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Baudelaire


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17 réponses à ce sujet

#1 Alfred

Alfred

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Posté 21 décembre 2020 - 10:05

Baudelaire est-il un déséquilibré ou un grand artiste ? Ou, est-on un grand artiste parce qu'on est un grand déséquilibré ? Ou, est-ce que le déséquilibre a de l'importance pour être un artiste ? Ou, plutôt que de favoriser l'art, on favorise le déséquilibre ? Ou, l'art n'a aucune incidence sur le déséquilibre ? Ou, il y autant d'art que de déséquilibre ? Ou, l'art est aussi marchand que le déséquilibre ?



#2 serioscal

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Posté 21 décembre 2020 - 10:43

Tu lis le livre de Jean Teulé toi aussi ?

#3 Alfred

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Posté 22 décembre 2020 - 01:17

J'ai récemment lu la biographie de Baudelaire par Henri Troyat. Ce n'était pas très fin, pas terrible, très peu de théorie littéraire, elle est essentiellement constituée de lettres de Baudelaire à sa mère. Mais bon, il y a des anecdotes assez drôles.

Jamais lu Jean Teulé, je connais de nom et de réputation ça ne me donne vraiment pas envie. Je relis la conjuration des imbéciles là.



#4 Hattie

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Posté 22 décembre 2020 - 05:57

... ou le déséquilibre ne fait pas que tomber _



#5 serioscal

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Posté 22 décembre 2020 - 07:14

Je l'ai lu en 1993. Il faisait chaud, c'était l'été. Je me souviens que le traducteur utilisait des anglicismes avec une orthographe francisée, du genre : "coquetèle", ce qui était un peu gênant à la lecture. J'en garde néanmoins un bon souvenir car j'ai une certaine affection pour les romanciers américains qui écrivent des histoires d'homme seul face au monde hostile, sans morale. J'aime bien Dostoevsky aussi.  Mais je ne sais jamais trop comment écrire son nom, en français. J'ai lu pas mal de livres de lui en 1990 et 1991, l'été, en mangeant des gâteaux sur mon lit. Puis j'ai lu d'autres romanciers, pas seulement russes et américains. Mais je recherchais avant tout de la littérature de genre "gore", ce qui est devenu très rare. Il y a un peu de genre "gore" chez Jean Teulé, en particulier dans "Mangez-le si vous voulez". Je l'ai lu en 2010, je crois. Je venais de lire cinquante ou cent romans de la collection "Gore", sans doute 60 ou 65. Mais j'en garde un bon souvenir. En 1994, j'ai lu "Absalon Absalon" de Faulkner. Ce livre m'a tétanisé ! J'en garde un souvenir terrible. Il parlait sans cesse de l'odeur de glycine et je n'avais jamais senti de glycine de ma vie ! J'ai su ce qu'était la glycine en 2010, à Nanterre. Du coup, dans les gares j'achetais des romans de Frédéric Dard, que je lisais aussi dans mon lit ou dans le train, selon les jours. Si je devais me déplacer, je prenais le train et je lisais dans le train. Mais si rien ne m'obligeait à sortir et à utiliser l'excellente desserte régionale de transports en commun dont je disposais alors, j'ouvrais un paquet de gâteaux et je lisais des livres, des romans ou des essais. J'ai bien aimé lire Roman Jakobson parce qu'il est très intelligent.



#6 serioscal

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Posté 26 décembre 2020 - 07:01

Je viens de terminer le Crénom, Baudelaire ! de Jean Teulé. C'est intéressant parce qu'il y a trois fois le mot "série" dans le livre.

 

"Le premier étage s'ouvre sur un long couloir bordé à droite par une série de fenêtres hautes et claires donnant sur une cour fleurie en ce mois de juin." (p.10)

 

"Charles Baudelaire à sa table se trouve maintenant brutalement en panne d'inspiration alors, dans un verre, il fait tomber un grand nombre de gouttes d'opium qu'il compte par séries de dix. (pp.180-181)

 

"Chez lui, il compte les gouttes de laudanum par séries de cent, lorsque ça frappe à sa porte (p.347).

