Hors le vent
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L'intelligent n'écoute rien
Il est ardent bibliophile
Et possède la clé subtile
Du savoir qui la lui rend bien.
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Parfois il construit un nuage
Agrémenté de coussins ronds
Sur lesquels, pour faire des bonds
En tête de l'aréopage,
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Il prend soin de s'accompagner
De quelques simples en esprit
La gloire en dépend, c'est le prix
À payer pour être premier.
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L'intelligent, en politique,
A un concurrent naturel :
C'est le directeur – non du ciel,
Mais de l'industrie mécanique.
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Cet homme est assis sur un tas
Doré de valeurs mobilières
Et de riches contrebandières
L'entourent de soins délicats.
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De son château-fort madrilène
L'intellectuel est ulcéré
Qu'un homme tel, à l'avant-scène
Bien plus qu'un dieu, soit adoré.
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C'est vrai, le pouvoir de l'argent
À l'intelligent débiteur
Donne un eczéma important
Et rien ne calme sa douleur.
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Pût-il deviner un instant
Que tout là-haut le directeur
Sur son tapis de chèques blancs
Rêve de conquérir les coeurs
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Autrement qu'en payant comptant
Les nuitées très organisées
Des séminaires importants
Dont il monnaie sa renommée.
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Le pouvoir de l'intellectuel,
À côté, semble sans risque aucun ;
Le directeur en est chagrin
Qui ne vit que du temporel.
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Les entités humanoïdes
Ont des parcours fort parallèles
Surveillant les sinusoïdes
De la bourse ou du prix Nobel.
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Mon ami vit loin de leurs mondes.
Il est poète et devient sourd
Dès qu'on lui narre les facondes
De la Science et de l'or lourd.
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L'important pour lui est d'amour,
De sens intime au cœur des vers
Mais pas d'intelligents discours
Ni de marchands, ni de pervers.
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M.KISSINE
2011
Tout sur terre appartient aux princes, hors le vent. Victor Hugo – La rose de l'infante
(mode fin de covid avec complications ligamenteuses (vraies, veux-je dire)
