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Vingt-quatre vivifiques rencontres en poèmes / par Loup-de-lune


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#1 Loup-de-lune

Loup-de-lune

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  • Une phrase ::« Je suis la jeune leucémique des lisières, dont l'allure odysséenne et frêle tantôt se coule dans le rêve tantôt repasse le linéament du réel... la jeune érythrophore des confins, la féale étymologie des crépuscules, qu'intégralement la mort est impuissante à com-prendre et que la vie échoue à con-cerner entièrement... »

Posté 24 janvier 2021 - 03:28

'La plupart des poèmes que j'ouvrage, je les qualifie volontiers moi-même de poèmes hermétiques... oui... l'hermétisme !... Non pas la fermeture, mais le mystère et le charme de suggérer plutôt que de nommer... Suggérer la pluie plutôt que de dire 'il pleut'... Suggérer un sentiment éprouvé par l'évocation subtile d'un objet, d'un parfum ou d'une nuance, plutôt que de combiner récurrement de strophe en strophe les voyelles et les consonnes de son signifiant ! Oui, j'écris des poèmes hermétiques, et n'y aurait-il qu'une seule lectrice, qu'un seul lecteur, manifestant une volonté non pas seulement généreuse mais incoercible, pour en amorcer le déchiffrement, que je serais comblée au-delà de toutes mes espérances... Car oui, j'écris des poèmes hermétiques, mais à la manière de ces coffrets à trésors des immémoriaux empereurs de la Chine, ouvragés de compartiments dédaléens et énigmatiques réclamant chacun sa clef particulière, et conduisant, aux confins de la délicatesse, de la minutie et de l'inconnu, au plus légitime comme au plus jubilatoire des joyaux, la trouvaille tout à la fois de jade et de nouveau.'

Loup-de-lune, Journal littéraire, 14 avril 2017


En ce jour du vingt-troisième anniversaire de sa naissance, nous rassemblons toutes nos forces et tout notre courage pour nous connecter, avec son mot de passe si évocateur, avec la photographie devant nos yeux de son visage si tangible et si évanescent, avec l'inflexion de sa voix argentine au creux de nos oreilles, avec la tendresse et l'énigme de son sourire épousant les battements de notre coeur, pour nous connecter donc à l'inscription à Toute La Poésie que Loup-de-lune a validée le 9 juin 2013, s'octroyant alors le bonheur de développer un blog d'écriture durant plusieurs années... avant que la maladie, malicieuse prestidigitatrice, ne la dérobe à nos limites humaines le 20 mars 2020 dans les premiers instants tout à la fois de l'aube et du printemps...

Nous proposons cette après-midi une anthologie de poèmes choisis parmi tant et tant et tant d'autres ouvragés par Loup-de-lune... Que toujours vive la Poésie... bien sûr ici et maintenant... mais aussi ailleurs et demain !...

En hoir de Loup-de-lune durant sa saison aura eu à coeur de montrer comment une maladie comme la leucémie sait kaléidoscopiquement repeindre avec ses couleurs érythro- et leucopoétiques les lieux et les objets familiers. Nous eussions pu pour notre part retenir le thème de la métamorphose, ou de l'errance, ou encore celui-là même de l'exploration du langage : la puissance polysémique des mots, l'infinie richesse des relations qu'ils entretiennent entre eux dans des mariages quelquefois aussi insolites qu'heureux...

Nous avons préféré mettre en valeur les vingt-quatre rencontres et partages importants, parfois essentiels, qu'il aura été donné à Loup-de-lune de faire ici.

Nous n'aurons eu à aucun moment au cours de la composition de ce bouquet l'incongru souci d'une hiérarchie, d'un classement qui eût reflété telle ou telle préférence... Non ! Sa présentation idéale serait à la vérité celle d'un cercle, ou d'un cylindre, d'un kaléidoscope dans lequel chaque personne mentionnée est comme l'un des miroirs le constituant et réfléchissant par l'écriture qui lui appartient sa propre féerie multicolore et cinétique. Nous invitons également à imaginer une présentation horizontale plutôt que verticale... oui, l'horizon... qui annule les concepts de destination et de finalité, puisqu'avec l'horizon, il est toujours question de marcher vers...

Certaines auteures et certains auteurs, représentant d'ailleurs une courte majorité, ont disparu de Toute La Poésie, parfois depuis plusieurs années. Nous espérons que là où elles et ils se trouvent désormais, elles et ils auront à leur manière su continuer la lecture et le partage commencés avec Loup-de-lune. En venant rêver peut-être de temps à autre auprès de ses poèmes qui sont autant de traces laissées par son esprit, puisque, comme l'a dit le poète français René Char, ce sont les traces bien plus que les preuves qui font rêver.

On nous a demandé si nous voulions faire graver quelques mots sur le stûpa de Loup-de-lune, de Linfabrice et de leur hoir, au coeur de ce jardin du repos, au sein des verdoyantes montagnes de l'archipel de Zhoushan, en Chine orientale. Nous avons retenu une citation de Jean Cocteau. Elle apparaît désormais toute d'or sur la stèle, regardant, surmontant l'océan, en langue française d'abord, puis dans sa traduction en caractères chinois :

«Faites semblant de pleurer, mes amis, car les poètes ne font que semblant d'être morts»

朋友
假装哭
因为诗人假装死



Fabrice G. Di Gabriele
et quelques autres



Vingt-quatre vivifiques rencontres en poèmes



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝐿𝑖𝑛𝑓𝑎𝑏𝑟𝑖𝑐𝑒 林 美丽花



Élévation


toutefois aux lèvres du voeu
l'énigme de la survivance
n'avait laissé qu'une vaporeuse lettrine...

ces mains en javelles
jusqu'à l'exaucement
qui ouvre une pulpe encore

dans la faim de cristal
dérougit un organisme nouveau

à l'orphelinat des soupirs
le zéphyr vient se désavouer

appuyé contre la lumière verte
où s'assimile un tremblé d'azur et de tuile
s'aile le rose des épanouies

sur le bord de la fenêtre
un instant triste
l'écorce éparse parodie les nuages

mais le parfum sachant mourir à sa sanguine
lesté de la seule exultation d'Homme
déjà touche aux métamorphoses
où se distribue le reliquaire d'un soleil

⚜️

L'absence


I

Le simulacre de poignard et de cimeterre
chaque trait jusqu'aux plus effilés
se résolvait en ton poème
il ne vint plus que l'eau des prunelles sur le papier de riz
avec sa transparence pour le bûcher des encres
et la dernière feuille a neigé de mes mains sans printemps

puis le grand pays blanc
où je la rêvai ubique
exténue mon vagabondage

la conviction du chemin
repose
profonde

pour doubler désormais mes empreintes
voici vaporeux mon pas seul qui retourne

II

Ce vieux banc de bois réappris par ma halte
un souffle des nourritures en sommeil
ou la bourrasque fortuite
et l'arbre qui le côtoie s'éparpille
en prosternant ses roses faîtières à peine divulguées
ma rémittence habite son calque de pétales

toutes paupières ignées
soir après soir
les soleils fabulent

à l'étal de ma patience
la criée
du fruit

que nul partage n'attend sur la table
où mes mains récoltantes le glissent

III

Quand je m'éprouvai entre le ciel et le champ
comme un funambule d'éther
sur la ligne séparant leurs bleus symétriques
j'inclinai l'urne blanche
et tes cendres qui linéamentaient un phénix
touchèrent au firmament des lavandes

puis s'y étonner encore une fois
toute une après-midi de sud
et de serments sans inflexion

d'un ruban de toujours
je noue
ma pensive cueillette

le même parfum descend des porte-bouquets de l'espace insensé
où le feu imitant mes fièvres te fit impondérable

♡︎

Loup-de-lune


albescente voyelle
de la lune
dans le bleu
qui s'élide

crête
en procession
durant toute l'appétence
d'un ultime orangé

expir si doux
pour des gestes d'herbe
des acquiescements
de feuille

et l'esprit
va s'alouvissant
dans la nuit
qui palpite

🩸

Avec l'arbre mort


éperdue d'aube
la jeune leucémique des lisières
étiolé le rouge
au démasqué d'osséine
dans sa geôle angiologique

rose mémoire qui fascine
bradycardiaque essor qui s'orange
page du bleuir que lettre l'éteinte
un ciel encore ébruite
les couleurs du fragile
le bois se repaît
rassasie ses ramures

sur l'herbe où s'absorbe la robe blanche
la main dolente ira fraîchissant
cueillant la rosée gouttelée miroitante
de la cassure des ombres

💎

cygne


au large des ancres de tulle
des pavillons de vent
des proues qui ne passeront pas l'envisagement
au large des mâtures démentielles
où s'affalent les îliens de la ville

au bord du fugitif
dans le mouillage de sa moelle assoiffée
les scintillations
safranent les câlines vagues

du mitan de cette mosaïque émue
l'épiphanie du cygne
dont la candeur alentie
conseille une sente lactée
sur la plaine
où des saphirs interminablement bercent leur couleur

🎏

Tiananmen


Au seuil du haut lieu des passages, ton premier regard m'élucida


et frôlée chaque muraille gonflait tes bras de fleurs
tu avais des traverses qui poussaient comme des greffes d'aventure
et nos rires étaient mutins devant les mémoires de jade

tu savais ce secret de palais insonore où nos sommeils évinçaient les trésors
et de toute la longueur de nos âmes promises
cette soie volante qui s'en allait figurer des ailes aux frontons graves

mais la rumeur conquit tes sens, et parmi sa multitude
adressée aux métamorphoses, ta main lâcha la mienne.
Ce matin, à Tiananmen, nos silhouettes, à ma craie tremblante


Et l'ombre des soldats qui en déborde déjà la fusion

🏔️

Rouges


Feuille comme fer de lance
dans l'ombre ensauvagée
du fruitier des paresseux

Aux foulées dévolu
alumineux petit coeur
et quelle aortique embellie

Reste de craie
chair de bruine
près du dessin inachevé

Les pierres comprenantes
qui borduraient l'en allée de ta vie
jalonnent ma baguenaude

