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Entre le rien... Et le tout...


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#1 balila

balila

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Posté 22 mars 2020 - 12:20

Entre le rien….

 

De ceux à qui l’on demande de ne pas bouger, de se tenir en retrait, d’être inexistant, de ne surtout pas communiquer, pour qui plus rien n’existe que la cellule au sein de laquelle il nous faut prendre du recul, car nous n’avançons plus qu’au rythme lent du temps qui ne passe pas mais qui, paradoxalement, s’allonge en s’étirant sans fin, toute notre énergie couchée en son sein, au repos, silence… Plus de geste pour se toucher, ni de parole à proximité. Plus rien n’existe que nous, les autres s’effacent de notre existence, on a gommé le monde, effacé les mains tendues, jeté les paroles au vent à plus d’un mètre de distance. Confinement. Espace de liberté imposé. Quel drôle de paradoxe : on nous libère et dans le même temps on nous enferme.

 

Et le tout

 

De ceux qui n’ont pas de temps, pas assez pour avancer, rendre compte, soigner, guérir, pour qui tout est rempli, encombré, plein à ras bord, trop rapide, pas de temps pour prendre le temps, trop de tout, d’humains sur des brancards, de monde dans les couloirs, trop qui attendent, tous qui espèrent, ce fracas du monde en face de ceux qui ne sont plus rien que des âmes solitaires rassemblées chacun chez soi et qui, pourtant, aimeraient secourir ceux qui oeuvrent avec acharnement dans ce couloir trop étroit du soin ouvert au monde sans défenses.

 

Le même combat.

 

Ce vide dans les rues, ce plein dans les appartements, ce vide dans les bâtiments, les musées, les usines, et ce trop plein dans les hôpitaux, ces milliers de corps malades ou soignants qui combattent pour la survie, et ceux qui se retirent du monde pour que cesse ce combat.

 

J’ai des oiseaux dans la tête, des envies de goéland, de mouettes et d’océan, mais j’attends l’heure du laisser passer. Comme autrefois le pont levis s’est fermé autour de la ville, le pont n’existe pas mais nous avons mis des barrières aux portes des appartements.

 

Et dans le rien il y a ce bruit qui n’existe plus, celui du monde alentour qui remplissait l’espace, et qui dans ce plus rien, s’efface. La rue, les parcs, le bord des rivières sont devenus déserts. Seuls les oiseaux bourgeonnent de piaillements joyeux dans ce printemps naissant, et je me dis que ce renouveau est déjà du réconfort, une lumière, l'évasion, même si c’est juste le regard qu’il faut porter haut vers le ciel en attendant que nous puissions de nouveau fouler la terre côte à côte, coeurs à corps, main dans la main...

 

balila