sur le seuil, gardienne de la porte,
intangible d'une saison l'autre,
ses feuilles, lames courbes de cimeterre
en faisceau serré, en touffe dense
d'un vert profond , chargée de sucs épais,
l'agapanthe, "fleur de l'amour" *
en une nuit dresse passionnément
ses longues hampes florales,
glands ou vulves gorgés de sève,
images d'un désir premier et fou,
pathétique, qui cherche, vainement,
son objet dans le vide,
en appelant au ciel
et au matin suivant,
après le déchirement de l'hymen
dans la nuit,
c'est l'orgasme, dans un feu d'artifice,
une explosion de corolles bleues,
poignée d'étoiles nouvelles
jetée, comme un pied de nez,
à la face des hommes et des Dieux,
proclamant le triomphe absolu
de l'amour
* Agapanthe : Du grec ancien ἀγάπη (a̍gápê) (affection, amour divin) et ἄνθος (a̋nthos) (fleur