Bestiaire européen
#1
Posté 26 juillet 2020 - 04:29
Fondamentalement contre-intuitive
Des coeurs français
Décrit le monde d'étranges façons
Et fait du
Quotidien un espace de réclusion.
Mais les coeurs
Allemands eux ne brillent pas plus
Au soleil
Que dans les fontaines à pétrole
À l'ombre
Des bétulas ils sont recroquevillés.
Que j'aime,
Au contraire, ceux portugais qui chantent !,
Qui font du français
Comme je fais de la poésie ou du vernissage
Qui font l'amour
Comme ils chantent et me font tourner la tête.
Parfois les coeurs trop creux
Espagnols me font de la peine en ce sens qu'ils ne sont que
De perdus portugais
Pauvres et oubliés et morriñés ! quand reverront-ils
Leur petit village
Ibérique et la beauté de la vie comme elle ne se fait pas chez eux?
Et ceux normands
Bien différents de tous les autres
Sont un peu
Une sorte de plaque dignement commémorative
De guerres cardiaques
Pas trop voyageurs mais solitaires en crise
Puis il y a les anglais
Qui au contraire ne me font pas trop de peine
Glacés tout là-haut
Mais réchauffés par le vent de l'Islande toute proche
De l'horizon vide
Cordiale corde de mer les embrasse jusqu'aux suédois
Dont je sais si peu
Jusqu'au fin fond de la campagne orientale
Dont je rêve un peu
Du Mont noir aux plages beurrées de ciel bleu
Aux monts serrés
Brisés tristes durs dévoués et un peu palpitants
Aux étoiles
Qui se rêvent en organe allant-et-venant
Les cerveaux
Qui regardent un peu plus bas en rougissant
J'ignore
Quel est la direction du corps et de l'écoulement du temps
Mais avant tout
Le coeur européen de mes rêves est un peu
Vietnamien
Resplendissant dans les sumacs florissants et les choux rouges
Dans les betteraves
Et la terre battue de sueur et de poussière
Du temps passé
Des guerres autant mais de passion bien plus
Et je le vois
Dans le coeur des gens ce petit fond annamite
Qui se fait calme
Et j'emporte avec moi mes restes de souvenir
Plongeant
Dans ces plaisantes saveurs dépaysantes et carminées
Avalant
À grandes goulées les sapidités salivantes et communistes
Mangeant quelques lèvres
De cette vingtenaison qui me plaît fort jusqu'aux globules.
- M. de Saint-Michel, Anwen et jim aiment ceci
#2
Posté 27 juillet 2020 - 12:24
#3
Posté 27 juillet 2020 - 10:25
Le flot coule, de Du Bellay à Gab... en un ECG dont les extrasystoles ne font que renforcer la musique du rythme impair marqué d'allitérations.
Regard de l'autre, regard sur l'autre... D'ici à l'ailleurs. Du cliché microscope aux images plus surréalistes macroscope : observation des poitrines mi-empathique, mi-humoristique.
Que deviens ce "je" au milieu de tout ? Un globe, une bulle ? L'unique, le tout ? Ce je qui joue ? Qui aime ou rage y cherche un pouls... à cet Europe belle bête comme tout !
#4
Posté 28 juillet 2020 - 05:52
#5
Posté 28 juillet 2020 - 08:49
Euh... c'était juste une façon de souligner l'intertexte : "quand reverrai-je de mon petit village..."
- Laurence HERAULT et gab aiment ceci