 

Pour ceux que ça intéresse, il est également possible de compter les séries de gouttes avec de l'eau et un verre d'eau. Amoureux de l'exactitude, vous préférerez une pipette pour ce faire. On peut s'abstenir de transposer au vin l'expérience. A aucun moment du livre, Baudelaire ne compte les gouttes de vin, ce qui est intéressant à observer.

 

Quant aux fenêtres, la référence à Gérard de Nerval est si évidente que je m'abstiens de la commenter, par respect du lecteur. C'est aussi là que le livre devient intéressant, cela dit (à la page 10, c'est plutôt bien imaginé) !



#7 Hattie

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Posté 26 décembre 2020 - 07:16

J'hésitais à le lire, mais là ça donne envie _

 

J'aime assez Teulé, original, bien documenté, plutôt enjoué, même dans le ' gore'..(Mangez-le si vous voulez ') _



#8 serioscal

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Posté 26 décembre 2020 - 07:57

Les trois séries sont situées p.10, 181 et 347. C'est un livre sobre et bien équilibré.



#9 denis_h

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Posté 26 décembre 2020 - 10:53

je viens de lire les 200 premières pages d'histoire de la folie à l'âge classique de michel Foucault.

 

pas d'apparition du mot série pour l'instant.



#10 serioscal

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Posté 26 décembre 2020 - 11:28

C'est intéressant. Michel Foucault a un emploi mesuré et raisonné du mot "série". Je n'ai pas lu l'Histoire de la folie mais dans Les mots et les choses, la série apparaît dans des contextes toujours très maîtrisés. Le mot devient omniprésent dans L'archéologie du savoir, il est défini avec une grande précision dans L'ordre du discours. Moins sous l'influence de Pierre Boulez, qu'il fit entrer au Collège de France que de l'histoire sérielle d'Emmanuel Le Roy Ladurie et de Pierre Chaunu, dont les méthodes statistiques l'ont beaucoup marqué. Quand le mot "série" apparaît sous la plume de Foucault, il est toujours pesé, ce qui contraste fortement avec le sérialisme frénétique de Gilles Deleuze.



#11 denis_h

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Posté 30 décembre 2020 - 02:18

hélas,

 

j'ai bien peur que le mot "série"

 

n'apparaisse pas une seule fois,

 

dans l'ensemble de mes textes publiés.

 

c'est grave docteur ?



#12 serioscal

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Posté 30 décembre 2020 - 08:35

C'est un sujet complexe, qui ne préjuge en rien de la valeur du texte et qui ne le place même pas réellement hors de la sériographie, puisque la question de l'absence du mot "série" dans un texte produit depuis le XVIIIe siècle nécessite une même attention que sa présence, dans l'histoire du mot. Or, il s'agit là d'un exercice périlleux car, contrairement à la présence même rare, l'absence du mot dans un texte n'offre aucun appui textuel pour l'analyse. Alors que le mot une fois inscrit, on peut l'étudier dans son existence syntaxique, dans ses corrélations lexicales, dans sa phrase phonologique et accentuelle, dans la série ou ordres des discours où lui-même s'inscrit, etc. L'absence de série, me semble-t-il, est un cercle vicieux. Il est des cas nets d'évitement. Leur cause m'en est le plus souvent inconnue. Les auteurs qui rejettent la série utilisent le mot généralement, comme tu viens de le faire et comme faisait déjà Jean-Baptiste Féraud à la fin du XVIIIe siècle. Lui, il s'agaçait qu'on employât un mot "inconnu du commun" là où le mot "suite" conviendrait aussi bien. Donc, l'absence du mot "série" si elle exprime un rejet le fait de façon très subtile, quasi indétectable puisque le terme n'est jamais prononcé (ce qui peut amener à des spéculations proches de la paranoïa). C'est l'interrogation que j'ai depuis vingt ans sur un petit traité de déclamation théâtrale d'après-guerre. L'ouvrage ne comprend pas une seule fois le mot "série", ce qui peut paraître assez banal mais dans ce cas précis, toutes les probabilités étaient réunies pour que l'auteur emploie une fois au moins le mot "série" : il s'agissait d'exercices gradués de prononciation, la série affleurait presque à chaque page. Or, elle n'est jamais venue. Je laisse l'interrogation ouverte quand à la motivation ou à la non-motivation de cette absence. Voyait-il dans le mot "série" un mot excessivement technique ou scientifique, voire conceptuel ? L'absence de série dans cet opuscule correspond-il simplement à un phénomène statistique, aléatoire, d'exploitation individuel du stock de la langue dont un terme aurait été relégué ? Je ne saurais le dire.

