qui es-tu, toi, tout là-bas
sur l'herbe, dans l'aube grise ?
ni fauvette, ni mésange
cantonnées, elles, dans les arbres
et dans l'air,
peut-être
moineau inquiet et sautillant,
franc-tireur séparé de ta bande
rouge-queue nerveux, craintif
et tes constants haut-le-corps ,
qui ne révèles tes couleurs,
qu'à l'envol, comme à regret,
ou fier chardonneret arrogant,
monarque au front rouge
et aux minces épaulettes d'or,
sabrant à coups de bec
les frêles aigrettes blanches
du pissenlit dont tu raffoles
quelqu'autre habitué des lieux,
verdier, rouge-gorge, pipit, ... ?
ou un oiseau venu d'ailleurs,
des étangs ou des montagnes
en cette saison d'été,
ou même du grand ailleurs,
des bords du Yukon,
des grandes plaines d'Asie,
de Madagascar, la Grande Île,
de l'Inde et ses cités grouillantes,
d'un de ces autres pays lointains
que nous aurions aimé connaître,
qui nous ont fait tant et tant rêver
et qui, aujourd'hui viennent à nous
puisque nous n'allons pas vers eux,
sous la forme d'une simple ombre
sur l'herbe,
d'une tentation, d'un faux espoir,
d'un regret, d'une furtive illusion
d'un songe éveillé
dans l'aube grise