Comment vous décrire, ce vide sidéral
Où je n’entends plus rien que l’inaudible râle
D’un univers qui fond, sous mes yeux occultés,
Du moindre de mes sens, l’infinie cécité.
Tout la haut dans les cieux les étoiles s’enfuient
Le soleil s’éclipse sans l’astre de la nuit
Car même la lune hier si prolifique
N’est rien de plus qu’un astre terne et désertique
Rien ne brille la haut, les beaux nuages gris
Qui de vagues habillaient les coteaux sous la pluie
Sont partis dans un vent désespérément vide
Vers des terres que je sais cruellement arides.
Les grands arbres magiques aux ombres d’été
Qui cachaient nos amours aux regards hébétés
Semblent noir squelettes Sans même un sifflement
Ni d’une feuille morte le moindre bruissement.
Les volcans que l’on sait de nature, blagueurs
Brûlant villes et hommes a chaque fois qu’ils pleurent
Ne sont plus que terrils sans plus de fumerolles
Ni braises ni vapeurs que dans mes casseroles.
La terre si tendre, qu’elle fécondait l’espoir,
Ces vallons qui coulaient belles ombre du soir
L’odeur d’herbe coupée, les souvenirs d’enfance,
Le semeur n’y jette que le grain de l’absence.
La rivière, l’eau, et ces beaux poissons d’argent,
Qui charriait nos désirs et des cris d’enfants,
S’est figé de la source à son large estuaire
Immobile et sourde a mes dernières prières.
L’océan si profond que s’y noie l’univers
Ou les pêcheurs bretons font la frayeur des mères
Qui rend marins poètes et poètes marins
Ne respire guère plus que le verre dans ma main.
Et toi ma trop douce, que je revois passé
Pour la centième fois la mine embarrassée
Que peux tu faire pour moi alors que je sombre,
Je vois bien tu sais que tu recherches mon ombre
Ce vide qui transpire des pores de ma peau,
De même qu’il m’aspire, me fait froid dans le dos.
Je voulais tant de choses vous dire ce dimanche
Et je suis comme un con devant ma feuille blanche.
Cannes 2008 revu et corrigé Valeroure 2020