🌹

Les Mondes perdus : à la recherche de Mademoiselle LIN


🌈 Pavlopetri

Les vitrines thaumaturges auraient beau multiplier les milices de l'effacement

me portait la grande erre encline au rivage
m'entraînait l'imputrescible musette de pensée
vers les quiétudes des eaux artistes

passeur des serments rescapés voilà l'oeuvre des tréfonds
cette promenade de silence entre les colonnes toutes franches
ce mur fol désirant la méticuleuse aire de notre concorde

puisque parmi la merveille ruiniforme des quotidiens
parmi les tombeaux que tenturent
des jaillissements d'argonautes il m'est rendu

de te regarder dormir dans le poumon versicolore de l'éternité


🌼 La pyramide de Yonaguni

Franchis les cimetières apétales de l'oubli déjà s'épand

la mer des ciels fabulant à l'entour de l'étoile séculière
la grâce qu'ils coulent dans leurs déclins ressource mes prunelles
approfondit la présence dans le filigrane des esplanades colosses

mille rocades mutiques pour s'étonner de concert
le brûle-pourpoint des marches en manière de faille
où tomber et gravir ne sont qu'une même retrouvaille

ainsi se pérennise notre sentiment nomade
de faune et d'ineffable l'espace recompose les angles
et sur la pierre infinie des puissantes fois antiques

tu m'apprends encore à déceler les fleurs qui vont abrillant nos mains

💐💖💐

Ciel littéraire


jusqu'à cette apesanteur de la dalle funéraire
voilà rassemblée notre bibliothèque hypogéenne

lisérée par deux volumes de la collection de La Pléiade
pour ce vis-à-vis colonnaire de pleine peau et de filets d'or

et désormais nomade au bagage de légèreté
j'aime d'une chambre à l'autre entendre
éclore de mes façons de silence
L'Anthologie de la poésie chinoise
et L'Anthologie de la poésie française

puisqu'elles vont fiançant leurs vers musiqueurs
en de longs étonnements amoebées
qui éternisent la félibrée
où les étoiles battent tels des coeurs

🇨🇳

Drapeaux de Chine 𝕝


parmi le pêle-mêle du rivage
une étoffe éploie sa déchirure plurielle
ce fanage du rouge arboré
anémiant les étoiles qui demi-cerclaient l'étoile

mais de pilier en pilier
au long de l'embarcadère
s'érige l'imminence polychrome

la ville-brigantine esquissée sur le vent
bracèle par myriades
ses tonitruants chantiers sable et hâlés
de trigones qui fluent en saillances de flammes

leurs aigus de couleurs et ma cadence convergent
vers cette relâche de verre
où s'émeut l'albe enfance du bateau

🇨🇭

Route d'Alle


dans sa recrudescence ce dardement bleu
où robinsonnent les lettres lucides

le dolent point de mire assermente l'itinéraire

l'épanchement thésaurise la distance

des fruits d'ailes
inversement se détachent
et leur récolte-nielle ira pulvérisant la station

des soupirs du ponant
la crueur apprend à exhaler sa lumière

la paille la réunit en son fétu
que parmi la caillasse
à l'orée du renoncement
emprunte et allonge cette allure élytrale

✴️

La Licorne de cire


Pour aucune lueur
même ambulancière à la tempe adverse
pour aucune lueur
ne s'évanouirait le présent que je t'ai fait

tes ciseaux d'or en avaient retranché le coton
et devant la corne torse du chanfrein
devant le sabot de l'illimité
tu renouvelais infatigable ta fixité

de nos mains qui iraient s'espaçant
s'épanouit ton vagabondage


eux
ils me dirent ton corps, ton visage abîmés
ils précisèrent le masque talentueux avant le tissu natal

elle
extraite du papier bruissant que tu lui as souhaité
elle paraît sur le plancher des abandons

par le garrot imperceptiblement creusé
elle a renoué avec la mèche

puisque vient la nuit où j'interroge la flamme
les coulées ravisseuses
jusqu'au galop focal de l'aube

ꨄ︎❦︎ఌ︎

La calligraphe


De l'urne inclinée soudain
par ces mains aériennes à suppléer l'éther
s'épancheraient tes cendres

sans rien ombrer de l'ardeur bleue des lavandes
elles se fondraient dans le sud que nous frayâmes
oh ! cette incandescence du souvenir impuissante à les joindre

mon reflet pulvérisait tous les miroirs
les yeux chers parcellisaient leurs candeurs
et le papier de riz éperdument neigeait la saison de l'absence

j'ai eu si mal
de demeurer
et les vadrouilles
m'ont gîtée

tous les traits
de mon nom
éparpillés
mais s'en saisit le poème que tu aimais

si long temps de pierre sans eau et de feuille blanche
si long temps d'encre que n'émancipe pas son broiement
et de pinceau orphelin des forces exactes

il y a tant à réunir pour se résoudre en geste
les tressauts du myocarde broussaillent les tracés
et l'accolade des langueurs enserre l'équilibre

pourtant, mon amour, à ta voix qui s'escrime à poindre
il monte comme une évidence de ciel
derrière le dragon gauche

☯︎

La connivence des ors


l'ample mauve où s'étendre
délasse des blancheurs d'hôpital

l'escalier
pour bannir un dernier fredon
exauçant par degré un long voeu de silence


la chambre conjugue la fenêtre neigée
avec la lampe des nuits transfixées

les huiles alchimiques
nettes des vieux motifs
éclipsant ce qui cèle et les bois négateurs
atteignent aux lumières aventurières

le rouge dolent a troqué la distance contre le rayon
et sur la tranche du florilège
flamboie la tessiture
dévouée aux poèmes à venir



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝐻𝑎𝑠𝑖𝑎

♡︎

L'abîme des anges


Dans la presqu'ombre de la chambre
parmi les florilèges partagés
ils parcouraient du regard
le firmament de nos silences
leurs ailes qui s'éployaient
passaient la porcelaine
le distant abat-jour
s'y réfléchissait en brûlements
attachés aux cires de nos confidences
dans les plis de leurs tuniques
reposait l'obscur
et des notes
élixir des amants
perlaient à leurs cithares
sous les doigts diminués sans nulle meurtrissure


De la voie d'un ancien bisse fabulée par les neiges
tu es entrée dans l'abîme

ton risque avait suspendu notre complicité
mais tu me reviendrais
avec le poème du preux

qu'elle fut d'outre-sanglot la phrase du téléphone
en laquelle se condensa le héraut funèbre


Par-delà coutures et baumes
par-delà portraits au violoncelle
par-delà blanc cercueil et corbillard
cendres et lavandes épousées
mes pas plagiant tes pas
sur l'ancien bisse
tout à la glace étrange de l'été
j'ai grand ouvert le coffret laqué

précipité les anges

descendre encore
et encore
coeur vertigineux
ravin des moelles
profonde la douleur
profonde
jusqu'au mystère
l'essence


Et cet enfantillage entêté
à muer le bibelot
en vol tutélaire
sa flagrance fragile
en essor

et s'il advient
qu'une manière de brisement
m'environne avec insistance
je crois à l'intime visiteuse qui
derrière l'ondulante féerie des rideaux
arpente entre roses et lune aqueuse
le gravier du jardin

🟡

Genèse


intermittentes incandescences
des oiseaux qui enluminèrent

essor d'étincelle

et sur l'alme horizon
le geste de la semaille de cinabre
pour travestir le moment des cendres

atomes d'ailes

dissoutes vitres

un soir fruit des musardises impeccables
lègue la lumière au rose des pétales

y désencombrer le regard
jusqu'au pollen de cristallin

parmi la parturiente du sombre
les distances iront fabulant

le dernier brandon du clos
atteint aux carreaux épars des architectures émues

dans les safrans dans les soufres si frais
à peine des silhouettes
transgressent les traditions des corps
et tuméfient les lignes ennuyées de leurs croix

une à une les verses du noir
confluent vers la vigilance paille de blé
ravisseuse d'abat-jour

et calme
le souffle
qui luit parmi l'épure d'une chambre
toute ouverture insensée
tout angle désemparé
plane au-dessus de l'abîme du poème

👑

Opulence


de cette embellie
l'inespéré

par surcroît
du chat fauve l'inopiné bondir
dans l'arbre de pluie
qui emperle et gorge les carreaux

à ce point étincelé
le remuement
une cristallerie cascade
en manière de bénévolence

et de tous les carats de l'instant éclabousseur
aumône les prunelles mendiantes

🌉

Pulsion du passage


nocturnes incandescences
des poignées

feu de fleurs serpentines

ne va plus à la rencontre des lampes
le geste qui d'un sang miracle et radiant
éteint l'amoncellement des espaces


À travers les tissus
paraît un néphélion d'argent et de lait

et vont s'illuminant les nuances
décombre fabuleux
des prismes du sommeil

turquoise de l'arcade confidente
jaune des poudres de tiare
orangé lévitant
indigo du trémail d'étincelles
rose en murmure
qui ne composent pas d'aurores
beaucoup au-delà des tracés d'oiseaux

les vieux métaux des ouvertures
ont flué tous
rus de photons mutilateurs de fenêtres
et de portes

épiphanie des diaphanes d'ailes
et de paupières
où palpitent des ciels
inconnus des cycles
et de leurs bréviaires

💐

Laconismes

__
tableau

au pied du camaïeu vert
la craie blanche du clocher
dessine le temps sonore

__
douceur nocturne

dans la pâture d'étoiles
profusément
la clarine du ruisseau

__
impulsif

pétales de coquelicot chiffonnés

qui regretta soudain
d'avoir exprimé
le rouge de sa colère
à l'orée des blés d'or ?

__
papillon blanc

le liseron se partage
et floconne
sous la voûte d'azur

__
église

ces flammes de violettes
qui brûlent le vitrail
dans l'ardeur de l'orgue

__
recueillie

au bout de la larme
s'allume un soleil
au pied du vitrail
où le verre devint
sang et contemplation

__
église encore

ovale éblouissant
dans le bois de la porte
supplique du soir

__
pas

à peine une présence de gravier
le passant le long des ogives de verre
disparaît dans le canon des cloches

__
église encore

as-tu vu
la lumière de la rosace brûler
dans le recueillement du cierge
qui s'allume ?

__
clair de lune

disque d'orangé sur le bleu nuit
et l'auberge des cent lampes
bavarde dans des tournoiements d'insectes

__
fenêtre

rose nébuleux
au pied de la croix blanche
partageant le verre

__
gestation

derrière la volute de fumée
couleur de mauve et d'ardoise
que va silhouettant
ce sinueux pointillé de vols ?

