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Ouïe
De coup en coup minuit
a pointillé un chien sans distance
dont l'intermittent aboi
lustre le silence
*
Je me réduis à cette volonté
qui sait changer ces fortuites granules d'or
en ta lettrine sonore
*
oiseau gravé
sur le verre
la chaleur d'un regard
l'a pris pour un reste de givre
et ravi en son bleu de ciel
*
Après l'orage
sur la surgie du ponant
la métamorphose des nuages
La fuite mauve d'une hydre
atteint à l'aile angelicielle
Un instant de Cerbère
aboie la dernière foudre
La saillie d'une église
s'adonne à la roseur
La lune déjà renaît
de ce qui la dévore
et le demeurant de l'appétence
lui devient un anneau saturnien
*
cette force
dans le bleu pastel
qui arque la minute nébuleuse
*
jeune veine frémie
la peau à son ouvrage
de diaphane
parmi l'été
qui se prononce
ailes et pétales
s'engendrent
*
Assomption
une jeune femme
elle joue de la harpe
sa robe de gaze
et de la corolle musicale
s'exhale l'absence
*
tant d'élucideurs par le poème
mais pourquoi, par le poème, ne pas suspendre
l'énigme dans l'inélucidable ?
*
effleureuses de carreaux
des oiselles naissent dans le tamaya
mais brûlent dans le céladon de leurs ailes devenues flammes
*
infimes encres frémies
devant les éclats de safran
les vergers éteints
dessinent leurs désirs de fruits
*
Tout avait brûlé
des oiseaux de braise
rapportaient le crépuscule
*
Indemnes
linéaments
de l'azuréenne hoirie
quelques oiseaux d'air
ils éconduisent les allégories
qui éploient des plaies trémières
*
Le congé des repères
échevelle le délai
silhouette des lisières
parmi l'aubier
qui s'embrume
fabuleront des portes
linéaments de l'enfuie
la jouvence s'inachève en redoux d'or
dans la lumière giboyeuse
la trace interroge la poudre
l'emprunteur de ses erres
espace la dernière bête d'évidence
*
Loup-de-lune
LIU Bizheng