 

Un autre mystère concerne la tradition poétique, plus particulièrement celle du XIXe siècle puisque, de tous les vers que j'ai pu lire, de tous les ouvrages de poésie que j'ai pu "scanner" informatiquement, qu'il s'agisse d'Hugo, de Baudelaire, de Rimbaud, de Verlaine, etc. je n'ai à ce jour jamais pu relever le mot "série" dans le moindre vers. Ici, les éléments d'analyse sont plus nombreux que pour le manuel de déclamation. Déjà, le corpus est beaucoup plus vaste, ce qui rend réellement intrigante l'absence totale du mot "série" dans le vers français, jusqu'à André Breton ('L'air de l'eau", ca 1924). Puis, nous savons que nous avons affaire à un domaine du discours extrêmement conservateur. Or, le mot "série" au XIXe siècle non seulement était très jeune mais encore il était très prisé du monde scientifique, de la philosophie positiviste, comme des arts et métiers. C'est très net chez Baudelaire, qui a un usage pondéré mais non pas anecdotique du mot "série" dans sa prose et dans ses traductions. En revanche, le mot "série" n'atteint jamais le vers baudelairien. C'est curieux et intéressant car on sait que Baudelaire ne dédaignait pas d'intégrer à son vers des mots récents ou marquant la modernité technique ("élastique / électrique"). Même analyse pour Nerval, Rimbaud ou Apollinaire. Pourtant Rimbaud intitule un poème de l'Album zutique "Connerie. Deuxième série" et Verlaine forge un joli diminutif qui est resté un quasi hapax depuis lors, "sériette", dans une correspondance.

 

Au XXe siècle, le constat est assez voisin, même si le mot perce chez André Breton, chez Jean Grosjean ou encore, beaucoup plus tardivement, chez Brigitte Fontaine. Le conservatisme du langage poétique, ancré à un niveau parfaitement inconscient, a-t-il joué ? C'est l'hypothèse que je privilégierais volontiers pour ma part. Elle demanderait à être mise à l'épreuve avec des moyens dont hélas je ne dispose pas. Le terme doit être un peu plus fréquent de nos jours mais je n'en suis pas certain. Même dans l'avant-garde tardive, chez Denis Roche par exemple, le terme n'est utilisé dans des contextes de prose (au moins pour ce que j'en ai lu).

 

J'en conclus que l'absence de série n'a aucune incidence quant à l'évaluation du texte, puisqu'elle contribue elle aussi, et parfois de façon beaucoup plus positive que sa surabondance, à l'histoire de ce mot si aimable. Ainsi, les nombreux sites, les ouvrages et les revues consacrées aux séries télévisées ont-elles assurément revitalisé le mot jusqu'à la création de termes tels que "sériemania" mais dans un univers textuel généralement assez pauvre, dont l'intérêt principal réside précisément dans les variations que le mot "série" y subit : "une série documentaire, animée" par exemple. Ou, point particulièrement intéressant, l'utilisation et la non-utilisation de l'adjectif "sériel" jusque là réservé à des domaines hautement spécialisés (philosophie, musique...) au point qu'on ne traduisait pas "serial killer" par "tueur sériel" mais par "tueur en série".



#13 Hattie

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Posté 31 décembre 2020 - 06:31

lister série ou l'hystésérie ?

 

(désolée, c'est mon rire en série) lol



#14 serioscal

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Posté 31 décembre 2020 - 09:03

Avec sang-froid, toujours.


Car ce n'est pas

ce que sang-chaud pensa.



#15 Hattie

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Posté 31 décembre 2020 - 10:38

car ce n’est que paix

ce Sancho pensé



#16 serioscal

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Posté 31 décembre 2020 - 11:48

Trop haut pensé est tôt perché,

Chaud et penché ou mal percé.



#17 Hattie

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Posté 31 décembre 2020 - 02:12

Mal chaussé ce haut sachem trop fauché _



#18 denis_h

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Posté 31 décembre 2020 - 03:12

merci pascal.

 

tout n'est donc pas perdu.