__
effusion

morsure de l'aurore
lumière ruisselée
à travers les feuillages tombants

__
semailles de l'aube

dans le sillon
de l'éveil
graines de lumière
à profusion

__
éperdu

bruit de la mer
dans les nocturnes frondaisons
au ciel tant de fanaux

le vivier des rivages
affole ma carène

__
surgissement

moire des blés verts
la rousseur du renard
y fait une île éphémère

__
sonore

clarines dans les pâtures
à l'orée de l'orage
la vallée tintinnabule

__
piétinement

mon ombre
gravillonnée
crépite
sous les pas
du soleil

__
Chopin

le piano
mélancolisait
dans ses flammes nocturnes

__
rencontre

rouge diffus
par intervalles
au milieu du chemin
l'âme des coquelicots en allés

__
blés

bouches de coquelicot
à l'orée de la promesse du pain
qui verdoie

__
complicité

préparatifs de fourmis
sous l'orage des violettes
le passage d'un train
prête un roulement de tonnerre

__
irrésistiblement

cimes
au fort de la nuit
prolongez mes bras
à en étreindre les étoiles

__
la mort au clair de lune

elle avait participé soudain
de cette poudre de diamant
qui dansait dans le ressac

__
douleur

j'entendis l'ombre du tilleul
crier
d'être ainsi foulée
par le pas des hommes

__
fleurs de ciel

ce bouquet
des éclairs
dans le pré mauve
de l'orage

__
renard furtif

soif blonde des blés
cette goutte de cuivre animal
déjà bue

__
instant de conte

lutins espiègles
qui grimpez aux maïs
éclatantes vos chevelures rousses
sous la poussière de pluie

__
étrange feu

incendie des blés
impuissants à ardre
le papier soleil de mes yeux

__
lumière

villas
clocher
éclatants
partage du soleil
entre les languides nuées

__
alcool

ce vide en verre
tu t'abîmes dans les coups
méphistophélétiques

__
alcool encore

matutinale
la flagrance du poison
au geste hyalin

__
infarctus

un éclair cardiaque
à sa lueur soudaine
l'empire menteur

__
résurrection syrienne

l'enfant relevé
le soleil ne savait rien
du bleu de son ombre

__
astronomie de tes cernes

voûte en mon tréfonds
deux lunes y rivettent
leur disque violâtre

__
maison abandonnée

ce carreau brisé
un fantôme et sa détresse
au fort de l'été

__
soir d'hiver

des cimes du crépuscule
un souffle indécelable
neige ses fantômes

__
neige

le vagabond
tient sa route
sous les grands luminaires
qui pulvérisent le monde

__
oraison

au pied des arbres
couverts de neige
l'orangé mystique
du temple

__
mélancolie

longue traversée du cimetière glacé
fracas de mon coeur
à chacun de mes pas

__
idolâtrie

devant la flamme
qui bronze ses doigts
le poète
un instant
devient le dieu qui l'enthousiasme

__
tombe

ce coeur bordeaux
gorgé de pluie
au pied de l'adieu

__
toi

le monde
ce soir
est une bougie
qui fond
et tu danses
dans la flamme

__
moi

cette note
de rouge pétale
dans ton jardin musical

__
souvenir

le vent
s'approche
de cime
en cime
comme un ami cher
qui n'a pas reparu
depuis longtemps

𖧷

Le poème devenu proie


Comme un fauve
l'azur
infiniment bondi
au cri de la persienne

un fauve
l'azur
et soleille l'inassouvi
qui le médaille

et la vitre imagière déjà du souffle
sur l'antilopiné sans sommeil
dont la course
à travers la page de savane
est cet alphabet dérangé
enclin à l'effaçure
autant qu'à la stupeur

💠

Église


Et j'eus soudain besoin de vous
vitraux
qui dominez et cernez les apaisements

qui muez
le rébarbatif soleil
en paraboles polychromes

en assombrissements
fidèles
au coeur patient et vespéral

J'avais soudain besoin de vous
vitraux
qui prenez tant de part à la cendre émue
de la dernière silhouette en prière



Ciels étoilés


cette poussière de diamant
qui raye mon extase
jusqu'aux sillons en pleurs de la boisselée contente


cette délinquance heureuse des étoiles
qui graffite son cri de lait
à la porte de l'infini

🩸

Vol d'oiseaux

dardée par la cime du chêne
cette flèche
aux mille pointes d'argent
aux mille empennes de neige
innocente de la cible

☯︎

Communion


chaque jour
mais l'heure varie
un homme s'approche des arbres jumeaux
blancs et comme éternels
aux abords de l'église

les yeux fermés
il caresse doucement leur écorce lisse
son coeur empli d'une prière vaste
s'épanche sur l'écho des lèvres
effaçant l'âge qui eût pu être le sien

la folie
lui est attribuée
des anges erronés
avec leurs grandes ailes de dérision
volent tout autour de lui

nul n'aura reçu les pupilles sans appétence
pour voir cette main de sang
serrer la main de sève



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑆𝑖𝑙𝑣𝑒𝑟


𓁹Le recueil des quatre 'mers' dont une édition révisée a été publiée ce matin sur ce même salon Sans commentaires est intégralement dédié à Silver et à Michel Conrad. Que soient saluées cette manière d'affectueuse profondeur et l'exceptionnelle fidélité de leurs rencontres avec Loup-de-lune.

♡︎

Sur le bord de la fenêtre


orient des paupières
confuse bande jumelle
à même l'espace languide de la chambre

ouate frémie d'un rayon
un gris sans morose
ira se prononçant jusqu'au lactescent

y baigne l'anaphore des diaphanes
jaunes bleus orangés carmins
l'alliance d'une oeillade encore
avec les oiseaux des tapissières

dans le croissant incendie de platine
se raffine le geste qui ouvre

ô main de la couleur exacte des choses qui cèdent

pour la transgression des lois de la cendre
toutes les couleurs d'ailes
les imminences du vol nué
confluent
vers le fluide tremblé du rose
où la transparence sacre sa corolle

🩸

Thyrse


des hurlantes farandoleuses qui sacrent l'excès
et enclosent les lacunés de la vengeance
jaillir avec la fraternité de l'éclair
dans la firmamentielle viole

une opiniâtreté de tendreur se dévouant à verdir
parmi la fantasque crête d'angles
jardin d'iguanes où se désabuse un sanctuaire
reçoit l'arme affranchie de la plaie

partourdisseuse lenteur
comme le pampre roule ses spires
son mime galactique
effleurant le bris d'un visage
un impromptu de coupe se désensable

à la colonne obliquée
qu'échancre la morsure foimentie
aspire l'accolade du lierre
et déjà l'aède où claire son feuillage
couvre le poudreux balbutieur de la parole gravée



Passiflore


l'évanouie des négoces
sa grâce célère
passant les centiares s'anonymisant

une tératologie de pervenche
ne sait croître en la roseur immaculée qui nuage

l'escale herbue
ne corrompt d'aucun grappillage
son cinétique gobelin de clair-obscur

la soif n'a pas d'empire
sur les réfléchissements scintillorhéiques

outre-ouranocardie la fortune des pas
à en étoiler l'agenouilloir
où perdre l'exigu des cueillaisons

à travers la limpidité du souffrir
promesse de la chair au retombé de la gaze
les pistils noient leurs clous dans la poussière anémophile
et le tremblé des feuilles graffigne le silence

☯︎

Complétude


azur minutieux
pierre à aiguiser
les angles de la ville

le silence des repères
la poudre des tours
les oiseaux des ailleurs voleurs de cristallins
pour étincelles

le lendemain s'arroge la coupure
le cher dessein s'épanche
c'est l'innocence des diamants roses
qui coagule

et nulle géométrie ne fabule plus
par-delà le sfumato des montagnes



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑃𝑖𝑔𝑙𝑜𝑜

♡︎

Leucémique errance


jais de ses cheveux indomptables
lys de sa robe impondérable
elle compose avec décision l'horaire et le chemin

encore une traversée de fraîcheurs herbues
un bonheur d'enfoncements légers
parmi pierres et bêtes
pour éteindre la morose ardeur
qui aura vitré l'hôpital

des fondrières de lave bleue
consument le dernier repère
et par son fredon s'égaillent
les phonèmes de l'artifice qui la nomma

sans le tranchant des effusions
offrande du sang qui défaille
du rouge enténébré
par l'esquilleuse craie des astres regrettables

tutélaire
le vent silhouette
comme un frisson-miracle

et renverser son regard
aiguière de la liqueur lucide

l'azur et le vert
que par intervalles
enclosent les arches d'un pont
oublié du transitoire

continûment tombent
et bien après tout le réel
transfixé

continûment filent

allongée sa chair a part au monde
en lequel se ficheront leurs ogives

deux grands pétales
sous l'arbre d'avril
un ange à l'étourdie
l'exquis
de la sieste de ses ailes blanches
où flambe le fantôme du rose

🦢

Passages


dédaléennes
les ruelles
m'auraient vaguée à l'égard d'un bateau

son aussière
si pesamment nattée des absences du large

les échos d'or et de cochenille
dans le désormais de son inaudible nom

le viride de sa coque tailladée
saigne un gravier fauve
dont seul un vrombissant horizon de mégalopole
sait exténuer la ligne flexueuse

de sa grand-voile
une part pétrée fossilise le vent
tandis que le demeurant de toile
drape le bouffon du temps

obliquant
son beaupré va rayant
les barreaux noirs de la grille en chantier

aux mains boucanées des hommes bleus
écoulements
ruissellements d'étincelles
et de navrements

sur le trottoir du passant myriadaire
tombe et s'éteint et se renouvelle
et tombe jusqu'à la moindre étoile
cosmopolite consoeur des nuits traversantes

💮

Transparences


I


d'aquarelle
ou d'éprouvé faisceau d'aurore
ses portraits enceignent la chambre

cette bouche où se neutralisent
le sourire et la nostalgie

ces gemmes noires et fluides du voir

cette dentelle des épaules sable
sous les cheveux de jais prodigue

et titubée la décision
parmi le dégradé de ses âges
elle va de l'enfant
à la femme
de la femme
à l'enfant
toute machinale inculcation du temps
égarée

ses lèvres parfois frémissent
de la syllabe d'un sortilège

fabuleux un paysage de cire encore
dévoue une flamme
à son voyageant regard

ses doigts effleurent les cadres
soupirent après la poussière
son toucher flâne aux angles
la pulpe déférée à l'écorchure


