Il n'a pas seulement marché sur un câble d'acier
mais, comme d'autres sur l'eau,
il marchait sans le savoir sur le méridien terrestre
qui suit partout, comme sur les cartes,
une trajectoire unique, parfaitement rectiligne,
indifférente aux sommets les plus hauts,
comme aussi aux gouffres les plus profonds,
il marchait , aimanté par le regard des gens massés,
retenant leur souffle, sur les bords du Grand Canyon
ou, plus nombreux encore, devant leurs écrans.
Lui, le danseur de corde, il savait confusément
au tréfonds de son être de chair, de doute et de peur
qu' "Il faut avoir encore du chaos en soi
pour accoucher d'une étoile qui danse".
comme lui, seul et fragile sur son fil d'acier méridien,
de son désordre intérieur faisant naître un chemin,
un poème qui était comme un cri au-dessus du vide,
comme vous aussi dans ces instants
suspendus, au-dessus de vos Grands Canyons,
là où, sur le fil des mots, l'indistinct devient distinct,
l'indicible soudain se dit , comme lui, comme vous ,
" Je ne pourrais croire qu'à un Dieu qui saurait danser. "
Citations de Friedrich Nietzsche : "Ainsi parlait Zarathoustra" (Prologue, paragraphe 5)