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(Anthologie permanente) Fernando Pessoa, Poèmes jamais assemblés, d'Alberto Caeiro


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#1 tim

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Posté 18 novembre 2019 - 10:07

<p> </p>
<p class="blockquote MsoNormal" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"><a href="https://poezibao.typepad.com/poezibao/"> </a><em><a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20240a4c75c31200d-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Fernando Pessoa poèmes jamais assemblés" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e20240a4c75c31200d img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20240a4c75c31200d-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Fernando Pessoa poèmes jamais assemblés" /></a>Poezibao</em> a publié vendredi dernier une <a href="https://poezibao.typepad.com/poezibao/2019/11/note-de-lecture-fernando-pessoa-po%C3%A8mes-jamais-assembl%C3%A9s-dalberto-caeiro-par-isabelle-baladine-howald.html">note de lecture</a> du livre de Fernando Pessoa, <em>Poèmes jamais assemblés, dâAlberto Caeiro</em>, paru tout récemment aux éditions Unes, avec des traductions de Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade &amp; Fabienne Vallin. <br />En complément voici quelques poèmes extraits de ce livre.  <br /><br /><br /><br /><br />Au-delà du tournant de la route<br />Il y a peut-être un puits et peut-être un château,<br />Ou peut-être simplement la route qui continue.<br />Je ne le sais pas ni ne pose la question.<br />Et quand je suis sur la route avant le tournant<br />Je ne regarde que la route avant le tournant,<br />Parce que je ne peux voir que la route avant le tournant.<br />Cela ne me servirait à rien de regarder au-delà,<br />Vers ce que je ne vois pas.<br />Préoccupons-nous seulement de l'endroit où nous sommes.<br />Il y a assez de beauté à être ici et non quelque part ailleurs.<br />S'il y a quelque chose au-delà du tournant de la route,<br />Que d'autres s'interrogent sur ce qu'il y a au-delà du tournant<br />de la route,<br />C'est bien là ce qu'est la route pour eux.<br />Si nous devons arriver là-bas, nous le saurons quand nous<br />y arriverons.<br />Pour l'instant tout ce que nous savons c'est que nous n'y sommes pas.<br />Ici, il n'y a que la route avant le tournant et avant le tournant<br />Il y a la route sans aucun tournant.<br /><em>1914 <br /></em><br />*<br /><br />Si je meurs jeune,<br />Sans avoir publié aucun livre,<br />Sans voir à quoi ressemblent mes vers en caractères d'imprimerie,<br />Je demande, si l'on veut s'attrister sur mon sort,<br />Que l'on ne s'attriste pas.<br />S'il en est ainsi, c'est bien ainsi.<br /><br />Même si mes vers ne sont jamais imprimés,<br />Ils auront toujours leur beauté, s'ils sont beaux.<br />Mais ils ne peuvent pas être beaux sans être imprimés :<br />Les racines peuvent être sous la terre<br />Mais les fleurs éclosent à l'air libre et à la vue de tous.<br />C'est forcément comme ça. Rien ne peut l'empêcher.<br />Avoir de la beauté, c'est montrer la beauté.<br />Comment cela serait-il possible sans se montrer ?<br /><br />Si je meurs très jeune, écoutez bien ça :<br />Je n'ai jamais été qu'un enfant qui jouait.<br />J'ai été païen comme le soleil et comme l'eau,<br />D'une religion universelle que seuls les hommes n'ont pas.<br />J'ai été heureux parce que je n'ai rien demandé,<br />Que je n'ai pas cherché à trouver quoi que ce soit,<br />Ni trouvé qu'il y avait d'autres explications<br />Que de ne trouver aucun sens au mot explication.<br /><br />Je n'ai désiré qu'être au soleil ou sous la pluie â<br />Au soleil quand il y avait du soleil<br />Et sous la pluie quand il pleuvait,<br />(Et jamais l'inverse)<br />Et ressentir la chaleur, le froid et le vent,<br />Sans chercher plus loin.<br /><br />Une fois, j'ai aimé, j'ai cru qu'on m'aimait, <br />Mais je n'ai pas été aimé. <br />Je nâai pas été aimé pour une seule bonne raison.<br />Parce que je nâai pas été aimé. <br />Je me suis consolé en retournant tout seul au soleil et sous la pluie,<br />Et en mâasseyant à nouveau sur le pas de ma porte, <br />Les champs, en fin de compte, ne sont pas aussi verts pour ceux qui sont aimés. <br />Que pour ceux qui ne le sont pas.<br />Ressentir, câest avoir lâesprit ailleurs<br />                                                                                   <em>7 novembre 1915<br /></em><br /><em>*<br /></em><br />La stupéfiante réalité des choses<br />Est ma découverte de tous les jours.<br />Chaque chose est ce qu'elle est,<br />Et il est difficile d'expliquer à quelqu'un combien cela me met en joie,<br />Et combien cela me suffit.<br /><br />Il suffit d'exister pour être complet.<br /><br />J'ai écrit suffisamment de poèmes.<br />J'en écrirai beaucoup plus, bien entendu.<br />Chacun de mes poèmes dit cela,<br />Et tous mes poèmes sont différents.<br />Chaque chose qui existe est une façon de le dire.<br /><br />Parfois je me prends à regarder une pierre.<br />Je ne pense pas qu'elle puisse ressentir quelque chose.<br />Mais je ne me hasarde pas de l'appeler ma sÅur.<br />Je l'aime parce qu'elle est une pierre,<br />Je l'aime parce qu'elle ne ressent rien,<br />Je l'aime parce qu'elle n'a aucune parenté avec moi.<br /><br />D'autres fois, j'écoute le vent passer,<br />Ça vaut la peine d'être né juste pour écouter passer le vent.<br /><br />Je ne sais pas ce que les autres penseront en lisant cela ;<br />Mais je trouve ça bien parce que ça me vient sans effort,<br />Sans avoir l'idée que d'autres personnes m'entendent penser.<br />Parce que je le pense sans pensées,<br />Parce que je le dis comme le disent mes mots.<br /><br />On m'a traité une fois de poète matérialiste, <br />Et ça m'a étonné parce que je ne pensais pas <br />Qu'on puisse me traiter de quoi que ce soit. <br />Je ne suis même pas poète : je vois.<br /><br />Si ce que jâécris a de la valeur ce nâest pas moi qui en ai : <br />La valeur est là, dans mes vers. <br />Tout cela est absolument indépendant de ma volonté.<br /><br />                                                                                   <em>7 novembre 1915<br /></em>             <br /><br /><br />Fernando Pessoa, <em>Poèmes jamais assemblés dâAlberto Caeiro, </em>traductions du portugais de Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade &amp; Fabienne Vallin, éditions Unes, 2019, 50 p., 16â¬pp., 10, 11 &amp; 14.<br />Lire la <a href="https://poezibao.typepad.com/poezibao/2019/11/note-de-lecture-fernando-pessoa-po%C3%A8mes-jamais-assembl%C3%A9s-dalberto-caeiro-par-isabelle-baladine-howald.html">note de lecture dâIsabelle Baladine Howald</a> qui donne de très nombreux autres extraits du livre. <br />Voir les <a href="https://www.editionsunes.fr/catalogue/fernando-pessoa/">autres parutions</a> de Pessoa chez Unes<br /><br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/5n4TbYUFN9g" height="1" width="1" alt=""/>

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