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Posté 03 mai 2021 - 08:44


6a00d8345238fe69e2026bdecf59ae200c-100wiChaque semaine, un poème de Pierre le Pillouër, pour le soutenir et l'accompagner dans l'épreuve qu'il traverse.

Bruissements

Un matin de mai 1994

Tout a commencé avec Hortense.
Depuis ma mise en trentaine me rongeait cette lubie de dégager une voie dâaccès au texte des Illuminations intitulé « H » et qui sâachève par lâinjonction espiègle de trouver Hortense.
Dâabord ne laisser aucun « calcul(s) de côté »et compter. Quoi ?
Le nombre de « o » émaillant le texte « H » et celui qui le précède, « Bottom » : bang du starter en jet dâeau arroseur, lire et dé-lire.
« Bon sang mais câest bien sûr ! », voilà la phrase qui venait au commissaire avant la révélation finale (il sâappelait Bourrel dans lâune des émissions de télé que jâaimais dâautant plus quâelle était réservée aux adultes, carré blanc car­rément fascinant).
« Eurêka ! », sortie du bain commun dans lâexaltation, ô Gaule, il suffisait de lui reSenser les O ! Câest quâelle en a, lâHortense, 29, exactement... et lâautre, le gros gris du dessus qui « brandit son grief », la voyelle ronde par deux fois troue son nom : ne négligeant aucun coup dâépaule malhonnête et considérant que les 2 « O » du titre et lâi « H » du suivant peuvent bien prendre lâeau, je lui compte ses os, 29, et je jubile, et relie dâautant plus que la première métamorphose a lieu en un essor vers le plafond moulant : en haut, 14         et hop sur le « H » qui titre le bas ! Et ça coule de partout par le son, chez lâ« oiseau », « au pied du baldaquin », ça gicle « aux gencives », ça flotte « au poil », « aux cristaux », aux argents, ça dégouline de « lâaquarium ardent » (ah ! ah !) par le sens et le latin (bonjour « les Sabines de la banlieue » !), on revient vers le baldaquin de la Madame, dodo aussi plein dâeau comme « au matin - aube de juin » et « aux champs », ergo ça baigne ! Si maintenant il y a le moindre lien entre lâHortense et lâeau, ce sera le grand baptême, oh ! oh !..

[â¦]

Mercredi 25 mai

Me tenir à un « piano » résolument, mâaccrocher aux cordes sinon... elles finiront par me pendre, maléfique étude du heurt que dâaucuns éludent.
À Somay (Saône-et-Loire), sous les toits pentus, rouge sale et moussus de ma Bresse natale, autour des maisons de ma famille, câest une vraie malédiction, ils finissent presque tous comme ça, avec du chanvre ou du fil à brochets, ils se pendent aux poutres, jeunes et vieux, poivrots et profs de philo, maires, maîtres, pucelles, fermiers, seules les bêtes ne le font pas, le maïs pendouille un peu partout lui aussi... Dédé Cordion, « lâCordjion » comme on lâappelait, il la lâchait pas, sa corde, lâemmenait partout avec lui, dans le coffre de sa voiture ou roulée sur son épaule, câétait sa seule Mère, il se confiait à elle en disant :
« Un de ces quâtrre, elle finira ben par me faire gigoter pour le compte ! »
Ce qui fut dit fut fait un soir dâété étouffant, au fond dâune grange où la gnôle tout dâun coup nâa plus suffi à le consoler dâun pays trop plat, plages dâherbes sans vagues : il a trouvé enfin le repos dans lâaccord de son nom, ce « brûleur dâherbes ».

Défiance de tout et tous mâétouffe, paranouailles de aïe, trouille de sous-céliner autour du Prince pour qui jâen pince, honte qui monte de la grange au grenier trop plein de grains.
La main au soc paysan, nudité crue et puante.
Jâaurais dû traduire la dernière phrase de « Phrases », elle concerne le même job, avec de plus doux parfums quâaux champs :

« Avivant un agréable goût d'encre de Chine une poudre noire pleut doucement sur ma veillée. - Je baisse les feux du lustre, je me jette sur le lit, et tourné du côté de l'ombre je vous vois, mes filles ! mes reines ! »

[â¦]
Trouver Hortense, journal de lecture à la lettre des Illuminations, éditions Ulysse Fin de Siècle, 160 p., 2008, 14 euros


En complément de ce choix de Christian Désagulier, lire une lettre qu'il a écrite à Pierre Le Pillouër, en cliquant sur ce lien.


 

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