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(Note de lecture) Astreinte à Côme, de Mathieu Nuss, par Bruno Fern


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Posté 11 mai 2020 - 09:17

<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"><br /><a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...23a40200d-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Mathieu Nuss astreinte à Come" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e20263e8623a40200d img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20263e8623a40200d-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Mathieu Nuss astreinte à Come" /></a>En ces temps si particuliers de restriction des déplacements, la parution de ce livret résonne étrangement puisquâil y est question de deux immobilités qui se font face : dâune part celle dâune photographie, « une scène restreinte de 72x50 cm » où un paysage italien se retrouve à la fois figé et dynamisé par le regard porté sur lui, et dâautre part celle dâun quasi quadragénaire tétraplégique à la suite dâun accident, « alité dans des replis de draps blancs, devant le cliché, un rectangle dâextérieur ni plus ni moins â son unique extérieur désormais envisageable. »<br />De cette confrontation insolite, Mathieu Nuss a tiré un texte en prose lui aussi peu ordinaire qui, comme celui du photographe, suppose lui aussi un cadrage. Il y multiplie les plans â ceux de la photographie : le dallage blanc dâune place située devant un <em>Duomo </em>cerné par les inévitables « grappes de touristes, moutons et bergers », puis les signes (volets, rails, balcons, etc.) dâune ville que lâon devine autour et au-delà, enfin une colline ensoleillée encore plus loin, procurant une « sensation de protection utérine » ; celui de lâhomme paralysé, mutique, dont « seul aujourdâhui lâÅil lui reste, seul mobile possible à lâaction » ; et celui, dans lâentre-deux, du texte lui-même où il sâagit, justement, de créer du mouvement à travers les phrases : « Comme des larmes coulent en petits pelotons, rangs serrés, parallèles, ou à peu près, ou se superposent à tout ce qui ne les retient pas, les phrases se conçoivent dans lâenvie de progresser, affranchies, parallèles, ou à peu près, âmes qui, vivantes, acquièrent une méthode, manifestent quelques mécaniques. » â lâauteur commentant donc sa propre activité, ce recul réflexif rajoutant une dimension à son travail. Un dernier espace vient faire écho au texte avec les trois dessins de Mélanie Delattre-Vogt dont les titres, <em>Oiseau</em> pour lâun et <em>Échec</em> pour les deux autres, évoquent à eux seuls ce désir contrarié dâune mobilité qui, malgré tout, parvient à exister grâce aux rapports établis entre les différents éléments mis en jeu.<br />Et câest bien parce quâau-delà des apparences il y a forcément des mises en mouvement, des circulations permanentes (par exemple, le corps cloué au lit est « composé à 70 % dâune eau qui date de plusieurs centaines de milliers dâannées â lâéternel est physiquement en nous ») que lâécriture doit essayer dâen constituer une réplique, mot à entendre dans toutes ses acceptions. Placée sous le signe dâune citation liminaire de Denis Roche (qui fut lui-même écrivain avant de se consacrer à la photographie), une telle tentative est ici indéniablement réussie par Mathieu Nuss, notamment grâce à son sens du phrasé, son ouverture lexicale et la multiplicité de ses références subtilement entrecroisées â littéraires, musicales, scientifiques ou picturales. Ainsi il illustre à sa façon cette phrase de Michel Deguy : « Le poème fait faire le tour dâune chose inconnue â dont il propose une vue. »<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a><br /><br /><strong>Bruno Fern</strong><br /><br />Mathieu Nuss, <em>Astreinte à Côme,</em> dessins de Mélanie Delattre-Vogt, éditions Fidel Anthelme X, collection « La Motesta », 2020, 7 â¬<br /><br /></span><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';">[1] </span><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"></a>Revue<em> Le Nouveau Recueil</em>, n° 67<br /><br /><br /></span></p>
<p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"></a></p><img src="http://feeds.feedbur.../~4/goFKKIGQ0MA" height="1" width="1" alt=""/>

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