A toi, ma sœur de l'autre côté de la Terre,
Sur d'autres continents, au-delà des frontières,
Envers et contre tout, tu as brisé tes chaînes,
Seule, tu t'es affranchie de tout ce qui t'enchaîne.
A toi, la femme violée et répudiée
Qui a subi tant de grossesses indésirées,
Tu as dû cultiver la terre le dos courbé
Pour pouvoir te nourrir quand la nuit est tombée.
A toi, ma sœur à qui les hommes ont enlevé
Un droit fondamental : celui d'étudier
Car tu n'as de pénis ou de pomme d'Adam,
Ils te déclarent impure lorsque coule ton sang.
A toi, la jeune louve aux yeux pétillants,
La tête toujours haute, les mots incandescents,
Tu n'as pas écouté la fameuse « raison »
Qui t'aurait voulue triste et seule à la maison.
A toi, la femme encore jeune et déjà mère,
Défigurée pour présomption d'adultère,
Une pluie d'acide ou bien des coups qui pleuvent,
Tu n'as plus qu'une envie, te jeter dans le fleuve.
A toi, ma sœur qui a déjà perdu les tiens,
Qui les pleure sans cesse, du soir au matin,
Laisse du temps au temps et panse tes blessures,
Tu as droit au bonheur, même avec tes fêlures.
A toi, la femme révoltée et engagée
Qui foule les pavés et va manifester,
Qui défend les plus faibles, ceux qui sont invisibles,
Pour que tous aient des droits, tu fais tout ton possible.
A toi, ma sœur libre de choisir qui tu aimes,
Indifférente au genre ou au nom de baptême,
Toi qui as su rester maîtresse de ton désir,
De ta sexualité et de ton plaisir.
A toi la scientifique, et à toi l'écrivaine,
A toi la musicienne et toi la chirurgienne
Qui avez lutté pour vivre votre destin,
Vous donnez de l'espoir à nos sœurs de demain.
A vous, mes sœurs, j'adresse tout mon soutien sorore
Et vous écris ces mots quand se lève l'aurore
D'un monde où ces abus seraient irréalistes,
D'un monde où nous serions tous féministes.
Muguetto