II


après le sûr transpercement
du diaphane de la peau
la lame ira longuement
s'éloignant du poignet
malgré l'incandescent fardeau
de son dernier reflet

ainsi bifurqué le bleu des vaisseaux
mêle l'abandon à l'effusion

le poids pourpre du sang qui s'enfuit
délivre
et déferle les tentures du soir

et les images se brouillent
atteignent au fourmillement
muettes explosions des contingences de cendre

nulle considération sélénienne
nulle jouvence de safran
d'une source de ciel ou de rue
ne sait plus s'y réfléchir

mais dans l'exhalaison de la chandelle épuisée
s'inscrit un souffle encore
la silhouette bruie qui prénomme
un rire de créeur sous le loup des minuits


III


avec son allant de principe
ce matin-là

au tamis des voilages
l'ennui visqueux du sang

et s'épand la transparence d'une lumière rose


un sommeil qu'a bercé la meurtrissure
jusqu'à la carnation des clairvoyances
porte la plume veinulée des paupières

et sur les murs
les visages d'une vie humaine
indéfiniment balancent
entre la chimère
de leur suspension
et la galactique candeur
des rayons qui transhument l'infime



La rose de soie s'allume


météoriques lampes en semis du plafond
car s'y dévouent les rayons
que vont allouant les voilages

si minces leurs arcs
afin de se joindre et d'évincer le cercle de métal
par le cercle de lumière
montrent l'ahan de fluides tendeurs

las de leurs mille élans
après avoir mimé le feu du filament
ils tombent sur le rose de la rose
asile et consolation
dans sa marcescence éludée
et le gracile outremer de son vase
où boire n'a plus part à l'eau des contingences

☯︎

L'appel


fleurs d'ambre et fleurs de vermeil
s'entrelacent
sur la vapeur bleue des voilages

dans une telle distance du bouquet
s'enfièvre l'imagier des corolles
s'exalte le calligraphe des étamines

parmi la cité bourdonneuse
un hiatus en manière d'oiseau
a dardé son ramage

éveilleur des parfums d'altitude
il traverse
en vain appel

la si mince aile de rose
tout le demeurant du savon
a mué l'essor
en ce coquillage de verre
que paillette un mica d'arc-en-ciel



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑐𝑎𝑖𝑙𝑙𝑜𝑢 𝑐𝑎𝑖𝑙𝑙𝑎𝑠𝑠𝑒



La nuit guérisseuse


le rose et le blanc
ont suspendu leur ruissellement de linge

renversée jusqu'à la trouvaille
une ampoule dégorge dans l'angle

le lavis
enténèbre ses énigmes de cercles et d'arceaux

le verre
qui a étrangé le verre
d'une neige soudaine
abonde
et chaque carreau renonce son inchoation

mais déjà le gris-bleu
a restitué

l'arbrisseau fige ses oiselles
devant l'inexorable éteignement

ce qui safrane à peine les croisures
leur cède sa quiddité de source

une brume faramine
dévore le cyan des divisions

de part et d'autre
d'un corps qui repose
ces épanchements d'ombre
avec ces rus de mauve laine

🌀

Drakkar


à travers les os thésauriseurs
onde et pousse la partance

les angles hissés s'ouatinent
recomposant le carré qu'enfle le soupir abscons

au risque s'épanouissant d'une mer innomée
par les intermittences de l'étonnement
oeuvre l'aiguadier troubadour


les derniers photons vont solfiant
le linceul du sombre serein

en spirales se livre le vague
en parturientes arabesques
où se diapre le témoignage des rémiges

un regard taillé dans le paroxysme du trépas
propose au dragon son foyer gemmal


sa foudre satellise la lyre originelle
et continûment au-delà de leurs formes
les lignes silhouettent le charme explorateur

d'angelicielles ailes
ajourent ses abordescentes verticales

s'étoilent les transparences
dont l'orage lisère l'hémérocalle

☯︎

Le sagittaire féerique


pour arquer sa balustrade
un balcon
provoque le bleu marine

de leur bondissante récurrence
par-dessus l'étoilement qui sille
des dauphins l'ajourent

enclosent la liqueur nauséeuse
houlée par un corps lacunaire

ravissent
les oiseaux voilagés qui neigeaient leur essor

une nageoire de drap
blessée d'entrebâillure
affirme la plongée

et déjà découpeurs de la vitre
qu'un globe safrane
ils ne s'éteignent pas
ainsi dardés dans l'abysse nocturne



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝐹𝑙𝑜𝑟𝑒𝑛𝑡𝑀

🥀

Le peintre apocalyptique


À mon sang
j'eus le pouvoir encore
de dérober le rouge
afin de peindre la dernière rose

Alors nous allâmes elle et moi
au confin du regard et du parfum
nous confondant dans une même marcescence
pendant qu'un dernier vent du sud
gorgé de ma toile fluide encore
glissait comme un jardin sur les ruines fumantes

🎶

Clair de lune


Au paroxysme du déni des fêtes aliénantes
cette solitude que définit l'ahan
tandis que les masques des jours vains
de loin en loin désavoués
envisagent la distance parcourue

Un dernier cri s'éteint piédestal du silence
Elle troque sa simple science
contre l'ombre en croissance
les yeux à l'âme n'impriment plus les mille soifs
et reposent comme des onyx hors de l'écrin des sens
les voyelles s'exhalent de son nom
et vont soupirant pour la voix qui rebaptise
son souffle où loge enfin la pensée
se dissipe en formes hautes et vagues
l'humide reconnaît le sang
le minéral l'os

Elle croit participer de l'herbe et de la roche
depuis les commencements
quand s'allume un carré de safran
qui délinéamente une manière de refuge
et son silence supérieur

Si dense
une note paraît alors
et dans le temps qui l'isole des suivantes
s'épure un désir inconnu au corps ancien

Un esprit doux et sans tristesse
planant au-dessus d'un piano
lentement compose une lune
après l'éternité de nuages

mais elle
elle-même étrenne la naissance
après toutes les années
mues par le fil pusillanime

Et se redresser sous la musique des jouvences
et confier l'air à ses poumons de chrysalide

Bien que le sombre ait ressaisi la lucarne
estompé les lignes ascétiques
épanché dans le songe les mains démiurgiques
la lune pleine désormais
comme une soeur intense
accompagne celle dont le pas déjà bruit
sur le chemin frayé
dans les retours qui poudroient

☯︎

La jeune passante


L'éclaircie
vole les moroses

et tout à coup
dans l'hymne ruisselé de la ville
sur les barbes lucides
d'une plume perdue
ce pas
gracieux
et complice
à en recomposer l'oiseau
qui préludait au premier ciel



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑌𝑒𝑜𝑠

🏵️

S'éteindre


embué délai
à la fraîcheur vitrée du couchant
l'orangé le soufre le rose
languide noblesse de l'évanouissement
d'écho en écho
le bleu vaste
vers le sombre
et le tressaut qui s'étoile
et jaillissements
veinures noires
l'arborescence hiémale du fruitier
à en irriguer l'apparaissante nuit
les luminaires
échouent
s'esquivent dans le geste malingre
par lequel s'épanchent les rideaux

ainsi quelques pas
trajectoire de l'aigu
afin que se safrane la lampe
planète du sang brûleur
météore de la déprise
les ailes de l'oiseau fier
qui la domine en l'ornant
se ferment d'ombres

et de paupières
le regard
qui oeillade son dernier ciel

☯︎

Matinales


I


Musique du dernier moment de lune


des vieilles pierres de safran tigré de sombre
s'exhale une voyelle comme météore
candide vélaire et lyrique
pour ajourer le bois brut des alphabets

dans l'orphelinat des batailles
je demeure sans plus d'oraison ni de haro
et les prononçants qui croissent à l'entour
n'ont plus de clair que cette tessiture des aurores


II


Armistice


pour traverser l'ardoise pluviale des prémices
carquois et traits s'arquèrent
dans le poids émerveillé des sept couleurs

et vaguement sagittaire encore
un nuage abandonne la cible
au lilial vivier de sa métamorphose



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑏𝑎𝑐𝑐𝑎𝑙𝑎

☯︎

La visite


béance
meurtrissure pierreuse
et noire

au saisir du fidèle arrosoir
éprouver à nouveau le poids des enfances

et l'eau va diamantant de sa stérile courbe
le premier solstice de ton absence


Arraché l'accueil
des syllabes qui te nommaient
mais le bleu de leur encre
a poudré le frisson de mes lèvres

saoule de reflets
la mordorure de la poignée lavique
et la clef fascine
à ouvrir ainsi sur ces volumes sourds
le pas s'étonne
à franchir le seuil saisissant d'usure

dans la chambre de nos galaxies
les angles plient la lumière de vanille
où se mue le vivier des ombres

évanouis le mutique tendre
du lit pastel
et les armoires de nos affublements
et le chevet des florilèges
avec l'abat-jour propice
au papier étoile du poème

dans l'espace de mes yeux cillant
ces blancheurs d'hôpital
linges et visages
chemises et draps
flocons secrets du sang
qui vont t'ensommeillant

timbres de nos voix
à nos gestes mêlés
poussière de pigments et de mica

la pulpe de mon doigt sinue
sur les tableaux qu'on a décrochés
pour ce fébrile amoncellement

mais en cette jumelle vigueur
se métamorphose ce qui se souvient
et de leur étalement docte
notre jardin vient à refleurir

passerelles de pollens et d'ailes
sur l'abîme de l'azur

albes sentiers
cordonnets des longues robes tissues de verts
que dissout le repos des charmilles

les corolles déploient
leurs camaïeux de rose et de mauve
dans le vent de jais qui nous échevelle

parmi la roseraie
où la neige et la pourpre s'harmonisent
des effluves de tulle
vêtent encore nos présences mythologiques

où donc ta porte
ton interstice
monde d'huile et d'aquarelle
polychromies ressuscitantes
des journées qui adieusent leur déclin

pure minute
cristallise mon passage
derrière le simulacre d'une démente

oh! mes mains ont glissé
sur l'image des miels
qui repaissent les angles des cadres


