(Refrain)
Chasse marine, ô mariniers,
Dans les bars où je traîne
Vague à l'âme, vers en pantenne,
Chasse marine, ô cap-horniers !
*
Hauts fonds des naufrageurs,
Bas-fonds de chante-ivresse,
Dans les fumées épaisses,
Et aux tréfonds des cœurs.
·
Bancs poissés d'uniformes et en bois de cercueil
Aux genoux vermoulus de tables noir Guinness
Accueillent les épaves ouessantines, leur orgueil –
Pays de Chanaan pour dépenailles marines.
·
De cantiques en clabaudages, cœurs cargués de chants,
Déchantés aux naufrages, déferlés en dedans
Sur les belles qui pleurent – miserere de mer !
Ils se reboivent un rhum.
·
Leurs yeux chassieux bleus de cloportes
Ouvrent sur l'infini claudiquant
La masure aux mille portes
De leur mémoire lucarne éperdue de géhenne
Qui dessine les sentes de leur visage hâlé.
·
Raffalés comme leurs voiles au comptoir ils étalent
Leurs pinasses de rêves blafards
Sortilèges banals – hé quoi ?
Songes de rois !
·
Ils boivent pour oublier que la terre est trop ferme
Et quand ils ont bien bu ils virent leur corps carlingues
À la coque rongée –
Corps en carène, corps morts, corps qui tanguent -
Etrangers...
Oubliés...
·
Ils cinglent de l'avant la nuit quand les bars ferment.
Anonymes ânonnant une injure, un blasphème,
Une prière aux grands vents, et quelques mots d'amour.
C'est galons frémissants quand reviendra le jour
Qu'ils reprendront la mer comme on reprend un verre.
·
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Je triche ! Ce texte a au moins 10 ans. C’est donc un pastiche de Brel à la Corbière ! Avec des essais de rimes internes celtiques, de poésie allitérée plutôt noroise, des tentatives de déroute de rythme (mais parfois le rythme est juste vraiment faux !) le voc et le thème du coin.
Ah bah oui, j’étais jeune…