Aller au contenu

Photo

(Anthologie permanente), traductions inédites de Laborintus d'Edoardo Sanguineti, par Valérie T. Bravaccio


  • Veuillez vous connecter pour répondre
Aucune réponse à ce sujet

#1 tim

tim

    Administrateur

  • Administrateur principal
  • PipPipPipPip
  • 5 689 messages

Posté 13 mai 2020 - 01:16


Hommage à Edoardo Sanguineti
Valérie T. Bravaccio

6a00d8345238fe69e20264e2da149a200d-100wiComment rendre hommage* à lâun des écrivains les plus connus en Italie quand il nâest pas autant connu en France ? Lâon pourrait écrire des lignes et des lignes interminables pour le présenter, présenter son Åuvre littéraire (poésies, romans, pièces de théâtres) au risque de se perdre et de perdre le lectorat francophone.

Né le 9 décembre 1930 et décédé le 18 mai 2010, Edoardo Sanguineti fut avant tout un intellectuel. Dans son testament, il a écrit quâil souhaitait donner à sa ville natale, Gênes, les 24 000 livres de sa bibliothèque personnelle. Depuis 2014, un fonds lui est réservé à la Bibliothèque Universitaire de Gênes, Magazzino Sanguineti, que lâon peut consulter en cliquant sur ce lien. Ce fonds rassemble non seulement toutes les premières éditions de ses Åuvres mais aussi de nombreux liens vers des vidéos inédites. Edoardo Sanguineti aimait aussi les dictionnaires et les encyclopédies, les livres dâart, les littératures étrangères et, bien entendu, la littérature italienne. Vingt-quatre mille livres lus tout au long de sa vie, câest le témoignage dâun amour hors du commun pour la littérature et les sciences humaines.
Pour lui rendre hommage, une image mâest revenue en tête : il sâagit des derniers photogrammes du film néo-réaliste de Roberto Rossellini, Rome ville ouverte (1945) qui montrent un groupe dâadolescents de dos, marchant vers leur avenir où tout est à reconstruire. Edoardo Sanguineti fait partie de cette génération qui a connu la deuxième guerre mondiale pendant lâadolescence. On pourrait imaginer sa silhouette dâadolescent de 15 ans à la fin de ce film mondialement connu, mais en le positionnant un peu à lâécart des autres car son projet est de construire une vision du monde de lâaprès.

Cinq années plus tard, Edoardo Sanguineti a 20 ans. Il commence à écrire son Åuvre la plus connue en janvier 1951 qui va être partiellement publiée dans la revue florentine intitulée Numero en 1952 et 1953 sous le titre Laszo Varga. Puis, en 1956, sa première Åuvre est publiée dans son intégralité chez lâéditeur Magenta à Varese sous le titre Laborintus â Laszo Varga 27 poesie (1951-1956). Dâaprès le titre, sa première Åuvre est un recueil de vingt-sept poésies. Mais à quoi ressemblent-elles ? Pour le savoir, il suffit dâaller à la page 5 de ce document indiqué par le lien pour y lire lâincipit de Laborintus.
Au lieu dâun titre en lettres, un numéro, puis de longues lignes dâécriture sans signes dâassise (virgules, point, majuscules), avec des décrochements, écrites en italien et en latin (les 26 autres ont sensiblement la même configuration avec aussi du grec, du français, de lâanglais et de lâallemand). Il est vrai que la typographie des lignes décrochées pourrait évoquer celle du célèbre Coup de dés de Stéphane Mallarmé. Sauf quâhistoriquement, entre lâÅuvre de Mallarmé et lâÅuvre de Sanguineti, il y a eu la bombe nucléaire. Ce phénomène très destructeur pour lâhumanité est également source de nouveauté artistique pour Edoardo Sanguineti.
Il est alors possible dâimaginer quâen 1951, il a lâidée dâaller de lâavant en proposant une Åuvre qui naît dâune forte déflagration du paysage littéraire depuis sa création (dâoù lâinsertion du grec, du latin, etc.) faisant retomber dans Laborintus des morceaux de pages déchirées, des citations, des mots, des graphèmes, des particules de sons. Cela dit, Laborintus nâest pas un terrain vague sur lequel sont retombées çà et là des bribes de la littérature de lâHumanité. Edoardo Sanguineti crée un nouveau procédé dâécriture très structuré et solide avec lâespoir quâun lecteur ou quâune lectrice saura, comme lui, construire un nouveau monde référentiel. Car Laborintus est un formidable terrain de jeu pour celles et ceux qui aiment déceler des surplus de communication créés par lâarbitraire de la Langue, rechercher les auteurs des citations, analyser la grammaire, les figures de rhétorique, la métrique, le rythme, qui font éclore des réverbérations référentielles. Les lignes écrites en « laborintese » comme Edoardo Sanguineti aimait à définir son écriture, projètent le lectorat dans de nouveaux horizons. Impossible donc de lire Laborintus « comme avant », il faut le lire « en avant ».
Sa nouvelle vision du monde nâa dâégal dans La Littérature, même en ce début du XXI° siècle. Traduire en français Laborintus serait idéal pour transmettre sa « chanson méthodologique » au delà des Alpes et, pourquoi pas, donner un souffle nouveau à la création. Voici, avec lâaimable autorisation des enfants de Edoardo Sanguineti, Federico, Michele & Giulia, un extrait de ma traduction inédite de Laborintus :


Valérie T. Bravaccio propose ici une traduction inédite de Laborintus 1, 22, 25, 27. Elle est proposée au format PDF à ouvrir d'un simple clic sur ce lien.

Image : source

*Dans quelques jours, ce lundi 18 mai, cela fera dix ans qu'Edoardo Sanguineti est mort.


bKibC94Fr5Y

Voir l'article complet