Je suis heureux
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Vint un nouvel oiseau qui paraissait radieux.
« Je suis, claironne-t-il, superbement heureux.
Je vis comme un sultan du miel de mes journées.
Pourquoi suivrais-je ici cette route escarpée,
N'étant pas assez fou pour échanger mes roses
Contre un tas de cailloux dans un désert morose ?
- Vrai, tu es aveuglé, dit la huppe en un trait.
Un chaudron bouillonnant, voilà ton nid, en fait.
Serait-il un moment de rêve délicieux,
La Mort en ferait vite un cachot miséreux,
Si tu n'avais reçu du grand Maître du ciel
Cadeau d'éternité, dont moisirait ton miel. »
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Un riche palais
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Un roi se fit bâtir un grand palais de pierres,
Décoré de statues, de miroirs à lumières,
D'une beauté célèbre en tous points du pays.
Le roi fit s'installer devant lui ses amis,
Les chroniqueurs férus, les écrivains zélés.
« Parlez franc, dites-moi s'il manque, en ce palais,
Quelque chose, ici, là, dont vous auriez regret.
- Tout est parfait, sans doute, il nous comble de joie,
Tout y est magnifique et doux comme la soie,
Répondirent en chœur les courtisans ravis.
- Je ne suis pas d'accord, dit un sage vieillard,
Sa muraille est fendue derrière ce miroir.
- Fendue ? Tais-toi vieux fou, gronda le roi, tout blanc
De colère, honte à toi, qui dénies ton sultan !
- À cet endroit discret, une fente évidente,
Insiste le vieux sage, attend l'entrée glaçante
Et tu ne la vois pas. Répare, si tu peux
Avant que ton palais soit détruit par le feu.
Rien ne dure ici-bas. Tiens ton bel étalon
D'orgueil, tiens-le bien fort, redouble d'attention.
Qui te flatte, sultan, ne t'aime aucunement.
J'ai dit la vérité, fais-en ton vêtement. »
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La folie des grandeurs
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Un marchand fit fortune, il lui vint la folie
Des grandeurs. D'un grand coup, la mégalomanie
Le frappa en plein cœur. Il emplit son palais
De trésors éclatants, dont les flatteurs louaient
Le bel agencement. Mais un fou, dédaigneux,
Railla le grand marchand qui trônait, fabuleux.
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« Observe l'araignée qu'un fil suspend au ciel.
Est-ce un fil, est-ce un rêve, esthétique, essentiel ?
« Il faudra qu'une mouche y achevât sa route
Et je m'en nourrirai d'une partie dissoute,
Ayant soin de garder le reste pour plus tard.
Car il faut bien songer aux disettes du soir. »
Midi. Un homme vient, voit la toile au plafond.
Plus d'araignée, de rêve, un seul coup de bâton.
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Voilà ce qu'est ta vie dans son confort banal,
Où, d'un souffle du vent le désastre est total
Et tout est renvoyé au néant, d'un seul geste.
Un âne comprend ça. Le bœuf travaille au reste,
Une poignée d'avoine en guise de rançon.
Beau pantin, cesse donc ton jeu, pauvre chiffon.
Paraître est vanité. Sois humble, fuis la fête
Où les déguisements trompent ta pauvre tête.
Ouvre les yeux et vois l'aube qui s'offre à toi,
Authentique bonheur qu'ignorent tous les rois. »
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Les oiseaux du parfumeur
ISBN seconde édition 9781326973353
Dépôt légal première édition 2014© M.KISSINE