Ma supplique devient la coupe de soir
liqueurs soufrées safranées des fenêtres
l'obscur tempo de l'homme s'y grise

la leucémie te silhouette
sa craie va constellant un ciel

ces voix de luminaires
tout voilés d'ailes et de toiles
aux confins de l'instant
j'écoute sans apprendre
les noms des rues qui
du jardin
me distancent

son vieux bassin longtemps blanchoie
de sa pendante larme de pierre



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑥𝑖𝑎𝑜𝑦𝑢𝑙𝑖

🌈

Ors nués


La faim et la quête éperdues de bleuisons
aux confins députées les plus claires
quand même l'harmonie prétériterait étapes et lointains
en faveur de l'imminence un fil a résigné les moissons


Le trésor fut épeuré par la puissance
idéées les mues éreintaient son phosphore naïf
il quit un tréfonds dans ces intermittences
qu'à leurs valeurs concèdent les lilas et les violines


La paille et le soufré qui illimitaient l'enfant
partagent de leur inéteinte ligne le volet
de brun en sang et de sang en incarnat se retisse l'écart
et le passage des ans est persuadé par l'escapade


Jusqu'à la si nette cueillaison de verre
une cathédrale se coalise avec un feu
aliforme s'y prend et le file une soudaineté
à l'aube pollinique des torpides fusains


En la ténuité de la superbe se réunissent
l'évadé des brocarts et l'angle d'arantèle
pour l'ondinélie où elle persiste
les attritions du rose graduent la nuit exspectante


Les céladons des vergers acquis à la taisance
colonnaire y radie l'alchanne des phonèmes
le clair de filet immanent à l'oracle
ne passe pas le préambule que diapre l'ineffable

☯︎

Le thé de la mer intime


parent de l'abat-jour
qui ne se sera pas éteint
à même les intermittences de la nuit
le thé
se coule
dans la patience transparente d'une tasse

à travers son ambre sobre
où se ramifient les timidités du rose
le papillon qui éploie un coffret laqué
enfle ses ailes

voiles
dont le voyageant parfum
afin qu'infime par infime
se déconsidère le vieux cap
détisse les fastueuses ocelles
sur une étale sans partir
donnée à l'instant clair



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑎𝑚𝑒𝑡ℎ𝑦𝑠𝑡𝑒

☯︎

Arachnéenne


Volets
atteints

traversés

ô syndrome des confiances après une nuit

paillettes et rayons
follets

éphémères
de lueur

surpris
dans l'hyacinthe légère
des rideaux

Une aube
proie
de mon indolence

proie
du songe
insurgé
contre l'intermittence

une aube
proie
des pupilles
qui désapprennent
les au-delà des lambris

proie
des membres
qui désavouent
l'aorte fantôme de Sisyphe

proie
des renonciations sans invectives
aux paraphes qui obligent

Sans plus être le sujet du verbe
tisser une chaude lumière
que perle le serein d'un crépuscule des orgueils

toile rose
des aboulies heureuses
l'essaim métallique des clefs
s'y résigne

cocon de soie
tranquille souffle
le moindre volume
s'y enferme
avec la dernière mesure



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑀𝑖𝑐ℎ𝑒𝑙 𝐶𝑜𝑛𝑟𝑎𝑑


𓁹Le recueil des quatre 'mers' dont une édition révisée a été publiée ce matin sur ce même salon Sans commentaires est intégralement dédié à Michel Conrad et à Silver. Que soient saluées cette manière d'affectueuse profondeur et l'exceptionnelle fidélité de leurs rencontres avec Loup-de-lune.

❄︎

Un hiver en tercets


Voilages
éberlués oiseleurs
d'une neige rémige


Notre sibylle en flocon
rémittentes tesselles
de l'essor rebroussé


À travers la serpente de brume
une aquatinte vitale
délinée l'intermède des aubiers



La métamorphose des deux moitiés de l'anneau brisé


de l'élan qu'inférèrent
les funérailles de ses épeurements
elle irait se défublant
le long de la seconde démaillée

devant l'ineffable toponymique
s'exsanguinent les moyeux

adieusé le diablant poumoneur
dissémine le poudroiement des bornes

un croissant sillé par le premier enfant de craie
épanche le bleu
qui rien ne comble
ni ne naufrage

et parmi le rapiècement des pâtis
au-dessous des profilés
où s'acière le soliflore de la rose des vents
une arcure gîte la muabilité des soirs

☯︎

Vernale


avec sa cambriole d'incarnat
s'enfuit la neige féline

l'instant désaliéné
va roborant l'escapade

cette convalescence d'un sud
dans la reverdie pétillée
où le bris considère

le prélude à la corolle
aune le pas d'effaçure

et susciteur des mille ajours
ondoie le soufré des lisières



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑀. 𝑑𝑒 𝑆𝑎𝑖𝑛𝑡-𝑀𝑖𝑐ℎ𝑒𝑙

💠

Église nouvelle


Otages
du soir qui bruine
les vitraux vont cendrant leurs anges polychromes

Titubante
une vieille femme
après un temps comme un siècle
s'éloigne de l'étagement des feux épars
qui frissonnent au pied d'une madone
elle se retourne une dernière fois
d'un air de pardonner à l'apathie du bois
elle incline le vague lunaire de son visage
sur sa vêture noire
et y résorbe les lignes de ses mains jointes
De sa répétitive prière
il reste quelques chuintantes d'or
qui s'accrochent au tabernacle
aux huiles peintres des calvaires

Demain
après mon voyage
à travers l'hôpital des lumières languides
je serai
sur les éminences de l'aube
par ma veine la plus bleue
rayon parmi les rayons premiers
pour raviver la sollicitude
dont les excellences de verre
entourent
les tristes de cristal

☀︎︎

Le verrier


Au milieu de la table entre les mains inertes
avoir pleuré des nuits enfle un morceau de verre
à travers lequel jusqu'au lilas du parfum
transparaît celle qu'il navra
et dont la détresse s'est ceinte de rochers

Car son art fulgurait au plus fort des mémoires
et l'oeuvre sacrée portait l'homme défait
On vint le conjurer de rêver un vitrail
qui dominant la nef saurait éterniser
de la martyre du lieu l'exemplaire assurance

Les pigments scrupuleux partagent le remords
un pinceau lapidaire illimite la sensation d'absence
puis jusqu'au souffle
il rend le visage
avec les yeux de jais qui regardent un dieu
il peint l'effusion de la tunique blanche
entre le flagellateur et le lion

Et chacun s'amuse ou s'émeut
de ce ton fraternel ou familier
quand tout gesticulant il parle à la sainte que
rallume désormais le soleil des aurores
et qui chamarre la pierre des piliers
de ses brisements versicolores

☯︎

Les baguenaudeuses


I


Aviaire


le verre a musiqué
sous le pas élusif

à mi-pente de fièvre
depuis la brisure éveillée
s'aile le multiplicande

toits de délitescences
oiseleurs volutés

un inespoir mordoré
détrousse l'habitude
du timbre de sa voix

orphelin du péremptoire
le temps s'interloque

et ces mouvantes figures d'un ciel insaisi
soudain se renonçant
en l'humblesse de la ligne de cendre


II


Cycnéenne


opulence des lisières
elle affleure diaphane
à vos portes d'aubiers

en la turbulence des possibles
s'étranger du myocarde

le demi-mensonge de la louve soeur
a crû parmi la carence des fusains
et féconde le délai frêle

les carmins exsangues
épuisent la fluence des minutes

et ces ramilles amoncelées
qu'enneige l'inattendu
crayère des nages étourdisseuses de sombreur


III


Claire

d'un demi-exode encore
le fond des bois larmés
et partout sur la braise
soudaine des mousses
aux confins d'un geste diamantifère
pétille l'augure consolateur



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑆𝑡𝑖𝑥𝑥

🔶

Coda


or l'ayant déligotée de sa mémoire
ce trajet en pâmoison
qui participait d'une poudre de harpe

son cerceau d'hématies
s'étrangeant de la diastole
gagnait le lutin des ponants

par la collusion des souffles
son fatum palimpseste
était disséminé

la surséance
immanente à l'intègre azur
blanchoyait d'une ouatine musicienne

or parmi l'évanouissante portée
cette note inconsolablement inchoative
qui lunait comme un filigrane
sur des mains décorporées

☯︎

Alcools


chrysolithe ambre rubis
alcools en livrées
oiseleurs des rayons ultimes
vagabondés dans la chambre

puis boire comme un ailleurs obombre l'étoile

gemmes et chagrins
fantômes et lueurs
ont kaléidoscopé le sang

un flambeau de corail
que tigre un appel d'ivoire
brûle l'obscur
espaceur des destins constellés par le ciel



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑀𝑎𝑟𝑖𝑎𝑚 𝐵𝑜𝑢𝑎𝑜𝑢𝑑

☯︎

Prestidigitatrices


le vivier du mouvoir
dérive les pâtures

ses sèves négatives
épuisent les obliques

à ce point miroitante la lisière
ravive les prémices

parmi le mordoré viridivore
la relique des chevaux blanchoie

astral vulnéraire au bris de la ramure
la clef se dépoche dans la halte déclive

à l'issue du sinueux
aéricole mirance des aubiers
la décision coïncide avec le recouvrement
puisque ravir jumelle perdre

aussi la promeneuse pharamineusement escapadée
jusqu'aux posologies caduques
contemple le lent enroulement
où viendra saillir la veinure affranchie des fluences



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝐷𝑒𝑛𝑒𝑏 𝑀𝑎𝑟𝑠

🏹

Coloquinte


la tantalienne liqueur du ponant
où Cynthia silhouette son émaciement

le presque infus ourle la minute séditieuse
y teindre
le fruit qui déborde le cueillir

est-ce s'évanouir
ou s'augmenter de la nuit volcanant un lever ?

vers la borne
convergent les axiomes d'éclater
et profuse la pulpe supplée l'aube

la toxicophore humilie le prodrome des coupoles

son repos que parfait la rupture
a désankylosé l'inespoir
et leur concert tresse l'impasse du sang

un ru murmureur de reflets
se résout en l'antienne de l'effusion

des morosités les plus féales
chaque trait chaque héliophobe rame
son envisagement les épointe

les portera cette contenance
qu'obscurcicolore la rebuffade du décor

et d'aussi populeusement s'aiguiser et se brandir
se désheure l'adversaire goniorragique
devant l'imminence de l'archère des rancoeurs

