Pour me fusiller d’un regard
Le chagrin a choisi son arme
Ce sera ma vision du désespoir
Dont il tirera les larmes
À mal réel de ses cartouchières
Sous mes lourdes paupières
D’où son feu pourra pleuvoir
En pleine face pour m’avoir
Le chagrin fera parler la poudre
Aux yeux qui me sont foudres
De guerre lasse à ne plus voir
L’amour aveuglant dans le noir
De son contraire éblouissant
Que comme le faux diamant
S’offrant ténébreux à un solitaire
L’eau à la bouche de son revolver
Après lui le chagrin à répétitions
Me fera chanter en canon
Chargeant à fond de condamné
L’âme me tenant toujours tête
Avec les plombs qui se pètent
Quand sa peine est carabinée
À blanc semblant mettre en joue
Un flot de sanglots acajou
Pour saigner mon teint d’albâtre
Le chagrin se voudra tueur
Mais comment saurait-il abattre
À battre celui qui lui donne un cœur?