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(Note de lecture), Courbet, marée montante de Claude Minière par Guillaume Basquin


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Posté 01 novembre 2019 - 10:52


6a00d8345238fe69e20240a4c18acc200d-100wiCâest une gageure que ce nouveau « petit » livre de Claude Minière : livre de commande sur un seul « petit » (50 x 60 cm) tableau de Gustave Courbet, « mineur » dans son Åuvre, qui plus est : Marée montante, 1860 (tableau qui se trouve au Château-Musée de Boulogne-sur-Mer). En acceptant cette commande, le poète prend le contrepied total dâun lourd romancier comme Yannick Haenel avec sa Solitude Caravage (solitude très peuplée, en vérité â de poncifs) ; il fait ainsi montre dâart termite (« on entre par la petite porte »), une fois de plus, contre lâart éléphant blanc (1). Lâart termite creuse quelques galeries profondes sur deux ou trois sites, quand lâart éléphant blanc se veut totalisateur et plein de pathos (en cela, il devient souvent pathétique). La peinture, insiste Minière (après Sollers), nâest pas une image, mais une facture dâ« horrible travailleur » : « Il nây a pas de portrait possible de la mer [â¦], et Courbet peint, au pinceau ou au couteau, [â¦] des paysages où la mer monte dans le tableau, monte au tableau⦠» ; « il [Courbet] cherche, touche sur touche. Au couteau » : câest la mer, telle que la voyait le peintre, allée avec le plus grand réalisme ; fi des idéaux dâatelier ! La figure du « nu féminin » debout derrière le peintre dans LâAtelier du peintre du Musée dâOrsay, « rappel du classicisme et dâIngres », est, littéralement et dans tous les sens, « désormais derrière lui ». Le réel est en avant ! En cela, et nous approuvons, Minière voit en Courbet le véritable contemporain de Rimbaud, « le poète des départs brusques, des âattaquesâ impromptues, lancées immédiatement dans le sujet ». Courbet, comme Rimbaud (mais aussi comme Lautréamont), réagit contre le romantisme : plus de vague-à-lââme, mais des/une Vague(s). Bien campée. Frontale : « âla vérité en peintureâ, telle quâil la perçoit la réalisant ».
Lâart termite, comme lâenfant dans lâAion, joue de son incomplétude ; son jeu est sans pourquoi : il joue pour jouer ; et ce jeu est ce quâil y a de plus profond : il nous protège « des envolées académiques » et autres « charmes idéaux ».
Je vous dois la vérité en littérature : les gémissements pathétiques des romanciers de ce siècle ne sont que des sophismesâ¦

Guillaume Basquin


Claude Minière, Courbet, Marée montante, éd. Invenit, coll. « Ekphrasis », 2019,  64 p., 12 â¬

[1] Manny Farber définissait ainsi cet art modeste dans un article de 1962 titré « Lâart termite et lâart éléphant blanc » (repris in Espace Négatif, P.O.L, coll. « Trafic », 2004) : « Lâart style termite, ver solitaire, mousse ou champignon, a la particularité de progresser en sâattaquant à ses propres contraintes [â¦]. Tout comme les termites, cet art se fraie un chemin entre ses contraintes spécifiques â laissant à croire que lâartiste nâa dâautre but que dâen rogner les frontières immédiates, pour en faire les conditions mêmes de son Åuvre suivante. » Ainsi, ce livre de Minièreâ¦



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