Mort en plein ciel, comme il a vécu*,
au-dessus des mêlées sombres
blancs contre noirs, mais aussi blancs contre blancs,
noirs contre blancs, noirs contre noirs,
lui, le fils des anciens maîtres Afrikaners,
qui savait que blanc ou noir, rouge sang au-dedans,
mais pour cela, et ce sera son titre de gloire :
traître à sa tribu,
prenant sa part au combat et aux douleurs
de ceux qui n'avaient pas de voix, des opprimés,
de ceux à qui on pouvait tout prendre,
y compris la vie
homme en colère à la voix forte,
cette voix qui s'adressait au blanc, cinglante,
mais aussi au noir, meurtrie, dolente,
s'élevant peu à peu jusqu'au plaidoyer vibrant,
qui est un appel à la révolte et à l'émancipation :
"je paierai ce qu’ils voudront pour ta liberté,
et alors tu pourras marcher partout où tu voudras,
des souliers aux pieds" **
ce serait alors la fin d' "une saison blanche et sèche," ***
l'histoire d'un grain de sable qui s'est mis a rêver**** . . .
* Mort en plein ciel, dans un vol entre Amsterdam et Le Cap, en 2015
* * A propos d’esclaves, dans Philida, André Brink revisite l’histoire familiale
pour en faire le point de départ de son roman : le frère de l’un de ses ascendants directs
possédait, au 19e siècle, une esclave nommée Philida qui fut vendue aux enchères
parce qu’elle avait eu un enfant avec le fils de la famille… .
*** "Une saison blanche et sèche" d' André Brink , Prix Médicis étranger en 1980
**** Commentaire, par TurnThePage