A marcher dans ce parc de Lorient l’embrumée
Par un soir de septembre dont la douceur étonne,
Je les vois en binômes lentement avancer
Eux qui feront rimer automne avec détonne !
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Commando artificiers. Casqués, havresac arrimé.
BRIGADE
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Tandis qu’au ciel se forment
les escadrilles
qui bientôt se déploient, fondent, se rassemblent et puis virent.
Se replient, se déploient à nouveau, plus loin.
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VOLTIGE
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Immense patrouille bien entraînée
guidée par on ne sait quel
colonel tellurique :
subtile perfection de mantras
sur fond de nuages mordorés.
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Pas un hors-champ, pas une hésitation.
Figures croisées. Piqués. Cloche. Huit cubains. Pasodoble.
En pointe toujours !
Essence d’oiseau. Cinétique du vol.
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Manquerait plus qu’ils nous lâchent
quelques bombes à phosphore—
acidité blanchâtre à dégommer nos caisses…
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Et c’est pour ça qu’en bas,
c’est Beyrouth, comme disent les anciens,
quand d’autres ont dans la bouche
Kaboul ou bien Mossoul. N’importe, c’est un même goût de fer.
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Les déflagrations font trembler le sol et tinter quelques vitres.
Un corbeau ou un geai ricane sur une bande magnétique.
Même l’alouette de retour d’une sortie en mer
n’a jamais entendu autant de bruit,
de bazar, de fracas… et tout ça pour si peu.
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Surpris dans un baiser, deux amoureux s’étreignent plus fort.
Un garçonnet court, sans savoir où il va.
Ils pestent contre le dérangement, ce qui s’installaient pour l’apéro.
Une petite fille pleure sous un banc.
Une autre s’est arrêtée, bicyclette à la main,
nous regarde, eux, puis moi, yeux interrogateurs.
J’ose un léger sourire.
Mais l’air transparent tremble et vacille.