RECIT SUR LES ACTIONS DE J. S. JAMESON AU CONGO
Les coloniaux pressés par l’urgente mission,
S’affairent sans répit sur la forêt pluviale
Un gouverneur subit la colère locale
Et ne peut s’opposer contre la rébellion,
Jameson s’est adjoint à cette expédition,
Cherchant à pénétrer la culture tribale,
Il apprend qu’en ce lieu le peuple est cannibale
Et voudrait vérifier s’il s’agit de fiction,
Il offre du tissu pour l’achat d’une fille
Un homme la prendrait sans que son regard brille
Et fixerait ses bras sur le tronc d’un sipo,
Ouvrant son abdomen puis ôtant les viscères,
L’enfant ne hurlant pas, connaissant ses compères.
– L’irlandais, parait-il, en peignit le tableau.
LA REFORME DES DROITIERS
Le président a vu son doute confirmé,
Quelques droitiers bornés ont corrompu la Chine,
Leurs idéaux de classe enrayent sa machine,
Un pourcent du pays doit être réformé.
Les nombreux étudiants se font son bras armé
Et, sondant les cités, abattent et burinent
Les antiques bouddhas dont le message mine
Puis passent dans les rangs du pays alarmé,
Les collectivités livrent vite des listes :
Un ouvrier discret blâme les communistes,
Un enseignant, hier, tint un propos suspect ;
Les déviants menés face au peuple placide
Sont sommés d’avouer leur mépris du respect.
La plupart sont battus et beaucoup se suicident.
PATRICK DEWAERE
Le mariage débute et Dewaere est tendu,
Il ressent l’embarras qui sourd en sa conquête :
La presse est arrivée au début de la fête,
Un journaliste, ami, l’a platement vendu.
L’époux vient lui parler de ce malentendu :
« N’avions-nous pas choisi que l’union soit discrète ? »,
Le judas, méprisant, se fait biffer la tête
Puis se plaint à ses pairs que l’acteur est tordu …
Les médias dépités par le style du hère
Maltraitant un des leurs dans son ire grossière
Refusent en retour tout mot à son sujet,
Et le comédien doit, juste avant son suicide,
Constater sur un film une mention lucide
Introduisant son jeu par les lettres « P. D. ».
LE DESESPOIR DE SINEAD O’CONNOR
Sinéad, à treize ans, a déserté sa classe
Et zone dans Dublin, commençant à voler.
Son père, rigoureux, choisit de l’installer
Dans un sombre couvent où s’enjoint l’âme lasse,
Chaque femme perdue y découvre une place,
Les sœurs, le regard sur et d’un amour zélé
Mêlant la correction et le travail sous clef,
Y Prient le Seigneur qu’aucune se prélasse ;
Du matin jusqu’au soir sous un silence sacré
Elle plie ou blanchit chaque vêtement livré
Et consomme un repas ou se lit l’Ecriture
Puis la nuit de la chambre où son rêve est perclus
Elle entend sans espoir ce que ses pairs endurent
Et laisse dans le noir les chemins de Jésus.
MUKADAM
Dans le Karnataka, la terre semble boire
Le sang des travailleurs éreintés dans un champ,
Leurs muscles vigoureux se bandent en fauchant
La canne pour un gain toujours plus dérisoire,
Des jeunes femmes sont vieilles comme une moire,
Leurs esprits dépouillés de lumière et de chant
Et leurs corps malheureux sacrifiés au marchand
N’observent ni pitié, ni raison et ni gloire.
Ces nombreux métayers acceptent d’être forts,
Un mukadam près d’eux surveille leurs efforts
Et peut rosser soudain la vigueur amollie ;
Certaines, chaque mois, n’en pouvant plus du mal
Fuient sur son conseil vers un proche hôpital
Y payant pour subir une hystérotomie.
LE DISCOURS DU PRESIDENT RUSSE SUR L’INVASION DE L’IRAK
Le président est sec en montant sur l’estrade
Et commence à parler en russe calmement,
L’assemblée est surprise en suivant sa tirade,
Jusqu’alors en anglais, parfois en allemand.
Personne n’est inquiet cependant à ce stade.
Moscou s’est montré prêt à rejoindre l’Otan.
Lui qui des réunions lançait quelque boutade
Perçoit tout l’intérêt d’adhérer à ce camp.
Poutine continue à haranguer la salle :
« L’objectif serait-il désormais qu’on installe
Des projets fallacieux qui corrompent le droit ? ».
La discussion, le soir, demeure positive.
Le Kremlin ne peut pas oser une offensive.
La plupart sont confiants : « Cela lui passera. ».
REYHANEH JABBARI
Six heures du matin, on baisse le levier.
Les officiels présents confirment la sentence
Puis quittent du regard les corps qui se balancent
La tête recouverte et le bras prisonnier.
Un soir, un médecin invita Reyhaneh.
Il cherche à rénover les murs de son agence.
Jeune décoratrice, elle se fait confiance
Et suit l’homme – violeur, qui se fait poignarder.
Les policiers, sanguins, prennent la jeune femme
La prive d’avocat et la frappe des mois
– Pour qu’elle avoue enfin avoir enfreint les lois.
Le juge les entend et condamne ce drame,
Les proches du défunt refusent tout pardon,
Et l’état iranien acte la pendaison.
MONSIEUR LARONZE S’EN VA EN GUERRE
Monsieur Laronze attend, muet, dans sa voiture,
Deux gendarmes autour se rapprochent, sans voix,
Peut-être idem à ceux qui vinrent autrefois
Laisser cinq bovins morts au fond de sa pâture,
Il les sortit lui-même, apprenant la nature
Très zélée, à distance, à chapeauter les lois,
L’intimant de se taire ou d’aller aux abois,
Puis prenant un troupeau qu’à leur sens il torture.
Il soutint, sans excès, « Formez le bataillon ! »,
Affleurant son tracteur à l’ost de la nation,
Entre l’aube et la nuit son rythme était lucide.
Assigné sans égard à rejoindre les fous,
Il fuyait leur contrôle, hanté par le suicide
Et n’y pense plus guère ; au flanc, saignent trois trous.
Et ? Justement, il y a une certaine débilité à répéter la même chose, je m'en rend compte. 7 ou 8 fois finement et dans une perspective autre que de présenter l'homme comme un vrai boucher, cela peut passer éventuellement.
Ces sonnets sont donc passés à la poubelle de mon projet littéraire. Désolé de conclure ainsi, mais les histoires restent bien présentées je le pense.
Objectivement, il y a un certain étonnement de ma part sur le fait que ce sujet puisse "captiver" certain et non d'autres - sans jugement de valeur, cela peut passer pour une perte de temps.
(libre à vous de donner votre avis sur ces réflexions)