Il y eut cet instant de vide,
Cet instant sans colère et sans arme
Devant le teint livide
De ton visage, désormais paisible et sans âge,
Devant tes paupières closes
Ouvertes sur une autre lumière que celle
Offerte à la banalité des choses.
Où se rendent les âmes ?
Lorsque lassées des corps
Elles voguent et entament
Ce long voyage sans décor ?
Vers quel ciel volent-elles ?
Qui leur donnent des ailes ?
Où se rendent-elles ?
Vers quelles terres. ?
Vers quelles mers ?
Ton âme, à la grâce d'une colombe fragile,
À l'envol incertain,
Ira t-elle au loin vers l'horizon,
Le soir lorsque enfin le jour bascule
Et fait à la nuit la liaison
D'incandescents crépuscules ?
Cet après-midi d'hiver,
Plaintif comme un lieder de Schubert
Je marche en aveugle
Dans l'épaisseur de ton absence,
En espérant obtenir
Plus que la légèreté d'un souvenir,
la persistante vision de ta lumière éteinte.
Pourrais-je mêler l'avec et le sans toi ?
Peindre longtemps tes rires ?
Dessiner toujours tes sourires ?
Et sculpter parfois tes larmes
Dans un automne inachevé ?
Tu es mon âme sœur,
Mon rêve d'éternel,
L'idée même des heures
Suspendues dans le ciel...
S'il ne devait me rester qu'une pensée,
Si je devais perdre tout ce que je sais,
J'écrirais sur mon cahier bleu d'écolière,
Ces trois mots que je ne saurais oublier.. JE T'AIME !