Chanson des oies
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Maintenant que les enfants
Sont plus grands
Que les parents invisibles,
Maintenant que les anciens
N'ont plus rien
Qu'une peur indivisible,
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Allons-nous baisser les bras
Comme ça,
Fermer nos yeux, nos oreilles,
Nos lèvres sans un baiser,
Sans bonté,
Nous détourner des merveilles ?
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Les journaux ont remplacé,
Déplacé,
Les romans et les histoires.
La musique des palais,
Désormais,
A quitté ces territoires.
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On raconte que là-haut
Trente oiseaux
Ont traversé sept vallées
Pour connaître le début,
Le salut,
La sagesse des pensées.
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Un atome comme un point,
Sans témoin,
S'imagine avec aisance
Au croisement, qui debout,
Qui fini :
Le pari de l'existence.
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Ce qui donne, ce qui prend,
C'est l'instant,
La latitude avérée,
L'âme, à la bonne hauteur,
C'est l'ardeur,
C'est la douceur bien-aimée.
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L'immobile est-il ce qui
Meurt, ici,
Le décor imaginaire
De la terre, ou ce qui est,
À jamais,
L'équilibre entre les sphères ?
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DLE2016–Muse à musique – volume III
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Le nid que l'oiseau bâtit
Si petit
Est une chose profonde ;
L'œuf ôté de la forêt
Manquerait
A l'équilibre du monde.
Victor HUGO - Chanson des oiseaux