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(Reportage) Remise du Prix Etienne-Dolet de traduction - Sorbonne Université à Marc de Launay


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Posté 02 octobre 2019 - 08:23

 

Remise du prix Etienne Dolet de traduction à Marc de Launay

6a00d8345238fe69e20240a4d93a04200b-100wiCe lundi 30 septembre 2019, à la Sorbonne, a eu lieu la remise du prix Etienne Dolet de traduction* à Marc de Launay. La laudatio a été prononcée par Bernard Banoun, président du jury de ce prix qui désignait son lauréat pour la troisième fois (après Jean-Baptiste Para et Mireille Gansel). Câétait aussi hier la Saint Jérôme, patron des traducteurs et la journée mondiale de la traduction. On a noté la présence de Michel Deguy, Bruno Clément, Marc Crépon ou encore Pierre Judet de La Combe.
Bernard Banoun a présenté lâÅuvre de Marc de Launay en la plaçant sous le double signe de la traduction et de la recherche. Le traducteur a traduit relativement peu de littérature (mais il faut citer néanmoins quelques traductions de Rilke, Handke, Kafka ou encore Schönberg pour un livret dâopéra). Car câest surtout dans le domaine de la philosophie et de lâhistoire des idées quâil a travaillé, inlassablement, à faire connaître nombre de philosophes allemands : Adorno, Arendt, le « trio » Rosenzweig/Scholem/Buber, Habermas, Husserl, Nietzsche, Hermann Cohen, Léo Strauss, Cassirer, Rickert, Popper. Il a ainsi contribué à faire connaître en France tout un pan de la pensée allemande très occultée du fait des deux guerres mondiales.
Marc de Launay a ensuite présenté lui-même son travail et son expérience de traducteur, en montrant dans un premier temps comment sa génération (il est né en 1949) a vu naître la traductologie et aussi les grandes associations qui ont promu le travail de traducteurs comme lâATLF (puis Atlas, Les Assises dâArles, etc.). Il a parlé de ses maîtres, depuis son professeur dâallemand au lycée qui lâa confronté au Faust de Goethe et à la scène où Faust sâinterroge sur le Prologue de Jean. Mais aussi de Paul Ricoeur, dont il évoque le travail de traduction, en cachette, de Ideen I dâHusserl à lâOflag, en Poméranie, pour en déduire que lâon peut traduire en plein désespoir. Il reviendra dâailleurs à plusieurs reprises sur la disposition psychique particulière engendrée par le travail de traduction. Il évoque aussi lâimportance fondamentale pour lui de la Grammaire comparée de lâallemand et du français de Jean-Marie Zemb ou de lâécole de Lille, Jean Bollack, Heinz Wissmann et Pierre Judet de La Combe. Il sera question aussi plusieurs fois dâHenri Meschonnic, de Jean-René Ladmiral et dâAntoine Berman dont il finira par sâéloigner en raison de divergences sur la traduction de Freud. Il rend compte par ailleurs de la situation misérable des bibliothèques et des librairies (très peu de livres de poche encore) à lâépoque de ses études, le fait quâon ne trouvait pas les livres sur lesquels on avait cours et que pour lire, il fallait traduire.
On lâa dit, plusieurs fois Marc de Launay a parlé de la disposition psychique très particulière propre à la traduction, qui pour lui stérilise toute tentative dâécriture, dans le même temps. Il lâa comparée à un acte calligraphique : elle sâécrit dâemblée comme un coup de pinceau. Avec une forte insistance sur la matérialité du texte, la traduction devenant alors une sorte dâinterprétation réalisée. Il a défendu l'idée que la traduction philosophique est aussi fondamentalement une traduction littéraire (pour ne pas dire poétique), attentive au rythme, au souffle, à l'univers d'images du texte.
On rappellera pour conclure le compte rendu de cette très belle soirée que Marc de Launay a publié un livre intitulé Quâest-ce que traduire ?
Florence Trocmé

*Placé sous lâinvocation dâÉtienne Dolet, grand humaniste du XVIe siècle, traducteur et auteur du premier traité de traduction en français, ce prix vise à attirer lâattention du public sur lâapport essentiel de la traduction à la culture et aux savoirs.
Le jury est composé dâuniversitaires et de journalistes spécialistes des échanges entre les langues et des questions de traduction.
Composition du jury : Bernard Banoun (président), Guillaume Métayer (secrétaire), Yann Migoubert (Service culturel de Paris-Sorbonne), Pascal Aquien, Laurence Breysse-Chanet, Élisabeth Brunier, Luba Jurgenson, Isabelle Lavergne, Claire Stolz, Florence Trocmé, Daniel Baric, Virginie Bloch-Lainé, Marie-Céline Daniel.

Photo ©Florence Trocmé, à gauche Marc de Launay, à droite Bernard Banoun


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