☯︎

La disparaissante


du vaisselier qu'elle entrebâille
croît une ogive s'injectant de silhouette

lucarneau de la jeune vivante
sur la théière couleur de boucanée

arc et spirilles violaçant le charme
une fleur s'élonge au flanc du drageoir

de la pérenne absence des parfums
s'oignent les attentes magiciennes

avec le cordonnet d'ambre flué
quint de l'andante en promesse

elle passemente le geste de cueillir
pendant les flagrances d'une promenade de porcelaine

et pour le corps qui rompt avec l'annuité
pour le sang retourné au météore

parmi la sépia polysémique du reflet
elle épanche le paroxysme du congé



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑅𝑖𝑐ℎ𝑎𝑟𝑑𝑇𝑟𝑖

💮

Les proies transparentes

sur la toile
scintilla la rosée
en même temps que ma larme
en même temps que l'aile
de cette leucanie



Soir d'hiver


la flambe d'un mouchoir
fanal chiffonné
au confus du raidillon

arcure de la lenteur
une fumée cyanosée

la périssoire des lointains
son demi-moment de rivage orange
pour le rose alangui

l'épilogue du soufre
nimbant l'émaciation des mauves

et les sylphes d'un frisson d'encre
sur les bois sommeilleux
débarcadère des étoiles

☯︎

Dissolution


ce soir enfin
sur la natte de la mélancolie
mes yeux se reposent
dans la patiente contemplation
de l'orangé lointain du temple

sa braise survivante
posée délicatement
au bas du versant noir

alors en plein coeur ou dans l'esprit
je ne sais
cette révélation que la lumière suffit aux choses
que l'édifice n'a plus sa pierre équarrie

que mon regard n'a plus sa chair humide


un lent geste de nuage mauve
essuie soudain la lune
comme une dernière larme d'ivoire



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝐶𝑎𝑟𝑙𝑎

🧚‍♀️

Insurrection

Ainsi
au bord des adverses vitesses
où les hommes inconnaissables
épousent le passage
assise
sous l'oriflamme de la cime décidue
résolument joindre son regard
à l'indatable tour
pendant qu'elle exhorte l'horizon
toute ruisselante de la lumière coloriste
et recéleuse
à l'aine du ciel qu'elle a percée

🔸🔻🔸

La délivrance exhaustive


fractions d'ocre
la naïveté de leur semis caliciforme
sur la serpentueuse sente où l'errance s'envenimait

opulentes enfin les enfuies d'azur
grivelées du serment de l'orage

adret en pâture
cerf-volant
des indéfinités
des bêtes
des verts
et des pierres passées à leurs échos de nacre

puisqu'aussi rouge de tenir
le poing du dernier enfant thésauriseur
a
été
brisé



Fumées


ces laines radieuses
continûment
volcanisent les faîtages

votives
leurs métamorphoses

en faveur
du rouet

et sur le fil immaculé
toute ruisselière
de l'impasse de cochenille
alaire formule
je franchis le fugace

☯︎

Dissolution


Voie
des neiges scintillées

l'empreinte
s'atomise

le geste vaste et pastel
égrappe le sang

nuagées de l'expir
les moelles s'évadent

cendre en prière
parmi les parfums votifs
reposer enfin
dans l'urne du clair



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑂𝑝ℎé𝑙𝑖𝑒

☯︎

Lumière et soif


rayonna l'agrume
sous le gouttellement de la lame
et les lumières erratiques
et les reflets orphelins
se réunirent en le nectar

il s'évasait au bord de la table
concilié un temps encore
avec la rumeur du verre

sa franchise de flambeau
et le clair-obscur de mon sang
obvièrent à la promiscuité
pour tout le charme d'une demande :
que deviendra cette soif ?

quand la fenêtre eut un cri de corolle

son rose héritait

il s'allumait par degrés
bouleverseur de sa définition
et buvant les vanités du soir

mais soufflé
par l'alliance des heures et des sombres
il se lova déjà sous les patiences d'aurores

pendant qu'éparse dans le carrellement des alentours
fraîchissait une orangeade ambrée
pour le vivier des silhouettes
et l'adolescence des solitudes



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑃𝑎𝑝𝑎𝑣𝑒𝑟

🪁

Poète


calligramme
ondoyant
des oiseaux

puis les toits
après un instant de houle aliforme
reçoivent
l'encre restituée

je sais des regards taillés
qui s'y trempent
pour le tracé
des voies neuves

au verso de l'hiver

☯︎

Stymphale


Et de ta première distance tu connais l'exténuation vérace


tes lignes sans viatique portaient la gamme d'un dieu
les étamines de la nuit ressourçaient le pollen de ton nom
il n'y aurait à se relever qu'à la clameur de la combinaison neuve

dans sa précision graduelle un chant t'ouvrit les yeux
sa mélancolie te restitua la saillie des os
bas, le convoi dodelinait de toute sa joaillerie de flambeaux

alors foudre d'encres ces ailes éployées
alors ce borée des cris, à saisir ton baptême des confins
et ces éclats de marécage absorbant la panique constellée


À la lueur qui survit paraît un monstre assouvi



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝐶𝑙𝑒𝑚𝑜𝑢𝑐ℎ𝑘𝑎

💠

Cathédrale


radiaux
et déictiques bras
ailes éployées
un ange
étoile malitorne
a guidé les magnificences
que des reflets cannellent
à même l'oubliance des prosternations

et rien ne sait plus brûler
hors l'ogive élancée du tréfonds
qui va détroussant la cendre

les couleurs des vitraux
se sont lovées
dans la flamme de mon démasquement

à sa pointe d'adolescent soleil
la fugacité
éfaufile sa seconde flâneuse



Rhomboèdre


Lente avec la proie sélène diagonalait une louve
l'incandescence qui la revêtait jusqu'à l'haleine calme
passait le navrant dévorement
seule l'invention de la nuit eût signifié l'échancrure


Quand floconne le dernier butin de minutes
la métamorphose disgracie les horloges
revenues au cocon où le pleur atermoie
enfin les estampes à vau-l'eau se menuisent


Bien que dans les bleus et les verts concomitants
se noie par degré la transparence
coaliseur en retranche l'oculaire cause
le bain d'un luminaire parmi les hippocampes


Pour fins de vasques se sont perpétrés les angles
persiflé l'almanach jaillissent leurs floralies
et même si la sentence muette corrobore l'entrelacs
les pétales énumèrent la diaphanité des pardons


En le florilège de ses ruisselis la lucarne
où des pluies miraient le jeûne des vaisseaux se résume
la dolence au nacarat de ses confins
l'épanouit en scrupuleuses corolles


À déruiner le remuement des merlons
impuissant malgré tout un ciel
un chevaleresque vent s'exile au losange
et meurt à l'éploiement du pavillon châtelé

🌌

Un soir en griserie


ces luminaires mis en défiance
par leur thèse de sources

le long d'un trottoir enclin au nocher
l'alternance du bistre avec le safran
pour les arbres-cerfs eschatologues

le fugitif hapax
d'une cochenille géminée

d'infinis atterrissages de roseur
de soufre et de bleuissure
la hauteur venue à la révérence incise

le nomadisme d'un faisceau
dans un sortilège interstitiel
impropice aux révèlements avachis

un tambour galactique
détraque ses jaillies de globes

une vacillante silhouette à mi-voix
dissémine l'alphabet limbique
sur le fabuleux des lendemains

🩸

Assouvie


à demeurer ce qui délibère
longtemps étourdit le faisceau

linéaments de paucité
au bas d'une inclinaison vague

lorsqu'un sang miraculé
élit les minutes poètes

voile à la lucarne
l'aube de neige
concède un bleuissant défaire

d'un verre le rose allumement
apothéose l'inemploi

dans sa flammerole cueillie
un fruit brûle la nourriture

et sur la courtepointe
où le florilège en chagrin
retourne au germe
des éléphants satinés
troubadourent ce relais
d'ors et de verts rassasiants

☯︎

La fenêtre du guérir


un geste
encore
à la crête du sang

maléficiante affirmation
et s'éteignirent les couleurs tissues
qui mentaient par tant d'oiseaux
évanouisseurs de vitre

avant les vespérales prémices
sur les rayons naïfs en leur délai de charmille
le demeurant de la pluie
suspend un penser de transparence
au rose pâle du pétale

un diamant traverse
astral payeur du dilatoire
de la chute


Cette soif nouvelle
donne au recueillir
une forme d'oeil sans le périssable

céladons et pourpres obombrés
une frondeuse bouquetière
avec un infime de lampe
déploie le papier cristal de la nuit
où se délient et s'éthérisent les corolles



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝐴𝑢𝑟𝑒

♡︎

leukaima


Elle disait : « À quel moment de lucide et d'évidence, au filigrané de l'asthénique procès, ce nom de leukaima se lia-t-il à ma complexion, jusqu'à éteindre celui que m'avaient donné les êtres dont je naquis charnellement ?... Le moment, heureux paroxysme des inespoirs, de re-naître de poème... Voilà des racines grecques qui disent "briller" et "sang"... Le sang brille, le sang luit, le sang éclaire. À la lueur de ce carminé flambeau, les tableaux, les choses, les créatures dont je suis environnée, paraissent, non plus dans leurs bornes navrantes, mais au sein de la continuelle et kaléidoscopique Métamorphose du monde... Mon sang ainsi allumé de cercler le temps en l'instant plus dense, les révèle à leurs essences poétiques, et, parent de lune, claire pour elles le langage de ce qui se dé-range... Je suis la jeune leucémique des lisières, dont l'allure odysséenne et frêle tantôt se coule dans le rêve tantôt repasse le linéament du réel... la jeune érythrophore des confins, la féale étymologie des crépuscules, qu'intégralement la mort est impuissante à com-prendre et que la vie échoue à con-cerner entièrement... »



Elle aurait dit encore : « J'ignore à quel moment la maladie survint, et l'oubli atteint à l'innéité. Elle est depuis toujours cette présence étoilante en mes vaisseaux. Elle ne prétend pas à la force de m'éteindre, et je n'en infère nul sentiment de révolte, nulle instillation d'amertume... Dense adolescence de l'instant dilatoire !... Elle entraîne et l'oeil et l'esprit dans ses kaléidoscopes, me laissant doublement voir quelques-uns de ces féeriques décèlements, irrigatrices apocalypses, dont s'étalonne et s'ajoure cette précise existence. Les repères et les connaissances se défont et se recomposent, pour la surgie des bêtes mystérieuses... Leur couleur de sang qu'un guet de nacre va ravissant... »



encore cette ardeur d'écarter les voilages
légèrement se courbent les bouquets de plis
le grand arbre qui ramifie la fenêtre
encre les intermittences du ciel
des gouttes sinuent sur le bleu tigré
l'orangé fulgure parmi le sfumato des montagnes
l'éphémère s'enchâsse dans la sérénité des souffles
double de l'horizon le pourpre des ailes s'éploie
l'envisagement larme en poudre de cristal
décisif l'envol découpe le soir
et affole la métamorphose des fumées radieuses

🩸

Fenêtre d'immaculation


équerre d'abondance
des traits se croisent
à l'inassouvissement du voir
frères de sombre et de safran
sereins débords de luminaires
sur la vitre insomnieuse

le bleuir qu'on parcelle
mais nulle anachorétique aventure
pour s'essentialiser d'un pareil lot

les verticales assénées et les sols
les ramures et les silhouettes monotonisées
l'alphabet des rabâcheuses santés
se récréent dans la surprise de la blanche issue

murmure-moi psyché leucémique
ton oracle d'osséine !


