! Croyez-moi, rien de gratuit quand je désigne ainsi une langue aspirée, inspirée qui semble ne pas sâentendre, privée de parole, de verbe - pas le temps - mais pas de sonorité et surtout pas dâintensité ! Mêler la langue/lâalangue, en ébruiter le sens, en faire une langue vivante toute perméable à ses aspérités, aux chocs frontaux, aux accidents de lâhistoire, aux bousculades des lettres, aux catastrophes de nos écologies mentales â¦, câest ça le défi actuel.  La boulimie, en somme, après lâanorexie. Dans de telles conditions, vous me lâaccorderez, il nâest plus temps dâêtre poète, et moins encore de lâêtre en C.D.I.<br /><br /><em>Si on vous suit, il nây a donc plus de poète<br /></em><br />Bien entendu. De vous à moi, être poète ça ne veut plus dire grand-chose. On ne nait pas poète, on ne le devient pas. Être poète, câest être à tout le moins plusieurs et plusieurs fois soi-même ; qui suis-je si je suis celui-ci plutôt que celui-là ? Poète on lâest en un éclair, quand on prend le risque de sâaccepter tels quels, intermittents de notre quotidien ; poète on le reste pour une fraction de seconde quand on parvient à conjuguer un état de précarité essentiel ou de déséquilibre balancé par la lettre ; avec cette obsession : capter pour lâamplifier ce qui circule au-delà des réseaux codifiés... Respirer lâair du temps pour bien sâen imprégner, mettre les mots quâil faut pour mieux sâen délivrer, câest ça le souffle du poète. Dâabord décoller de lâordinaire. Prenez les livres de Séverine Daucourt ou de Marie de Quatrebarbes... Poème, récit, hors-genre, transgenre ? Quâimporte ! Elles cherchent ce quâelles cherchent... Elles savent prendre des risques, paraître et transparaître, réapparaître ailleurs ; leurs livres nous parlent de façon stupéfiante, avec un timing impeccable, un « nez » décomplexé, des sens déshabillés... Je vous lâassure, admiration non feinte.<br /><br /><em>Oui, mais comment éviter lâimprovisation permanente ? La poésie ce nâest pas non plus la première phrase venue, les mots jetés à la figure...<br /></em><br />Par pure commodité, on dira poétique toute forme de parole qui vit de ce quâelle dit... Trouvera-ton des repères ou des marqueurs quasi-intemporels pour éviter de confondre le geste poétique avec les pires désordres de la langue, avec sa maltraitance ? Ce simple garde-fou : le poète se doit de prendre langue avec sa propre langue. Évidement il nây a pas de recettes mais, malgré tout, quelques règles de base : phraser le chant, lâintraitable ressource ; entendre lâappel du mot sans forcément le soumettre à la tutelle du verbe ; le lier à la voix intérieure, au corps des lettres, au souffle de la langue etc. etc. Surtout ne pas tricher, ne pas truquer ! Pas de langue transgénique, dopée ou transfusée, mais une langue cultivée, finalement retrouvée comme si, à chaque instant on se devait dâapprendre, réapprendre à parler. Comme le dit du Bouchet, ce poète magnifique, orfèvre en la matière : « inventer du français dans le français ». Autrement dit : creuser la langue parlée, la travailler au corps pour faire entendre « lâalangue » <em>toute musicale</em> parlée en langue française. Croyez-moi, la démarche reste toujours la même. « Savoir laisser la langue » disait Jacques Derrida. Et en même temps savoir saisir sa chance, continuer à parler ou, si vous préférez, sâenrichir de sa langue ! La poésie, nâest-elle pas liée à ce défi, cette aporie, ce tremblement dâabord où câest la langue, rien dâautre, qui doit pallier le défaut de langue (1) ; câest elle cette langue inconcevable, insoumise à la lettre, rebelle à son autorité, qui doit draguer le tout-venant.  Belle partition, en somme ... Ça marche à tous les coups, si on parcourt la gamme des émotions et des situations : accrocher le silence, tout aussi bien désaccorder le verbe et sâaccorder aux vibrations de lâépoque. Dâailleurs, comme le rappelle si bien Marcel Cohen, « écrire ce nâest pas parler de soi mais faire entendre sa voix ». Pour vous faire une idée, allez donc voir du côté de Laure Gauthier ou dâAnne-James Chaton, ces étonnants performers et plasticiens sonores. Ce sont eux les poètes post-prophètes, avec leurs corps-antennes branchés sur une surface où fusent des pulsations rythmées, un tempo afférent, des sens électrisés ; eux les poètes/trans/poètes contemporains des temps décomposés.<br /><br /><em>Implicitement, vous confirmez « lâadage » : la poésie ne sert à rien ; câest même son principal titre de noblesse...