Quand des hommes volent la lumière à la vie
En profanant les sépulcres fleuris naguère
Revêt le jour la toge ébène de la nuit
Imitant parfaitement celle des enfers.
Celle-ci qui embaumait jadis le santal
Sitôt qu’elle enfilait son cafetan de soie
Diapré de perles d’albâtre et de cristal
N’est plus guère cette muse inspirant la joie.
Quand les plantes dociles se tachent de sang
Dans les immenses plaines foulées par la haine
Sous le regard mort ou éprouvé d’innocents
Triomphe Lucifer de l’espérance humaine.
L’onde ne souffrant la tourmente se déchaîne
Sous la force de la colère de Neptune
Pointant son trident en y déversant sa peine
Tandis que des lames écument d’amertume.
Sur les champs follement dévastés par la guerre
Se tait la bise sous la quinte des fracas
Aiguisant les hurlements incessants de pères
Ayant perdu la foi sous le flot des tracas.
Dans les marais gagnés par les sables mouvants
S’en vient sans trop de hâte la Grande Faucheuse
Exaucer les derniers vœux de jeunes mourants
Pressés de finir leur destinée douloureuse.
Tandis que la voûte sombre dans la noirceur
Et que les jolies fleurs se fanent de tristesse
Se lamentent les âmes meurtries de douleur
Enveloppant ainsi d’un linceul leur détresse.
C’est sous ces cieux et ces feux inspirant l’enfer
Que pleure Allah à torrents sur le Sahara
Soufflant l’harmattan et le simoun de colère
Reprenant aux oasis tout leur bel éclat.
Les dunes fumant la poudre des gros canons
Sous la rancœur des nuages pleuvant de rage
Marbrent sitôt de noir d’ivoire l’horizon
Avalant l’écume des remous de naufrages.
Les petits anges sont prisonniers de leurs songes
Dans le labyrinthe de la folie humaine
Où leurs ailes fragiles de mésange épongent
Le flot de larmes sanguines d’une fontaine.
Isalou Poésie