carnet de Voyage /5
Entre les glaciers sculptant l'azur froid
je me sentais proche d'un autre idéal,
non pas celui même ,arrivant au Népal,
que des illuminés cherchaient avant moi.
Le Temps s’arrête sur les neiges éternelles,
aux pics du Pamir qui se dressent devant moi ;
est-ce donc ici que je vais trouver la foi
dépouillé de biens et des pulsions charnelles ?
Silence du Bodhisattva .
Sur la table basse culminaient quelques fleurs,
de petits soleils qu'une fée prodiguait
avec le beau sourire du matin népalais ;
A l'est d'Eden courait une rumeur .
Lhassa s'ouvrait comme un fruit mûr
au temps figé sur un gong de bronze ;
<< om mani padme om >> soupir des bonzes
que l'Empire enfermait derrière un mur.
Au loin les rizières encore fumantes
laissaient monter au ciel la sourde rumeur ;
Mao,la marche promettant le bonheur
à des foules serviles ,dans la grande attente.
Le rêve fuyait sans cesse dans le monde en feu ;
nous échappions de peu à tous les drames
il fallait encore partir,sans états d'âmes;
une fuite où notre idéal mourrait un peu.
Face au mystère de forêts impénétrables ,
obscures comme la pensée du bonze,
fragiles comme un glaive de bronze,
l'avenir se jouait dans un tour de table.
Selvas ruinées par un rude Aquilon
et l'enfant d'Eden pillant ses richesses,
taries par l'eau, le feu, la sécheresse,
linceul de verdure au creux du vallon.
Guitare et collier de fleurs en bandoulière,
l'étudiante attardée,réfractaire et futile,
trouverait dernier refuge en quelque cause utile,
me laissant partir en quête aventurière..
je t'accompagnais dans ta fuite triste,
vers cet autre rêve ,cet autre départ,
une lueur tremblait dans ton regard
du lointain espoir au bout de la piste.
Après Kathmandou,Lhassa,la cité des sages,
tu errais dans ce monde étrange
mendiant sur les rives du Gange,
avec Shiva brodée sur ton vert corsage.
Un jour de mousson je perdis ta trace,
un Saddhou t'avait vu aux portes du Fort Rouge ;
un soir ,dans la fumée d'un bouge
où tu vendais tes charmes , nue et lasse.
Combien d’îles pour faire un souvenir,
de routes partagées au vent de l'insouciance,
de temps passé à perdre l'innocence,
à chercher l'oubli dans l’illusion du partir.
Jf corr jan 23