<br /></em><br />Ah oui, lâaffirmation bravache et un brin masochiste de tant et tant de poètes ! Va pour la gratuité... Mais en même temps, quâon mesure la responsabilité du poète dâaujourdâhui quand le poème consiste à témoigner de la réalité sans dire un mot de trop, en <em>parlant juste</em> pour ce qui échappe aux codes habituels. Clairement, câest tout autant une forme de résistance aux discours convenus, aux bruits artificiels quâune force dâinsistance et de proposition : désaligner (désaliéner ?) le sens, nourrir lâimaginaire, fixer lâintensité, rien de tel pour commencer à élargir notre horizon de pensée. Alors si elle ne change pas le monde, la poésie transforme notre rapport au monde. Sans oublier le plaisir spécifique quâon doit à la parole ou à son exercice. Pensons à Luchini ou, plus près de nous, à un Jacques Bonnaffé. Au-delà de ce constat, câest un poète, Friedrich Hölderlin, qui a posé la bonne question : <em>Wozu</em> ? En vue de quoi ? Oui, à quoi bon ? Que peut la poésie en cette époque de mondialisation des têtes et des oreilles, de surinformation, de vérités hâtives, de surdité et dâaffirmations infinies ? Pas de visée⦠De fait, la poésie contemporaine ne dicte rien ! Elle touche..., sans plus, dans tous les sens du terme. Voici peut-être le point dâattache avec la poésie universelle et soit dit en passant la confirmation de son in(o)utilité. Sait-elle, alors, créer ou rassembler quelque chose comme une communauté de lecteurs, des cercles de passionnés, dâamateurs éclairés ? Prudence⦠Rappelons-nous cette belle sagesse dâun philosophe que du Bouchet citait avec un infini plaisir : « pour réunir les hommes, il ne faut pas les rapprocher » !<br /><br /><em>En somme, plus de poètes, mais en même temps la poésie pas morte, elle aide un peu à vivre, elle participe à la culture, au bien commun ; dâoù ce besoin assez courant de se réclamer de la poésie. Câest là le paradoxe<br /></em><br />Rêvons ! Eh oui, <em>être poète</em> nâest pas une sinécure. Peut-être dâailleurs est-il plus sage dâêtre poète sans lâêtre ... <br /><br /><em>Comme un défi ?<br /></em><br />Je ne sais ; gardons les pieds sur terre. Être <em>un</em> poète, au sens classique du terme, câest parler dans le désert, parler pour ne rien dire â dénégation, jâassume - tout en trouvant ses mots et leur destinataire. Voyez les combinaisons rituelles : le dit et le non-dit, le dit et lâineffable, le dit et lâindicible, et toute la litanie. Mais prenons garde de na pas oublier le reste. En clair, la force psychique, quasi-spirituelle, cette force libératrice quâAntoine Emaz appelait de ses vÅux quand il lançait un stimulant « bonne énergie ! » à la fin de ses mails. Comment le nier ? En vérité, de Ronsard à Baudelaire, de Rimbaud à Bonnefoy et largement au-delà, lâhistoire reste toujours la même. Seul le poète sait composer avec la folle envie de libérer la langue. Lui seul sait dâexpérience jongler avec le sens, lui seul a lâintuition de ce que parler veut dire. Rimbaud encore, en figure tutélaire, en poète inspiré, viscéralement ouvert à ce quâil sait ignorer : « J'ai voulu dire ce que ça dit, littéralement et dans tous les sens ! » Bien sûr la phrase sonne un peu creux à force dâêtre reprise. Mais elle souligne encore cette soif de lâinconnu (2) qui anime le poète, lâintime besoin de courir après son ombre, la certitude inquiète de dire plus quâil ne dit. Dâailleurs, tous les lecteurs de poésie le savent, lâémotion vraie, due à la poésie, naît de ce rapport de lâinconnu (qui parle) à lâinconnu. Bref, si lâon préfère, cette autre formulation que je vous livre en guise de conclusion : être un poète câest exercer ce métier dâignorance revendiqué naguère par cet immense poète quâest Claude Royet-Journoud ; câest sâaccrocher au non-savoir, lâaimer, savoir lâécrire, le dire..., en un mot comme en cent savoir ou non-savoir toucher à lâinconnu.<br /><br /><strong>Didier Cahen </strong><strong><br /></strong><br />1. Dâoù la nécessité de distinguer langue du poème/langue du poète, (Celan en est lâexemple même :  avant de parler en allemand, le poète parle sa langue) ; dâoù le besoin, lâenvie dâen faire une <em>langue vivante </em>qui, pour une part, traduise le souffle de toute une vie, et dâautre part, compose avec la langue et ses usages conventionnels et communicatifs. Inventer de la langue, certes, mais dans le mouvement de la langue.<br />2. Dâailleurs tout laisse penser quâà travers la réponse à sa mère, Rimbaud visait dâabord un introuvable destinataire...<br /><br /><br /><br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/UVSSHdgp7gI" height="1" width="1" alt=""/>

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