(Note : Un extrait du "Journal littéraire" de Loup-de-lune, après son voyage en deuil de Mademoiselle LIN, au coeur de l'archipel de Zhoushan, dans la province du Zhejiang, en Chine, durant le mois de juillet 2016.)
Portais-je en moi
Une oeuvre
Plus grande
Que cette présence ?
Je me souviens
De l'écriture despotique
Et maladive
Dans une chambre
Aux rideaux rouges
Épais et fermés
Chaque jour
Chaque jour elle m'assujettissait
Des pages
Et des pages
Et davantage encore de pages
Mademoiselle LIN était venue
La sonnerie soudaine
Cristallisée dans la solitude
Et le tourment
La grâce jumelle de son corps si frêle
Ce parfait vouloir spéculaire
De ses longs cheveux de jais
Du sourire de sa candeur
Des yeux de sa lumière
Son âme chinoise
Qui musiquait les mots français
Et portais-je en moi
Une oeuvre
Plus décisive
Que cet amour ?
Mademoiselle LIN
Était de taille
Contre l'écriture colosse
Et ses globes d'amaurose
Contre le dragon excessif
Qui m'asservissait
Qui m'épuisait
Qui m'aliénait
Contre la plénitude
S'enorgueillissant de perdurer
Mais non
De cahier
En cahier
Le monstre
Irait l'éloignant
Et Mademoiselle LIN aura glissé
Dans un abîme de neige
Abîme du papier blanc
Toujours recommencé
Où chaque pierre de meurtrissure
A le péremptoire de mes monèmes
Chaque arbre où s'agripper
L'impuissance de mes ratures
Mais portais-je en moi
Une oeuvre
Plus comprenante
Plus accomplissante
Que cette dilection ?
Loup-de-lune
LIU Bizheng

Portais-je en moi
Débuté par En hoir de Loup-de-lune, mai 20 2020 11:10
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