Il y aurait le passage
du verre déréel
et fluer en linges épars
atteignant aux lendemains

pagailleuse aorte de neige
achiffrante aiguadière d'une radieuse liqueur
à travers le silence d'hôpital



Le Tao leucémique


ses linges
des vêprées recrudescentes
vont fleurant l'achronie et le mètre torpide

un rire
transcharnel
leur octroie quelque altesse

leur tomber les éploie
ravisseurs en diaphane rouge de tout luminaire


paysage la hurlière
par-delà l'acrimonie des angles

ô lisières
que s'audacent vos kaléidophanies
où faire louve filante la confluence d'hôpital !

sa voie
anfractueuse passée de l'incandescence élective

au congé-racine qui tient toutes les salves d'inconnu
le reflet donne fée son quatre-feuilles de secondes

vont merveillant en leur conflagration nulle
révolte comme tristesse
lés et baux

☯︎

Traversante


avec l'ombreuse étoffe qui divise
la béance de l'épicerie
bombe le rose
mystifiant le degré de l'effaçure

la robuste mémoire
confirme sa carène
et l'houache staminée

des corolles
enfuies de la cueillaison argonautique
muent le naufrage en jardin

entre les colonnes du pavillon
la quintessence de l'escale
grâce au rosier s'ogivant
et l'île déborde le fugace et le récrée

de turbides débits
embouent et ambrent l'inépuisable de la mer

et cette passation d'inconnus au marbre noir
cette proue calligraphe afin que ton nom se dore
qu'y pourra l'ancre pétrée
qu'ayant ouvré la symétrie des rugisseurs
perla le rite éploré ?...

si des mains étoiles
les surmontent encore de leurs bouquets hissés
dans la risée viride d'outre-chair



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝑊𝑎𝑘𝑜𝑑𝑎

♡︎

Segment


elle allait s'enquérant
d'une distance encline au vertige nouveau

le rouge malingre des instants accrus
instillait un train parmi les écorces stridentes
afin que s'élongeât la surgie du voyage


la fonte des blancheurs ubiques
fait miroiter le raidillon

de leurs vols jumeaux
le coupent deux jais ravisseurs
et du larcin qui les brinquebale
phosphore le lointain

elle s'étonne que sa plume cardiaque
ignore le pouvoir des ailes acolytes

or serti dans le figement le nocturne des yeux
s'attache à l'éclair tout à coup dépris
sa diffluence de tuile et d'ardoise
de mordoré limbique et de fauve

son effarée ruisselure
qui va radiant le jour sur la baie d'hôpital

🩸

Transfusionnelle


quelle couleur à ses prémices
par intervalles de fuseaux l'ombre sentinelle
et du cadre qui s'atermine
les leucémiants côtés vont desservant le pinceau

lorsqu'en cette garance s'évanouit la prime contenance
la paupière archive l'ordalie cendreuse du songe
désheurée la braise scinde l'adolescence de l'angle
si luisamment recevoir dévanille le pouls

un sang déborde la passée de l'aube
pour que la main de voile se parfasse encore
qui décache les venelles
revenues au vitré vanesses comme musique



Maladie magicienne


la poignée
en dépit de son brandissement lacté
dissoute
dans l'ombre téméraire

une liqueur de bleu diaphane
emplit les carreaux

ramures du reverdir orpailleur
ivresse des dehors

et ne demeure au verre
que le malingre embuement
de la désenchanteresse

qu'un vieux noir de cadre
ses lignes se croisant
ses angles démultipliés
pour sa prétention au terme

puisqu'il arrive que le vent
et la pause de l'oiseau de moire
concernent le tamaya
qui visite l'aquarelle
et qu'arque la sanguine

prestidigitatrice détresse
et la transparence est ce va-et-vient
d'un sentiment de ciel

☯︎

Pansements d'aube


des lignes noires
pour tigrer l'ajour

entre deux limbiques colonnes
de safran pâlissant
l'arbre rêveur de l'arbre
sur l'adolescent bleuir

gorgé de l'encre des magnifiques
l'incorporel pinceau
appuie les longs partages

et un fauve se sera coulé
dans son cruciforme jaillir

aux mains cacochymes
des réveils étonnés
la grâce de recueillir
les carrellements de la métamorphose

pour la blessure des combles
les destinations qui mortaisent
pour la plaie apothéotique
et les morts d'oubliance et de marbre



𝔸𝕧𝕖𝕔 b𝐨ētiane

𑁍

Plénitude

à la lame
du jour
un éclat
d'oiseau
épouse
ma lacune

💮

Charme


aiguière en voyage
sa transparence mauve
et déjà syncopé le porte-fadeurs
avec l'arbitraire de la tablette
qui eût gardé contre le bris

une eau reste au boire
autant qu'au ravir
du défilement s'alentissant la moire
tantôt irise tantôt platine
l'étique ovale tremblé qui la surface

🌸

Fragilités


Poids de la pluie noire
sur les panonceaux

la hautainerie de leurs mots-luminaires
a ployé

prodigieuses
des enjambées
franches de toute blandice
vont alors exilant
de la ville vénale
les démesures qui
dans le battage de l'outre-coeur
avaient contrefait des dieux

🩸

La jeune cancéreuse au lavabo


Depuis ce matin
le savon est un coeur rouge
Et les mains à laver
iront inéluctablement le perdant

Sur la blanche soucoupe sonore
où la jeune femme le repose
il commence de saigner
Grisée par le parfum nouveau
de longtemps elle songera
devant l'ovale d'un miroir
dont le reflet l'interdit

De ce coeur quelles seront
et la taille et la métamorphose
quand après quelques matins encore
par-delà quelques sursitaires fraîcheurs
venues aux poignets minimes
le rythme
qu'au fond d'elle il lui fait la grâce d'enhardir
aura cessé

🥀

L'impossible jardin


À l'ondante tête du lit
parmi le plurimiel veineux de son bois
autrefois un choc a creusé

les verts de la cloison qui composent
qui lancinent un vaste vol de fleurs
y adressent leurs tiges


Le secret de la racine
où se sont réunis les rêves
apprécie sa distance adamantine


Pour séparer la lumière
de ses moindreurs
l'abat-jour à travers la verticale espéreuse
arque le long stigmate du fauchement

🍀

La couleur du bagage


Au revers des passants
cette femme soudain
ses juvéniles cheveux de jais
rayonnant l'allure égale
vers le départ

et sa main gantée de lys
imprime aux roues du bagage
un tournoiement de planète
les prémices d'une orbite
en manière de trottoir

et emporte tout le mauve possible
vers la toile des voyants
où se tient l'épure de l'aster essentiel

🔷

Lame du ciel


oiseau
ailes éployées
envergure des vents
des satinés des moires
chatoiement de l'indicible
lente lame glissée

lambeaux d'azur
que thésaurise la branche

tête coupée
à l'ogre de soleil

éteules de rayons
de mica de diaphane
sur l'ultime marbrure
qui prénomme l'hiver

💎

Suicidaire


sous le bleu germinal et laïque
un tréfileur safrane
elle a son orient
l'entaille qui subjugue

la veine de roseau pers
dans la vannerie des rayons
des diagonales abiétines
et des rues qu'orangent les longs soirs

la chair a capitulé
calme refrain des os
effusion de froment clair
sur les neiges de l'adret



Halte


vieil homme harassé
assis au bord de la fontaine
la kyrielle de ses soifs intacte

et l'eau jaillit de la pierre
couleuvre de soleil frais



Naufrager les mots

atemporelle
pleut la cité
billets à la dérive
chavirages de papier
épaves en cursive
délivrance des encres
les mots fluides se désaccoutumant
et du sens et de la graphie
aquarellent les ruisselures

♡︎

Gravitationnelle


métal glacé de la poignée
ses reflets épuiseurs de lexique
accroissent leur énigme
dans la main translucide

entrebâillé
le risque des fraîcheurs

houle verdoyée
la promenade du franchir


léger tremblé
de l'imminence en écho des oiseaux

mais le cyan l'ocre le fauve
assermentent leur tissage
quand le rose des pétales mitoyens
s'aile élucidant l'essor

tressaut du sang
une systole transhumaine
aux coordonnées les plus naufrageuses du circuit

mais le ressaisit
le racinage de vaisseaux et d'haleine
quand vannant le crépuscule les félines ténèbres
séparent le rouge
des leucémies qui étoilent

🌹

Les nitescences de l'éveil


D'un angle si profond
le faisceau mimétique
affranchi des albescences
qui iront en délinéant une lucarne
a convié au soliflore

De toute son ardeur
acaule la fleur

drisse la nouvelle hématie

💧

Ressourcement

dans ton message
à l'encre bleu tutélaire
cette étymologie
de l'ange

🔮

Pure halte


Dans le poignet de brume
un plain-chant fait tressaillir
les vespérales veines des arbres

