Retour au Pérou
La Cordillère franchie et le corps en ruine
j'arrivais à Lima au cœur de la nuit,
la vapeur s'échappait du capot d'un taxi,
la lune brillait d'une blancheur opaline.
L'église San Francisco, au musée des tortures,
ombrageait ma chambre, cellule sale et grise ;
sur le parvis, un peintre en chemise,
peignait un Christ nu au milieu des ordures.
Dans le sanctuaire où brûlaient quelques cierges
un indien édenté priait d'anciens dieux,
les momies ranimaient ce regard déjà vieux
qui s''illumina devant la jeune vierge.
Avenue Abancay flottait l'odeur de pourriture,
les reliefs du marché encombré d'ambulants,
les fumées de friture apportées par le vent
venu de la mer au parfum d'aventure .
Un désert de dunes noires encerclait la ville
tentaculaire, nappée d'une brume grise ;
le trafic infernal résistait à la crise
qui ravageait le pays et le cœur des familles.
Mes rêves d'Eldorado n'y pouvaient survivre ;
alors fuyant la pollution , je partis un matin,
buvant l'aube pâle dans fumée du train ;
rêvant de Machu Picchu ,encore un peu ivre.
L'écume de la nuit , bière des cervecerias
faisait tanguer devant mes yeux
les ruines de temples aux rites mystérieux,
le mythe des merveilleuses cités incas.
Dans le canyon de l'Urubamba
un serpent d'argent fuyait en eaux vives,
pénétrant au cœur de la forêt lascive,
nid de verdeur où le temps ne s'écoule pas ;
Au royaume de l'anaconda, porte d'Amazone,
où règne l'aquatique et végétal mystère,
passe le souffle de flûtes guerrières
entre les cris d'étrange faune .
Dans la splendeur du vert je noyais mes rêves,
je suivais la piste d'aventuriers
et, un jour, dans l'ombre d'un frangipanier,
près d'une armure , je trouvai un glaive,
une croix, puis un crâne blanchi,
un sceptre et sur la pierre ,le serment froid,
les symboles de la science et de la foi
que la mousse avait verdis.
Un Chasqui marchait sur le lumineux sentier.
Il portait les quipus sacrés à l'Inca
en ce jour de solstice chlorophyllien ;
la cité en deuil, attendait l'Indien
sur les terrasses de l'Intiwatana
là où le soleil, attaché à la pierre,
fait renaître un cycle nouveau,
marche des étoiles et rites ancestraux,
la promesse de moissons pour la terre .
Le grand prêtre ,immergé dans ses fumées ,
élève d'un geste auguste vers le ciel blême
un calice d'or, vidé du saint- chrême,
où le sang d'un llama achève de couler.
Castaneda , dans mémoires d'un sorcier Yaqui,
avait dépeint le psychédélique voyage .
Sur l'autel , le sorcier qui semblait sans âge
avait bu le poison et, tranchant du Tumi
le cœur d'un llama fumant ,
il le jette sur la foule d'où un cri jaillit :
la cordillère se fend !
Un rayon d'or perce alors la flaque de sang,
un ciel de neige rose coule
et, sur toutes les têtes se répand.
Alors, prodiguant sa manne aux portes du ciel,
le soleil généreux adoube au sanctuaire
l'indiens prosterné , qui se jette à terre,
Pachacutec jaillit de l'arc-en-ciel .
La Cordillère franchie et le corps en ruine
j'arrivais à Lima au cœur de la nuit,
la vapeur s'échappait du capot d'un taxi,
la lune brillait d'une blancheur opaline.
L'église San Francisco, au musée des tortures,
ombrageait ma chambre, cellule sale et grise ;
sur le parvis, un peintre en chemise,
peignait un Christ nu au milieu des ordures.
Dans le sanctuaire où brûlaient quelques cierges
un indien édenté priait d'anciens dieux,
les momies ranimaient ce regard déjà vieux
qui s''illumina devant la jeune vierge.
Avenue Abancay flottait l'odeur de pourriture,
les reliefs du marché encombré d'ambulants,
les fumées de friture apportées par le vent
venu de la mer au parfum d'aventure .
Un désert de dunes noires encerclait la ville
tentaculaire, nappée d'une brume grise ;
le trafic infernal résistait à la crise
qui ravageait le pays et le cœur des familles.
Mes rêves d'Eldorado n'y pouvaient survivre ;
alors fuyant la pollution , je partis un matin,
buvant l'aube pâle dans fumée du train ;
rêvant de Machu Picchu ,encore un peu ivre.
L'écume de la nuit , bière des cervecerias
faisait tanguer devant mes yeux
les ruines de temples aux rites mystérieux,
le mythe des merveilleuses cités incas.
Dans le canyon de l'Urubamba
un serpent d'argent fuyait en eaux vives,
pénétrant au cœur de la forêt lascive,
nid de verdeur où le temps ne s'écoule pas ;
Au royaume de l'anaconda, porte d'Amazone,
où règne l'aquatique et végétal mystère,
passe le souffle de flûtes guerrières
entre les cris d'étrange faune .
Dans la splendeur du vert je noyais mes rêves,
je suivais la piste d'aventuriers
et, un jour, dans l'ombre d'un frangipanier,
près d'une armure , je trouvai un glaive,
une croix, puis un crâne blanchi,
un sceptre et sur la pierre ,le serment froid,
les symboles de la science et de la foi
que la mousse avait verdis.
Un Chasqui marchait sur le lumineux sentier.
Il portait les quipus sacrés à l'Inca
en ce jour de solstice chlorophyllien ;
la cité en deuil, attendait l'Indien
sur les terrasses de l'Intiwatana
là où le soleil, attaché à la pierre,
fait renaître un cycle nouveau,
marche des étoiles et rites ancestraux,
la promesse de moissons pour la terre .
Le grand prêtre ,immergé dans ses fumées ,
élève d'un geste auguste vers le ciel blême
un calice d'or, vidé du saint- chrême,
où le sang d'un llama achève de couler.
Castaneda , dans mémoires d'un sorcier Yaqui,
avait dépeint le psychédélique voyage .
Sur l'autel , le sorcier qui semblait sans âge
avait bu le poison et, tranchant du Tumi
le cœur d'un llama fumant ,
il le jette sur la foule d'où un cri jaillit :
la cordillère se fend !
Un rayon d'or perce alors la flaque de sang,
un ciel de neige rose coule
et, sur toutes les têtes se répand.
Alors, prodiguant sa manne aux portes du ciel,
le soleil généreux adoube au sanctuaire
l'indiens prosterné , qui se jette à terre,
Pachacutec jaillit de l'arc-en-ciel .