comme un navire immobile
sous un ciel intensément gris,
en cale sèche à marée basse,
coque à nu, sertie de varech,
de coquillages et de boue,
du sang de ses marais salants,*
ses passagers prisonniers
tels les forçats d'autrefois,
en partance pour la Guyane,
dans un temps suspendu, indistinct,
où les voix se mêlent aux cris
des mouettes
et des marins péris en mer,
l'île de Ré,
si familière, si secrète,
si proche et si lointaine
*La couleur des marais salants varie selon la salinité et dépend des micro-organismes présents dans l'eau. Elle peut être d'un rouge intense.