Dans le clos de l'invisible
un contour suppliant
ensoleille sa rosace

La patience pressent les étoiles
qui d'un coeur de flambe en poudrée
parsèment le battement du mystère

🔸🔶🔸

Nocturnale


tout à sa mélanique arborescence
la cour
ira glissant des éclis de safran
dans le confus de son faîte

reflets paniques
sur le carnaval des carreaux

flagelles de nacre
dyades pourpres
bluettant lapis
jusqu'à l'exhaustive épousaille
de l'alevinière des distances et des vitesses
que palissade le bambou

au clair des parallélogrammes
dont s'ensoufrent les solitudes de la maison
une séquence fissile
des palinodies de jokers
s'offrent au vent s'évadant
d'entre les ciels décloués



S'éclairer


découpe en ribambelle
de la silhouette humaine

le sombre meut ses multitudes
sur les aires du passage

dédoré par le fermail des textures
le nuancier du transparaître

un oeilleton de safran
des syllabes fulgurées
un bagage qui gronde
effervescente consomption des tabacs
des secrets des silences

soufré pluriel sur le nectar des haltes
les vitres se prodiguent

première couleur du geste
pour la glyptique des prunelles

congé de bleu soprano
le ciel y fascine sa braise candide

un train
laissé à sa déshabitude
gemme de la vitesse
où villégiature l'étoile
robuste évanouisseur de visages
les voyelles des villes s'évadent
jusqu'à renommer la lumière

innocent
de la distance
couturier départ
qui réunit le sang lunaire
à l'ignescence des mille verts

☯︎

Les étoiles odysséennes


par myriades la vitrerie
ruisselle de la défiguration des ciels

les silhouettes charivaresques
enchevêtrent des phonèmes
où les mythes se sont amuïs

et je me serai enfuie vaine
parmi l'incandescence
qui ligote et pointille les grands conifères

échoient au spastique borée
la fantasmagorie du déliement fécond
et la ressouvenance des frémisseuses

affleurant diaphane ma nostalgie
un sachelet enfle
et tournoie
ascensionnel
par à-coups

mimodrame du baluchon de la galaxie



𝔸𝕧𝕖𝕔 𝐸𝑛 ℎ𝑜𝑖𝑟 𝑑𝑒 𝐿𝑜𝑢𝑝-𝑑𝑒-𝑙𝑢𝑛𝑒 黄龄

🟠

S'allumer


mur dévolu
à la lumière en citronnier
quadriller l'aube
vitres et tamaya
à leur mimodrame d'ombres
croix et feuilles-créatures
se métamorphosent
parmi les limbes des pupilles

orangé des fruits
roulés sur la transparence
perles couleur tango
qui guirlandent la lampe
et pour la déhiscence des orients
seul s'allumer
comme météore et fugace
pare et nourrit

🪔

Le vif des détails


Un fil de vent clair
se transmet de cime en cime
juillet dépeuple le village
et je me grise de rue en rue
du limpide aboi

le vif des détails
chevaux fixés au vieux pampre
devant la maison sans personne
aigle fait proie d'or des roses, cygne
qui neige en rideaux

le vif des détails
à l'angle d'un son de tuile
le paon affranchi de l'enclos
sous le ciel qu'on violace en grondant
tu me l'as appris

reviens tout à l'heure
acquiescer à l'escapade
sans horloge et sans plaques bleues
ils rebaptisent tous les chemins
ceux qui vont par deux

reviens tout à l'heure
pour me révéler les fleurs
sur les murs qui n'étaient qu'obstacle
et si grise pierre avant ton geste
reviens tout à l'heure

deviner les mauves
conquérantes de la main
que ne serre pas la mienne
et du vieillard changer en vase
la mélancolie

reviens tout à l'heure
ma complice insciente des tailles
répondre au signe de la gemme
viens escamoter la multitude
sous le parapluie

où perle ton voeu
viens marcher sur l'avenue
et bifurquer vers le minuit
du parc et hisser nos joies d'archanges
au jeu de bascule



Un chat couleur de feu repose sur ta tombe

🇨🇳

Drapeaux de Chine 𝕀𝕀


grands drapeaux dans un vent d'été
qui appond et confie un sang
au corps de verre me glissant
à travers l'île mi-réelle ?

tant d'éploiements où persévère
la couleur qui dore
l'étoile sagittaire avec son arc d'étoiles
retrempent le secret systolique
hèlent le lacis du pouls

le fluide héberge les pérégrins d'ombre las
et parfois des oiseaux ou des cimes
battements d'encre ou acuités smaragdines
tout à cette manière de délivrances
sur le haut pastel de ouate
calligraphient la vérité d'un jour encore

☯︎

La Maison de Marianne



Dans la chambre de Marianne
voilages de sud et de gaze
abondent d'un rose élixir
et les autres pièces de sa maison
ouvertes comme des soifs cardinales

♡︎

Deux bleus de nuit pour la symbiose du ciel et de la mer
une blancheur isocèle témoignant une voile
la traversée gouachée sur la boîte d'allumettes
partage parfois ses fanaux
avec les rivages du bain
au sein de féales étoiles de verre

🩸

Devant les essais les romans
les sommes qui épanchent l'histoire des Hommes
un visage en noir et blanc
sentinelle du sourire à l'angle d'un rayon
et mille alphabets impuissants
à nommer cette présence de la mère



Trois paniers surmontent une armoire
immobiles de la récolte des heures
et par degré leurs anses tressées
découvrent l'arceau des passages

♡︎

Une lanterne suspendue
au flamboyant pêle-mêle du salon
tout le grand pleur
des transparentes aubes d'ascèse
qui perle et va coulant

🩸

Dans l'étagère menuisée
à travers la patiente réunion des verres anciens
se déforment et fabulent
les visages des femmes tristes
qu'aquarellait d'année en année
la grande amie d'outre-mer



Vêtement de carmin oublié
ces plis d'un soyeux nonchaloir
au-dessous de Venise impressionniste
bleu cyan de reflets et d'ogives ajourée
du temps que de canal en canal
un musée l'approchait de la rêveuse

♡︎

À côté du falot où luit désormais
le trésor de cailloux des apaisantes promenades
un ange mutilé va se renversant sur le dos
sans cesser d'étreindre sa corbeille de fruits cendreux
dans le double nimbe d'ocre et d'argent
que lui fait l'empilage du balcon sans âge

🩸

Portrait de femme sur le piano
la musique silhouettée de jeunesse
monte à travers le palissandre
chevelure allégro vivace
grands yeux nocturnes



Lorsque la maison s'ouvre à l'odyssée de l'air
les cartes postales vont arlequinant le sol
des Indiennes apothéosent le cortège d'un tympan gothique
un angle de sayon débleuit une mer
une enfant musicale survole un éclat manuscrit
Rocamadour s'avitaille au poissonneux verger

♡︎

Les foulards de Marianne emportent l'entrée
mais dans les patères de bois cannelle
de jeunes vivants à son image
leurs cous de neige et de rose éployés
dominent les cascatelles
des années multiformes et polychromes

🩸

Et s'allument les reliures
ce mot de florilège bouturé par l'aurore
les corolles qui depuis peu les effleurent
la nuit les a effeuillées
au pied des rayons sur les arabesques du tapis
empreintes roses d'un voleur de poèmes



Épanchements diaphanes
orangé jaune et blanc du rideau
dans son silencieux incendie
les matins sceptiques
midi qui désaime
et les soirs moroses

♡︎

Fioles et flacons
eaux lilas et flavescentes
sur leur assiette de vermeil
une petite cité odore l'imaginaire
au-dessous du reflet des yeux migrateurs

🩸

Apprivoiseurs au crochet dans un baroque losange
un jeune archer distance son arc
de l'oiseau qui se ravive au creux de sa main
le ciel se recompose en l'amitié des ailes
et sur le carrelage bleu de la salle d'eau
la dernière flèche a fait couler la lumière



Verts céladon bleus du frêle
blancs enfance des ombres
pour la neige de l'orée virginale et l'arc léger d'un lac
pour la guipure d'un bois et l'éploiement d'un ciel
les paysages dont s'éprit Marianne
fenêtrent le silence

♡︎

Le dessin de l'enfant Luna
atemporel sur la porte blanche
d'obliques monochromes silhouettes fleurissantes
peuplent l'orage des géodésies natives
y butine un papillon de rhodoïd micacé
qu'ocellent des larmes d'or

🩸

Arbre qui ramifie le ciel
et fragmente aurores et crépuscules
close la croisée sait recoudre
tes morceaux de tempête



À l'un des miroitements qui cloutent l'armoire amarante
se ficelle encore la rose
sa corolle sèche regardant vers le bas
et d'artistes bougies accotant à sa tige leur effilement
pour cette gerbe des flammes qui tergiversèrent

♡︎

Livre d'images sur la table de verre
des couleurs chaudes et naïves racontent un hôpital
mais capricieusement le voisine la transparence
jusqu'au tapis natté de grège et d'infini
qu'à son gré l'enfant Louise constelle
de toute la monnaie factice de son jeu

🩸

Menues reliures de toile colligeant des fleurs de poésie
la gradation de leurs dos insolés
de la couleur des millepertuis à celle des lavandes
secret escalier
menant du poème au sommeil
et du sommeil à la fugue irisée des pollens



Caule tilleul et flexueuse sur la paroi
chandelier noir s'évadant des lignes du plancher
la corolle et la bougie aspirent l'une à l'autre
pour se réunir en le rouge
que n'épuisent plus ni éphémère ni flamme

♡︎

Au pied des tempos suspendus
dans l'aurifique mélancolieuse d'un flou désir d'horloge
des coquillages se sont frayé
le chemin d'effleurer une coupelle d'agates
où toutes les couleurs des mers
reposent l'une contre l'autre

🩸

Aux craies de couleurs clairant dans leur coffret
les doigts ardent d'empoussiérer leurs pulpes
et de lundi en lundi pellucide
le temps se marbre parmi l'enfant Louise
qui de nébuleuses en libellules minimise
la noire vacance du tableau


𝕃𝕠𝕦𝕡-𝕕𝕖-𝕝𝕦𝕟𝕖 / 劉 碧峥

Modifié par Loup-de-lune, 07 avril 2021 - 07:28 .